Politique
L’Algérie : comment nous en avons fait un État voyou ?
Abdelmadjid Tebboune, plus grand enfumeur que président de l’Algérie
Chaque fois que nous agissons en adultes responsables, notre attitude est perçue comme de la faiblesse, et la mollesse de nos réactions comme une invitation à davantage de violence de la part d’Alger. Il faut arrêter avec ce comportement d’adulte responsable, c’est ce que plaide Abdelahad Idrissi Kaitouni.
L’adolescence a un temps au-delà duquel l’individu tombe dans la délinquance. Les milieux mafieux sont peuplés de personnes ayant vécu des adolescences difficiles. Parfois les traumatismes remontent à plus loin. Les psys nous expliquent que quelques personnes nés sous X présentent plus de risques de basculer dans ces milieux.
Il en est des États comme des individus. C’est le cas particulièrement de l’Algérie chez qui l’adolescence semble perdurer, et ne présente plus de perspectives de redressement. Voilà une présumée nation, née du hasard des conquêtes coloniales, et qui vit mal son émergence comme pays émancipé. Dès sa naissance en 1962, le «bébé» présentait des signes d’instabilité. Il lui fallait une belle fessée en 1963 lors de la guerre des sables, pour se tenir à carreau.
Beaucoup d’Algériens font remonter la haine qu’ils vouent au Maroc à cette péripétie. A les croire, c’est à nous qu’incombe la faute pour les avoir sérieusement corrigés. Pour ma part je pense que si faute il y avait, c’était à Bamako. Là où nous avions essayé d’essuyer les larmes du «bébé» en lui offrant pleins de friandises, en l’occurrence des rectifications de frontières à son avantage.
C’était ce qu’il ne fallait pas faire puisqu’on a donné l’appétit à l’enfant devenu par la suite un ado insatiable. Agissant à l’abri d’une manne d’hydrocarbures qu’il croit intarissable, il s’est vite transformé en truand notoire. Chaque fois que nous agissons en adultes responsables, notre attitude est perçue comme de la faiblesse, et la mollesse de nos réactions comme une invitation à davantage de violence de leur part. Nous n’avons jamais su hausser le ton, prisonniers que nous sommes de nos valeurs et aujourd’hui de ce qu’on appelle le politiquement correct. Nos réactions très mesurées, parfois conciliante jusqu’à la compromission, sont dictées par le souci fortement ancré en nous de ne pas insulter l’avenir. Parmi les 350 000 Marocains expulsés d’Algérie en 1975, nombreux sont ceux qui en veulent encore à nos gouvernants qui se sont compromis à cause d’une impardonnable conciliation.
La crise actuelle atteint des sommets avec les propos outranciers du Président algérien dans son interview au journal le Point. Nous sommes encore au stade des mots certes, mais des mots qui ont une seule signification : l’Algérie ne reculera devant rien pour créer toutes les nuisances possibles au Maroc. Cette attitude extrême doit nous interpeller sur notre rôle, sûrement inconscient dans la fabrication d’un état voyou à nos frontières. Car, à notre corps défendant, nous avons nourri, toujours inconsciemment, un monstre qui veut nous entraîner dans sa faillite irrémédiable.
Attention une fois, attention deux fois, attention .... mille fois, il ne faut pas comprendre de mes propos que, tenir la dragée haute à l’Algérie, signifie entrer en guerre avec elle. Je ne crois pas qu’un conflit armé durera plus que le temps que le voudraient les grandes puissances. Il durera juste le temps d’épuiser nos pétards, car après chacun retournera vers son pourvoyeur en armes pour obtenir plus de munitions et de pièces de rechange. Il est révolu le temps où les Grands se faisaient la guerre par Petits interposés, car les conflits ont changé de nature.
La guerre étant exclue, comment infléchir la position algérienne pour un hypothétique bon voisinage avec nous ? Nous n’avons d’autre choix qu’un changement de ton qui n’exclut ni l’agressivité verbale, ni même l’humiliation. J’y vois pour ma part trois conditions pour l’établissement d’un bon voisinage.
La première de toutes, que l’Algérie présente ses excuses au Maroc et reconnaisse les préjudices causés aussi bien sur le plan politique que financier.
La deuxième, corollaire de la première, est la reconnaissance officielle de la marocanité du Sahara avec l’acceptation de rectifications des frontières (sans pour autant aller jusqu’à réclamer le retour du Sahara oriental).
La troisième, également corollaire de la première, est que l’Algérie paie des réparations pour toutes les pertes qui nous ont été infligées par ses actes hostiles.
Je ne suis ni un doux rêveur, encore moins un grand naïf pour imaginer un instant que l’Algérie acceptera de telles conditions. Mais il est impératif de placer la barre très haut pour lui signifier que c’est nous qui ne voulons plus avoir affaire à elle. Le moment est venu pour dire que nous ne sommes plus intéressés par l’ouverture des frontières et que celles-ci resteront fermées tant que nos conditions ne seraient pas acceptées.
Qu’avons-nous à perdre que nous n’ayons déjà perdu ? Le Maroc continue son bonhomme de chemin sans plus rien attendre des voisins de l’Est. Eux aussi n’avaient pas besoins de nous tant que la rente pétrolière masquait la gabegie d’une économie en déliquescence. Une économie que beaucoup d’observateurs s’accordent à dire qu’elle ne repartira pas de sitôt. Les plus pessimistes redoute le scénario catastrophe suivant : l’Algérie aura besoin de plusieurs années pour la mise à niveau de l’appareil productif et pour la mise en service de nouveaux puits pour remplacer ceux qui sont taris. La mise à niveau prendra fin au moment où commencera le futur cycle baissier, ce qui manifestement annihilera les efforts consentis.
Est-ce par autisme que la junte militaire ne veut pas voir cette réalité, ou parce que cette réalité place le Maroc comme passage obligé pour que leur pays retrouve une certaine prospérité ? On retrouve le même entêtement s’agissant de l’UMA. Les militaires préfèrent renoncer à toute retombée économique résultant du fonctionnement de cette institution, plutôt que de voir le Maroc en tirer le moindre petit profit.
Cependant les Marocains n’ont plus rien à redouter de cette hantise pathologique car plus rien de nouveau ne pourrait survenir du fait du quarteron des généraux. Les seuls à en pâtir et qui en pâtiront longtemps encore sont les Algériens eux-mêmes. S’agissant des gens du peuple, ils méritent plus de mansuétude et beaucoup de compassion. Avec le risque sournois que notre mansuétude et notre compassion apparaissent à nouveau comme des signes de faiblesse.
C’est une forme de guerre larvée que nous impose nos voisins, ce qui nous impose en retour d’être plus vigilants et plus rigoureux car la seule option qu’ils nous laissent est de réagir aussi vigoureusement et brutalement avec eux qu’ils ne le sont avec nous.