''Nlaâbou âliha ounjibouha'' - Par Abderrahim Bourkia

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Cristiano Ronaldo en prosternation de désespoir dans le dos de Yassine Bounou, la détresse de l’un, la détermination de l’autre

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Ce que nous vivons est une épopée marocaine. C’est voire même un drame exemplaire que « Nous » Marocains, d’ici et d’ailleurs, sommes en train de créer tous ensemble. Joueurs, staff technique et médical, et bien évidement supporters. Tous les ressorts scéniques, esthétiques et dramatiques sont mises en œuvre pour écrire une autre page de l’Histoire de l’épreuve la plus populaire à travers le monde. 

Nos rencontres footballistiques en terre « bénite », pour nous, condensent et théâtralisent, à la manière ludique et dramatique, les valeurs fondamentales de nos valeurs sociales. Qui sont d’ailleurs, les mêmes valeurs partagées dans toute la Région du Golf à l’Atlantique : l’amour voué à la patrie, et aux parents, le respect de l’autre, la foi en « Nous » même et en Dieu bien évidement, le travail collectif et l’abnégation de tous les acteurs pour écrire le meilleur scénario possible de cette Coupe du Monde inédite. « nefss, neya ou rdat el walidine », que l’on peut traduire par «l’amour propre, la foi et la bénédiction des parents » tels sont les propos devenus fétiches du coach national Walid Regragui. 

Des paroles 100% marocaines qui se précipitent, s’imbriquent et se familiarisent davantage l’ambiance générale.  Des émotions qui s’expriment et une mobilisation massive à l’échelle nationale et internationale. Ainsi que des mouvements de foule spectaculaire qui arrache aux routines quotidiennes usantes avec les difficultés que l’on sait toutes et tous.

Notre société dit beaucoup d’elle-même à travers cet engouement pour les Onze, voire les vingt-deux joueurs et tout le staff technique et médical. Cette palette d’émotion, procurée par le spectacle des supporters marocain-e-s, et leur passion partisane s’éprouvent d’une manière très intense. Ce mot « supporter » traduit bel et bien cette violence de sensations corporelles. Il vient d’un autre mot italien « tifoso » qui dérive de « tifo », soutien, qui désigne la maladie contagieuse « typhus » dont l’une des caractéristiques principales à la fois la fièvre intense et l’agitation nerveuse. Qui sont d’ailleurs les corolaires majeurs de la passion partisane liée à l’équipe nationale. 

Tou-t-e-s les supporters/supportrices ont exprimé hier samedi, à travers leurs propos comme à travers leurs comportements et gestes, l’intensité de cette expérience émotionnelle, cérébrale et corporelle. Ces derniers favorisent la communion entre « Nous » tous, joueurs et supporters. Nous vibrons tous au diapason des exploits. Nous exprimons tapageusement nos moments de jubilation, de liesse et de soulagement une fois la victoire bien méritée acquise.

Il y a là l’affirmation d’un profond sentiment communautaire qui transcende les âges, les régions, les pays. Une sélection offre sur un plateau par sa diversité une palette de possibilités « identificatoires » dans la mesure où ses joueurs sont comme des figures emblématiques des identités sociales de ce Maroc multiple. Elle incarne l’idée d’un certain cosmopolitisme qui symbolise une Nation « melting-pot » où tout le monde vibre au même rythme du déroulement de la rencontre footballistique. Ces matchs ont bien créé des moments festifs et conviviaux pour encourager les joueurs qui joue pour le drapeau national et écrivent une épopée marocaine.

On le dit encore et encore « Nous » sommes toutes et tous « Ultras ». Allez les Lions de l’Atlas, « Nous » sommes toutes et tous derrière vous et en empruntant le chant célèbre des supporters « nla3bou 3liha ounjibouha » que l’on peut dire en français « on la joue pour la gagner ». Et en disant aux Lions de Walid Regragui paraphrasant le chanteur Maître Gims sans jeu de mots à nos ami-e-s français « Ramenez la Coupe à la maison ».

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