Des chercheurs parviennent à lire sans ouvrir une lettre scellée plus de 300 ans

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Les techniques de pliage des lettres variaient considérablement. Elles permettaient de donner un aspect sécurisé ou non aux courriers.

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Washington - Des chercheurs américains ont réussi à lire une lettre scellée, qui a été envoyée par voie postale en 1697, sans avoir à briser le sceau et ce, grâce au dépliage virtuel.

Selon une étude publiée dans "Nature Communications", cette nouvelle technologie devrait permettre aux historiens d'en savoir plus sur le "letterlocking", la pratique consistant à plier de façon élaborée une feuille plate avec un message écrit, la transformant ainsi en un papier inviolable.

"L'enveloppe telle que nous la connaissons, l'enveloppe gommée, n'a été inventée que dans les années 1830", a indiqué Jana Dambrogio, restauratrice au Massachusetts Institute of Technology Libraries à Cambridge, Massachusetts au nord-est des Etats-Unis. Le pliage de lettres a ainsi été considéré pendant des siècles comme la mesure de sécurité garantissant l’inviolabilité des correspondances.

Les techniques de pliage des lettres variaient considérablement. Elles permettaient de donner un aspect sécurisé ou non aux courriers, a expliqué Mme Dambrogio.

Dans le passé, les archivistes ouvraient des lettres scellées en les coupants, mais "que perdons-nous lorsque nous ouvrons le non ouvert ?", s’est-elle interrogée.

Cette spécialiste et son équipe de chercheurs disent désormais avoir réussi à lire une correspondance faisant partie de 577 paquets de lettres scellées qui se trouvaient dans une malle de maître de poste du 17ème siècle à La Haye, aux Pays-Bas, à l'aide d'un scanner médical.

Conçu à l'origine pour étudier les dents, ce scanner à rayons X très haute résolution peut créer une image radiographique tridimensionnelle détaillée d’une lettre pliée, a expliqué, pour sa part, la chercheuse d'Adobe Research à San Francisco, Amanda Ghassaei.

Parce que les encres utilisées à l'époque contiennent beaucoup de métal, l'écriture "apparaît comme une région très brillante sur le scanner, un peu comme la façon dont votre os apparaîtrait vraiment brillant sur une radiographie," a précisé Ghassaei.

La lettre non ouverte de la Renaissance a un motif de pliage particulièrement charmant, a fait savoir Mme Dambrogio, même si le contenu de la lettre indique qu'il ne s'agit que d'une simple affaire de famille, un cousin écrivant à un autre pour demander une copie d'un certificat de décès de l'un de leurs proches.

La pratique de sceller les documents écrits remonte aux tablettes d'argile utilisées par les Sumériens, a indiqué Brent Seales, informaticien de l'Université du Kentucky à Lexington, dont le domaine d’expertise est la lecture d'anciens rouleaux trop fragiles pour être déroulés.

Le scellage peut ainsi mettre les historiens dans une position difficile car ouvrir un artefact, c'est le détruire partiellement, a averti Seales, notant que le dépliage virtuel peut permettre de préserver l’écrit et de le lire.

De très nombreuses lettres non ouvertes attendent une étude plus approfondie, y compris des centaines dans les Prize Papers, une collection de courriers et d'autres documents confisqués aux navires ennemis par la Grande-Bretagne du XVIIe au XIXe siècle.