chroniques
Une visite, un frémissement
La visite du Prince Harry et de sa femme Megane au Maroc a eu un retentissement particulier. Le couple a établi toute sa gentillesse, son humanisme, sa curiosité des gens, des cultures. Le couple royal a charmé les Marocains.
Le couple a été reçu d’abord par le Prince héritier Moulay El Hassan, ensuite par le Roi Mohammed VI en présence de toute la famille royale, dans une ambiance très détendue, conviviale, qui prouve les liens entre deux dynasties chargées d’histoire. Les Marocains ont pu à cette occasion, grâce aux images diffusées, découvrir que leur Prince héritier est à la fois plein d’aisance, d’assurance, polyglotte, qu’il mûrit plus rapidement que son âge.
Mais croire que cette visite se limite à ces aspects protocolaires serait une erreur. Si on lui a donné un tel retentissement, c’est parce qu’elle intervient à un moment important. La monarchie britannique, bien que non exécutive, est au service de la diplomatie du pays, grâce au charisme de la couronne, c’est une constante pour tous les membres de la famille.
Or justement l’Afrique est à nouveau à l’ordre du jour à Londres depuis le Brexit. Theresa May a visité 3 pays africains alors même qu’elle est en difficulté sur le plan européen. Les Britanniques savent qu’ils sont obligés de rechercher de nouveaux partenariats et l’Afrique est explicitement visée. Dans cette démarche, la Grande-Bretagne a des atouts. D’abord le Commonwealth, puisque 19 pays africains font partie de cet ensemble.
Les partenariats existants sont déjà très importants avec les économies les plus importantes du continent noir. Ensuite, l’outil du financement du développement, le CDC Group, a une large avance sur ses concurrents, par sa fine connaissance des réalités du continent.
La Grande-Bretagne est aussi très présente sur le terrain de la sécurité. Londres apporte son aide à la lutte contre le terrorisme, par des contributions financières, un soutien en matière de renseignements et de formation.
Cette présence est appelée à se renforcer. Le Brexit ne fermera sans doute pas le marché européen aux Britanniques, parce que ce n’est dans l’intérêt d’aucune des parties. Mais Londres est obligée de rechercher des redéploiements vers l’Asie et l’Afrique, ce que le gouvernement conservateur s’applique à faire. L’Afrique est considérée comme la région du monde qui a le plus fort potentiel de croissance. Les Chinois, les Japonais, les puissances européennes, s’y intéressent fortement. La grande Bretagne, qui a l’avantage de l’histoire commune, ne peut rester en dehors de cette course.
C’est dans ce contexte qu’il faut placer la visite du couple Harry-Megane au Maroc, au-delà des relations entre les deux cours. Par ses choix et sa politique de co-développement, le Maroc s’est installé comme un acteur important. Les relations entre les deux pays sont bonnes, mais sans plus. Nous sommes face à un frémissement en faveur d’un vrai renforcement du partenariat.