Anima Mundi, quatre regards africains à Genève pour repenser le monde par l’art

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L’exposition ne se contente pas de juxtaposer des styles : elle orchestre un dialogue entre quatre démarches distinctes et complémentaires

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Par Noureddine Hassani (MAP avec Quid)

À Genève, quatre artistes africains redessinent les contours du monde à travers *Anima Mundi*, une exposition où l’art devient langage de mémoire, de résistance et de transformation. Entre abstraction, textile et figuration onirique, leurs œuvres invitent à repenser notre époque en mouvement.

À Genève, la Galerie 38 a inauguré son nouvel espace d’exposition avec Anima Mundi, une proposition artistique vibrante qui réunit quatre figures majeures de la scène contemporaine africaine : Younes Khourassani (Maroc), Soly Cissé (Sénégal), Abdoulaye Konaté (Mali) et Barthélémy Toguo (Cameroun). Du 9 au 17 avril, leurs œuvres invitent le public à interroger le monde à travers un prisme esthétique, spirituel et engagé.

L’exposition ne se contente pas de juxtaposer des styles : elle orchestre un dialogue entre quatre démarches distinctes et complémentaires, chacune explorant les tensions et les mutations d’un monde en perpétuelle recomposition.

« La lumière sculpte, la couleur dialogue avec l’ombre »

Le Marocain Younes Khourassani, maître de l’abstraction géométrique, propose des œuvres réalisées sur aluminium à l’aide de peinture cellulosique, un matériau modeste qu’il sublime par des techniques minutieuses. Sa palette, à la fois sobre et lumineuse, traduit une recherche spirituelle profonde. « La lumière sculpte, la couleur dialogue avec l’ombre », résume l’artiste. Ses compositions évoquent le mouvement, le temps qui passe, et la fragilité du présent.

Chez Soly Cissé, l’abstraction se mêle à la figuration dans une fusion audacieuse. L’univers du peintre sénégalais est peuplé de créatures hybrides, mi-humaines, mi-animales, comme surgies d’un rêve archaïque. Il nous plonge dans une vision kaléidoscopique du monde, où se croisent traditions africaines, héritages spirituels et questionnements contemporains.

Une traversée sensible de notre époque

Abdoulaye Konaté, quant à lui, convoque la matière textile pour bâtir de vastes fresques narratives. Ses œuvres, composées de bandes de tissu colorées, racontent des histoires de mémoire, de résistance et d’identité. Le textile devient ici un langage à part entière, un manifeste esthétique et politique.

Enfin, Barthélémy Toguo explore les notions de passage, de déplacement, de flux. À travers ses peintures, sculptures et installations, il interroge les migrations, les frontières, les corps en exil. Son art, profondément politique, fait dialoguer l’intime et le collectif.

Anima Mundi n’est pas une exposition sur un monde figé. C’est une traversée sensible de notre époque, un regard croisé sur la beauté, le chaos et l’espoir. Ces quatre artistes nous rappellent que l’art, loin d’être un simple reflet, est une force de reconfiguration du réel.

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