La Cour suprême des Etats-Unis abolit la discrimination positive à l'université, Biden et Obama expriment leur désaccord

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Barak Obama a déclaré que sans discrimination positive, ni lui, ni son épouse Michèle n’auraient eu le parcours qui est le leur.

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La Cour suprême des Etats-Unis a fait tomber jeudi un des acquis de la lutte pour les droits civiques des années 1960, en mettant un terme aux programmes de discrimination positive à l'université.

Ses six juges conservateurs ont jugé - contre l'avis de leurs trois consœurs progressistes - contraire à la Constitution les procédures d'admission sur les campus prenant en compte la couleur de la peau ou l'origine ethnique des candidats.

Beaucoup d'universités "ont considéré, à tort, que le fondement de l'identité d'une personne n'était pas sa mise à l'épreuve, les compétences acquises ou les leçons apprises, mais la couleur de sa peau. Notre histoire constitutionnelle ne tolère pas ça", écrit le magistrat John Roberts au nom de la majorité.

"L'étudiant doit être traité en fonction de ses expériences individuelles, mais pas sur des critères raciaux", ajoute-t-il.

Dans une allocution télévisée, le président démocrate Joe Biden a au contraire exprimé son "profond désaccord" et sa "déception" après cet arrêt qui "s'écarte de décennies de jurisprudence".

Il a appelé les universités à ne pas "abandonner" leur objectif de diversité. "Nous ne pouvons pas laisser la Cour avoir le dernier mot", a-t-il ajouté, en glissant qu'elle n'était "pas normale". Sur le même ton, l’ancien président Barak Obama a déclaré que sans discrimination, ni lui, ni son épouse Michèle n’auraient eu le parcours qui est le leur.

A la fin des années 1960, plusieurs universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d'admission afin de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des Etats-Unis et d'augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens dans leurs effectifs.

Ces politiques dites de "discrimination positive" ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du "racisme inversé".

Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d'autres, les critères raciaux. Jusqu'ici, elle jugeait "légitime" la recherche d'une plus grande diversité sur les campus.

"Grand jour" -

Jeudi, elle a fait demi-tour, comme elle l'avait fait le 24 juin 2022 en annulant le droit fédéral à l'avortement qu'elle garantissait depuis 1973.

Elle s'est prononcée dans le cadre d'une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des Etats-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord, accusées de discriminer les étudiants d'origine asiatique.

Ces derniers, qui ont des résultats académiques nettement supérieurs à la moyenne, seraient plus nombreux sur les campus si leurs performances étaient le seul critère de sélection, avait plaidé l'association Students for Fair Admission.

La haute Cour leur a donné raison, en estimant que "malgré leurs bonnes intentions", les procédures d'admission dans ces universités utilisaient des catégories raciales "imprécises" et des "stéréotypes" raciaux.

Sa volte-face a suscité un concert d'applaudissements à droite. "C'est un grand jour pour l'Amérique", "on revient à un système au mérite", a écrit sur Truth Social l'ex-président républicain Donald Trump, artisan de ce revirement puisqu'il a profondément remanié la Cour pendant son mandat.

"Rouge à lèvre sur un cochon" -

Des critiques très vives se sont élevées en son sein même.

"Six membres non-élus de la majorité ont renversé le statu quo sur la base de leur préférence politique", a écrit la juge Sonia Sotomayor au nom de la minorité progressiste. Ils ont préféré "mettre un vernis incolore sur une société où la question raciale a de l'importance et continuera d'en avoir".

Certes, la majorité autorise les universités à prendre en compte "les expériences personnelles" des candidats et l'impact de leur couleur de peau sur leur parcours, mais ça revient à mettre "du rouge à lèvre sur un cochon", a-t-elle asséné.

L'université Harvard a pourtant laissé entendre qu'elle utiliserait cette ouverture, ce qui pourrait minimiser l'impact de cet arrêt.

"La Cour a jugé que les universités pouvaient prendre en compte dans leurs procédures d'admission +les commentaires d'un candidat sur la manière dont sa couleur a affecté sa vie, que ce soit en matière de discrimination, d'inspiration ou autre+. Nous allons certainement nous plier à cette décision", a-t-elle fait savoir jeudi.

Croisée sur son campus près de Boston, Mayan McClinton, une jeune fille de couleur qui prend des cours d'été à Harvard, a souligné que les minorités restaient sous-représentées. "Et c'est injuste de penser que l'on prend les places d'étudiants blancs plus riches..."

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