société
Une province saoudienne au Maroc
De nombreux Marocains se sont subitement réveillés outrés et scandalisés. Particulièrement dans la préfecture périphérique de Rabat, Témara. A deux escales de bus du cœur battant du Royaume. A leur insu et à l’insu des autorités de tutelle, pendant qu’ils vaquaient tranquillement à leurs occupations, ou inoccupations, le conseil municipal de la ville a donné des noms bizarroïdes à leurs rues et artères.
Qu’ont fait ces illustres inconnus pour mériter de notre pays reconnaissance et glorification ? Ils nous ont aidés à récupérer le Sahara ? Ils ont libéré Jérusalem ? Ils ont reconquis l’Andalousie ? Ont-ils vengé à titre posthume Abdu-Arrahman en battant Charles Martel dans une guerre de Poitiers qui se déroulerait hors temps dans une monde parallèle ?
Ce ne sont pas des noms d’oiseaux rares à protéger ou d’éléphants africains en voie de disparition. Non, ce sont ceux d’une espèce assez répandue dans le Golfe arabique qui a fini par nous contaminer via l’Afghanistan et le Péjidistan. Ils sont visibles à l’œil nu, portent une sorte de fichu sur la tête, des sourcilles généralement fournis et hirsutes, assortis d’une longue barbe comme les hommes en portaient il y a quatorze siècles. D’après ce que l’on nous a dit, sans preuves ni documents photographiques à l’appui.
Des mines franchement répulsives et révulsantes, patibulaires sur les bords, tout-à-fait le profil à effrayer les enfants qui ne veulent pas être sages voire à donner aux adultes qui les croiseraient dans leur sommeil des cauchemars. Un seul nom pour l’exemple : Hamad Addahlousse, un patronyme à ne pas mettre un chien à la rue, surtout si elle en porte le nom. Ces gens-là n’aiment pas les chiens, quand bien même le chien, dans le Coran et pas seulement dans le Coran, a été le compagnon fidèle des Sept dormants d’Éphèse (Ahl al-kahf).
Qu’ont fait ces illustres inconnus pour mériter de notre pays reconnaissance et glorification ? Ils nous ont aidés à récupérer le Sahara ? Ils ont libéré Jérusalem ? Ils ont reconquis l’Andalousie ? Ont-ils vengé à titre posthume Abdu-Arrahman en battant Charles Martel dans une guerre de Poitiers qui se déroulerait hors temps dans une monde parallèle ?
Ni l’une ni les autres. Ce sont des biscornus qui se sont trompés d’époque et se nourrissent et nourrissent de pétrodollars la propagation d’une lecture anachronique de l’Islam. Alors pourquoi leur attribuer des pans entiers de nos villes ? Seuls les services de surveillance du territoire peuvent apporter des réponses. Tant il est sûr qu’il y anguille sous roche et sans doute un compte quelque part...
Tout cela prêterait à rire s’il ne donnait pas une idée effrayante de ce que feraient les islamistes s’il leur advenait de s’emparer du pouvoir.
Et si l’on a dit souvent qu’avec les islamistes il ne faut dormir que d’un œil et en tout cas ne jamais se livrer aux bras de Morphée sur ses deux oreilles, on s’est trompés. Avec les islamistes, il ne faut pas dormir du tout.