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FMI et Banque mondiale se réunissent au Maroc, entre réforme et changement climatique
Un piéton passe devant un panneau d'affichage annonçant les assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, sur le côté du siège du Fonds monétaire international à Washington DC, le 5 octobre 2023. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international aborderont l'épineuse question de la réforme institutionnelle lors de leurs assemblées annuelles qui se tiendront au Maroc la semaine prochaine. (Photo par Mandel NGAN / AFP)
Un demi-siècle après l'organisation de leurs dernières réunions annuelles sur le continent, la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) sont de retour en Afrique pour leur grand raout à Marrakech (Maroc), qui a débuté lundi et durera toute la semaine, sous le signe de la réforme et du financement climatique.
C'est une tradition pour les deux institutions: elles organisent tous les trois ans leurs réunions hors de leurs sièges de Washington pour se rapprocher de leurs terrains d'intervention.
Mais cette édition marocaine, initialement prévue en 2021, avait été reportée à deux reprises à cause de la pandémie de Covid-19, qui a fortement perturbé les déplacements internationaux et à laquelle le royaume avait répondu avec un strict contrôle de ses frontières.
Puis, un tremblement de terre meurtrier a frappé la région, tout juste un mois avant l'arrivée des nombreux participants, faisant environ 3.000 victimes et d'importants dégâts. Le gouvernement marocain a cependant confirmé la tenue de l'événement. Mais Marrakech, dans sa plus belle parure, a déployé, comme elle sait le faire, ses meilleurs atouts pour l’occasion.
"Le pays a vécu un moment très difficile il y a un mois mais en est sorti plus résilient et uni que jamais", a félicité la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors de la première conférence de la journée, après s'être rendue au début de son séjour "dans les écoles de l'Atlas détruites par le séisme".
Une organisation d'autant plus importante que l'Afrique risquait dans tous les cas d'être au centre de nombreuses conversations, confrontée à la fois à une crise de la dette frappant plusieurs pays du continent, à la conséquence du réchauffement climatique et à une pauvreté qui se réduit moins vite qu'ailleurs.
Lors de son traditionnel discours de lever de rideau, prononcé jeudi à Abidjan (Côte d'Ivoire), Mme Georgieva a souligné qu"'un XXIe siècle prospère nécessite une Afrique prospère", alors que les économies avancées sont confrontées au vieillissement de leur population.
Les premières mesures annoncées devraient surtout être symboliques, avec la création d'un troisième siège accordé aux pays africains aux conseils d'administrations de chacune des deux institutions.
Côté FMI, Mme Georgieva s'est montrée optimiste sur la réalisation prochaine de cette avancée, qui donnerait plus de voix au continent. Pour la BM, le département américain du Trésor s'est prononcé en faveur d'une telle évolution, la rendant de fait quasi acquise.
Pas d'argent magique
Mais le point central concernera les financements. Car tant pour leurs missions --éradication de la pauvreté et aide aux pays en difficulté--, que pour le thème sur lequel elles sont attendues, le financement climatique, il s'agit avant tout d'une question d'argent.
Or les principaux pays ne sont pas favorables à une augmentation du capital qui les obligerait à remettre la main à la poche ou renforcerait le poids des grands pays émergents, Chine et Inde en tête.
Dès lors, difficile d'obtenir plus. Côté BM, la principale avancée en la matière devrait être la confirmation de 50 milliards de dollars supplémentaires sur les dix prochaines années, grâce à diverses opérations comptables.
Son président, Ajay Banga, espère aller plus loin et porter le total à 100 ou 125 milliards de dollars, grâce à des contributions des économies avancées sans pour autant modifier la structure capitalistique de l'institution, plusieurs ayant déjà annoncé être prêts à le faire.
Mais il est peu probable que le sujet soit finalisé à Marrakech.
En la matière, l'avancée pourrait venir d'une modification des quotas des pays, qui leur ouvrent l'accès aux financements, et qui sont au prorata de la participation au capital des institutions.
Les grands pays sont ouverts à l'idée de modifier la clé de répartition, en faveur des pays les moins avancés ou en développement, un dossier qui pourrait avancer durant la semaine.
Les annonces pourraient cependant laisser sur leur faim les pays qui cherchent à éviter de faire défaut ou à financer des projets de transition énergétique, mais aussi les ONG, qui accusent les deux institutions de pousser à l'austérité, renforçant l'écart entre pays riches et pauvres.
Plus encore, peu d'avancées notables sont à attendre concernant le financement climatique alors que de nombreuses voix s'élèvent pour critiquer le manque d'aide en la matière de la part des deux institutions, qui se défendent en soulignant ce qu'elles font déjà en la matière mais aussi insistant sur le fait qu'elles ne peuvent pas y parvenir seules.
Les ONG prévoient plusieurs événements à Marrakech durant la semaine afin de dénoncer ce qu'elles estiment être un manque de volonté de la part des deux institutions.
Un premier petit rassemblement, d'à peine plus d'une dizaine de personnes, a accueilli les participants des réunions, devant l'entrée du centre de conférences de Marrakech, pour demander la "fin du financement des énergies fossiles". (Quid avec afp)