société
Pouvoir, Sexe et Argent – Par Seddik Maaninou
Jackie Kennedy et Marilyne Monroe, pour l’amour d’un homme ?
J'estime nécessaire de parler d'un sujet même si j’en connais la sensibilité auprès de l'opinion publique : une image d'un homme et d'une femme s'embrassant dans la rue fait la une des médias. Si l’image ainsi véhiculée avait concerné des personnes lambda, elle ne m'aurait interpellé d’aucune façon. Une femme a le droit de se comporter comme elle l'entend, et un baiser passionné ou une brève étreinte ne me dérange pas. La vie est ainsi faite, et tant que les hommes et les femmes respectent les normes sociales, ils sont en droit d’agir à leur guise.
Une vieille histoire
Mais voir un baiser échangé en public entre une responsable gouvernementale et un homme d'affaires est susceptible de m’exaspérer, non pas pour ce qu’il est, mais parce qu’il renvoie, qu’on le veuille ou pas, à une relation illégitime entre le pouvoir et l'argent. Quand bien même le rapport argent, sexe et pouvoir est aussi ancien que l'histoire elle-même, vécue par les empires antiques et toujours d'actualité dans les républiques modernes.
Enrichissement rapide
Les riches cherchent quasi toujours à s'enrichir davantage et, pour ce faire, s'appuient sur le pouvoir pour obtenir des sources supplémentaires de profit. Les détenteurs du pouvoir, ivres de leur influence, recherchent l'argent comme un moyen rapide d’'enrichissement. Entre les deux, le sexe joue un rôle d'approche et de persuasion, où les femmes, mais pas seulement les femmes, trouvent une opportunité d'influencer les riches et les puissants dans un mélange malsain des genres.
Le licite et l'illicite
Je ne pense pas que quelqu'un ait oublié les amours du président américain John Kennedy avec la « plus belle femme » d'Amérique, Marilyn Monroe, ou encore plus récente, de Monica Lewinsky avec Bill Clinton qui a failli lui couter « sa » Maison Blanche. Personne n’ignore non plus le faible du défunt président français Jacques Chirac pour le sexe pas si faible que l’on a voulu le faire croire à travers les siècles. Les écarts de Silvio Berlusconi, l'ancien président du Conseil italien, avec les jeunes femmes italiennes resteront dans les annales comme le faîte du présumé machisme italien. Mais il est inutile de s’attarder sur la relation éternelle entre le sexe, l'argent et le pouvoir, ni parler des décisions cruciales prises dans le charme discret des alcôves, entre le licite et l'illicite. Quand on ne les connait pas, on les devine.
Compétence scientifique
Toute cette cogitation aux portes du fantasmagorique s’est déclenchée à la lecture de ce qui a été rapporté sur la ministre et le milliardaire. Je ne peux toutefois ni confirmer ni infirmer ce qui s'est réellement passé. Je voudrais bien admettre que je ne connais pas la ministre et qu'elle ne me connaît certainement pas. Et bien que je respecte la liberté des femmes, je me demande quel est le but de la publication de cette photo qui pourrait hanter la ministre alors qu'elle entre dans son bureau, parle à ses subordonnés ou négocie des accords avec plusieurs entreprises, ou de ce qui passe à ce moment précis par la tête de ses interlocuteurs. Je ne doute pas de son intégrité intellectuelle et de ses compétences scientifiques, mais un doute m’effleure quant à sa capacité à supporter les regards accusateurs et les commérages amplifiant son histoire, ainsi que le cauchemar perturbant qui la poursuivra. A moins qu’elle ne soit blindée.
Crédulité d'une femme ou conspiration de l’ombre ?
Cette photo est-elle authentique ? A-t-elle été prise pour nuire à la ministre ? Le milliardaire est-il derrière cette prise de vue ? La ministre est-elle victime d'une crédulité fatale ? Ou une conspiration a-t-elle été ourdie dans l’ombre pour évincer ou du moins fragiliser une femme qui est bien sur ses pieds ? Ce sont des questions auxquelles la réaction exagérée qui a pris des dimensions politiques n'a fait qu'intensifier le doute. La sagesse aurait exigé de ne pas insister pour la condamner ou la démettre de ses fonctions afin qu'elle ne soit pas victime de chantage ou qu'elle ne chute pas à cause d'une simple erreur. Pourtant, je suis convaincu qu'elle ressentira de la gêne et de l'embarras, et qu'elle verra dans les regards des autres des signes qui lui provoqueront des tourments, alors qu'elle a le droit de vivre un beau rêve... et de choisir qui veut-elle aimer et chérir.