Le nouveau chef de la diplomatie espagnole, une bonne bouille de jeune prof d’université ne suffira pas…

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Le nouveau chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares

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Par Naîm Kamal

Le limogeage de la désormais ex-ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, « est un premier pas pour corriger la trajectoire des relations maroco-espagnoles », a indiqué, samedi, le politologue Mohamed Bouden dans une déclaration à la chaîne de télévision M24. Ils sont nombreux les observateurs qui pensent ainsi. Et si c’est un premier pas, sans doute nécessaire, il reste jusqu’à preuve du contraire insuffisant. Celui qui vient à la place de la Gonzales Laya prendre la tête de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, est un diplomate de carrière, dit-on chevronné, âgé de 49 ans, proche du Premier ministre Pedro Sanchez avec lequel il partage déjà la date et le lieu de naissance, 1972 à Madrid. Il a déjà été pressenti pour occuper ce poste en 2019 avant de voir le portefeuille lui filer sous le nez au profit de la ministre sortante. Bon francophone qu’il arrive par moment à parler sans ce charmant accent espagnol zozotant, son dernier poste avant sa nomination a été comme ambassadeur à Paris, une des capitales qui comptent pour Madrid. Sa biographie diplomatique révèle un parcours où ses talents de négociateur ont été sollicités et certainement mis à l’épreuve. En diplomatie, l’art comme la manière comptent et d’après ses photos, il apparait comme un homme de bon contact, l’œil intelligent un brin malicieux, et bouille de prof d’université élégant et bienveillant. Mais parfois les apparences sont trompeuses. Son profil Wikipédia, sur lequel on imagine que lui et son staff ont la main, dit déjà qu’il aura notamment pour mission de rétablir les relations avec le Royaume du Maroc. Si telle est son intention, il n’est pas sans savoir qu’ici personne ne le jugera sur ses raffinements, mais sur ce qu’il a l’intention de faire, sachant que c’est une mise à plat des relations maroco-espagnoles qui l’attend sur sa table de travail. Encore faudrait-il que ce soit réellement la gestion de la crise maroco-espagnole qui ait précipité le départ d’Arancha Gonzalez Laya, ou seulement la goutte qui a fait débordé un vase déjà bien plein. Car il ne faut pas l’oublier, l’affaire Brahim Ghali n’a été que le révélateur d’une crise latente plus profonde, et Rabat ne peut ne pas avoir relevé tout au long de cette crise que Pedro Sanchez n’a jamais été très loin des positions de sa ex-ministre des Affaires étrangères, au point que le ministre des AE marocain s’est expressément demandé si le président du gouvernement espagnol savait lire correctement un communiqué.  Certes, le départ d’Arancha Gonzalez Laya est de nature à faciliter la reprise des contacts. Mais, les temps des belles paroles étant révolus, c’est sur pièces que Rabat réagira aux intentions de Madrid.

 

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