Politique
Facebook ne va plus bannir les théories sur un Covid fabriqué en laboratoire
Tout est bon dans la guerre occidentale contre la Chine, même la réhabilitation des complotisme
Depuis que le président américain a décidé d’enfourcher contre la Chine le cheval d’un coronavirus sorti des laboratoires chinois, Facebook a décidé de lui emboiter le pas. Il va plus interdire la publication de théories affirmant que le Covid-19 a été créé par l'homme, au moment où l'hypothèse d'un accident de laboratoire en Chine revient dans le débat américain.
"A la lumière des investigations en cours sur les origines du Covid-19 et en consultation avec les experts de la santé [sic], nous ne retirerons désormais plus de nos plateformes les allégations sur le fait que le Covid-19 a été créé par l'homme ou a été fabriqué", a indiqué mercredi le groupe californien sur son site internet.
Le réseau social, utilisé par quelque 3,45 milliards de personnes sur au moins une de ses quatre plateformes (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp) va à rebours de ses précédentes règles sur la désinformation au temps du Covid-19, déjà actualisées en février dernier.
Elles prévoyaient jusqu'à présent d'interdire les théories suggérant que le virus avait une origine humaine, au même titre que les allégations sur la prétendue inefficacité des vaccins ou sur leur caractère soi-disant toxique et dangereux.
Facebook explique continuer à "travailler avec les experts pour suivre l'évolution de la nature de la pandémie et nous mettons régulièrement à jour nos politiques à mesure que de nouveaux faits et tendances apparaissent".
Twitter n'a en revanche, pour l’instant, pas changé son règlement sur la désinformation autour du Covid-19.
"Nous continuons de prendre des mesures coercitives contre les contenus et les comptes présentant des affirmations manifestement fausses ou trompeuses sur le Covid-19 et qui peuvent conduire à un risque de préjudice", a indiqué un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.
"Nous menons ce travail en étroite concertation avec les autorités sanitaires mondiales et continuerons de collaborer avec des experts en santé publique pour aider les gens à trouver des informations sérieuses et fiables sur le Covid-19", a-t-il ajouté.
YouTube n'avait pas réagi dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.
Les pro-Trump exultent
La volte-face de Facebook a suscité de nombreuses réactions de voix conservatrices et de partisans de l'ancien président américain Donald Trump, qui accusent le géant des réseaux sociaux de les avoir muselés lorsqu'ils avaient imputé une origine humaine au Covid au début de la pandémie.
"Ouah! Mais ils ont supprimé cette histoire pendant un an en diffamant Trump et les républicains au motif d'une « théorie du complot », en mettant sur liste noire la presse conservatrice et en nous bannissant", a notamment tweeté la bloggeuse Kelly Sadler, ancienne conseillère de Donald Trump.
Facebook a développé un programme de vérification des faits par des médias tiers, pour lutter contre la désinformation.
En septembre dernier, un article du site Politifact mentionnait que les autorités sanitaires mondiales ont "dit à de multiples reprises que le coronavirus n'était pas issu d'un laboratoire". Mais Politifact se soumettre début mai pour dire que cette affirmation faisait l'objet d'un débat.
La théorie d'un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine, est revenue sur le devant de la scène ces dernières semaines aux Etats-Unis après avoir été longtemps écartée par la plupart des experts.
Et les appels, certainement sur instigation de l’adùinistration en faveur d'enquêtes plus approfondies se multiplient au sein de la communauté scientifique.
Le président américain Joe Biden a appelé mercredi ses services de renseignement à "redoubler d'efforts" pour expliquer l'origine du Covid-19 et exigé un rapport d'ici 90 jours.
Le locataire de la Maison Blanche a rappelé que les travaux du renseignement américain, qui se concentrent sur deux hypothèses, origine animale ou fuite d'un laboratoire, n'ont pas permis à ce jour d'aboutir à "une conclusion définitive".
Après un séjour de quatre semaines à Wuhan en début d'année, une étude conjointe d'experts de l'OMS et chinois avait de son côté jugé en mars extrêmement improbable un accident de laboratoire.
Les Etats-Unis et 13 pays alliés avaient par la suite exprimé leurs "préoccupations" dans une déclaration commune au sujet du rapport, réclamant à la Chine de donner "pleinement accès" à ses données.