Betterave sucrière à Doukkala : les pluies de l’espoir

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Face à ces défis climatiques, la commission technique régionale a mis en place plusieurs mesures d’adaptation dont l’extension de la superficie cultivée en betterave à 8.425 hectares, contre 6.600 l’an passé

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Après plusieurs saisons marquées par la sécheresse, les récentes précipitations survenues dans la région de Doukkala, notamment à Sidi Bennour, redonnent des perspectives prometteuses aux producteurs de betterave sucrière. Une bouffée d’oxygène pour une filière stratégique, à la croisée de l’enjeu alimentaire, économique et climatique.

Soulagement après des années de stress hydrique et de stress tout court

À Doukkala, les pluies de février et mars 2025 sont venues raviver les espoirs des agriculteurs. Dans cette région historiquement ancrée dans la culture de la betterave sucrière, ces précipitations – 166 mm selon l’ORMVAD, en hausse de 7 % par rapport à l’an dernier – ont été accueillies comme un véritable soulagement.

« Après des années de sécheresse ayant perturbé l’irrigation dans la zone Doukkala-Abda, ces pluies sont une bénédiction », souligne Ahmed Aamajou, ingénieur à l’Office régional de mise en valeur agricole de Doukkala (ORMVAD) et chef de station à Zemamra. Le déficit hydrique avait mis à mal les dotations en eau, avec un impact direct sur les rendements agricoles.

Des mesures concrètes pour relancer la filière

Face à ces défis climatiques, la commission technique régionale — réunissant l’ORMVAD, les associations de producteurs et l’usine sucrière — a mis en place plusieurs mesures d’adaptation. Parmi elles : l’extension de la superficie cultivée en betterave à 8.425 hectares, contre 6.600 l’an passé, soit une progression de 28 %. À cela s’ajoute une revalorisation du prix à 630 dirhams la tonne (+80 dirhams), une incitation forte à la reprise.

« La culture de la betterave connaît un regain d’intérêt. Elle assure aux agriculteurs des revenus stables, mais aussi des feuilles fourragères précieuses pour l’élevage », explique Abdelkader Kandil, président de la Fédération nationale des associations de producteurs de plantes sucrières et de l’Association de Doukkala-Abda.

Fort de cette dynamique, la commission technique prévoit déjà 15.000 hectares pour la campagne prochaine.

Un levier de développement local

Au-delà de la sphère agricole, la culture de la betterave sucrière à Doukkala joue un rôle socio-économique majeur. « Elle participe au développement régional, génère des emplois et renforce notre sécurité alimentaire », témoigne Youssef El Baghli, agriculteur à Lgharbia, enthousiasmé par les perspectives offertes cette année.

Reposant essentiellement sur les eaux de puits dans le périmètre irrigué, la filière incarne un modèle de résilience. Elle conjugue productivité agricole et enjeux environnementaux, dans une région où les conditions naturelles – sols fertiles, pluies modérées – restent propices à sa pérennité.

Un modèle agricole entre modernisation et adaptation

Avec la relance de la filière, Doukkala réaffirme sa place centrale dans la production sucrière nationale. En valorisant les ressources disponibles et en s’adaptant aux aléas climatiques, la région trace les contours d’une agriculture durable, modernisée et économiquement viable.

Les producteurs, désormais mieux outillés et encouragés, abordent la campagne 2024-2025 avec optimisme, à la croisée du savoir-faire traditionnel et de la résilience climatique.

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