LE MAROC : NOUVELLE PUISSANCE REG0IONALE ? Par Gabriel Banon

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Novembre 2016 à Addis Abeba. Le Roi Mohammed VI lors de la présentation de la maquette de l'usine d'engrais de l'OCP.

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RÉFLEXIONS DE VOYAGE

On assiste depuis quelques semaines à une levée de boucliers d’anciennes puissances européennes au passé colonial certain. Que reprochent-ils au Maroc ?

A première vue, on concluerait, un peu trop vite, à une réaction épidermique devant ce que certains hauts-fonctionnaires du Quai d’Orsay (le ministère des affaires étrangères de la République française) appellent ; l’agressivité et l’arrogance des diplomates marocains. C’est vrai que la diplomatie marocaine rend coup pour coup, et ne reste plus dans un silence déférent, devant les leçons que voudraient lui donner quelques pays européens. 

La France-Afrique a scellé son trépas, lorsque le franc CFA a été abandonné par les Etats africains francophones, au profit d’une nouvelle monnaie, la leur, indépendante du référent Banque de France. Bien plus, on constate une migration d’Etats francophones vers le Comonweath, comme l’a annoncé le Gabon. Outre des commentaires peu amènes de la part des diplomates français, la raison de ces réactions hostiles est en fait, plus profonde, elle est politique et même géopolitique.

Le Maroc, au milieu d’une Afrique du Nord dans la tourmente, reste l’État de référence, pour sa stabilité, sa gouvernance et son développement économique. Devenue incontournable pour la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires, il s’est intégré tout naturellement dans la nouvelle stratégie africaine des États-Unis.

Washington a complétement revu sa stratégie géopolitique en donnant la priorité à la lutte contre l’hégémonie chinoise. Exit le testament géopolitique de Zbigniev Brzeinski, qui recommandait de considérer toujours la Russie comme un ennemi ! C’était jeter Moscou dans les bras de Pékin et renforcer la Chine.

Aujourd’hui, on recherche des relations apaisées avec le président Poutine (déclaration de Joe Biden) et on se concentre sur les agissements du président Xi.  

Dans cet ordre d’idées, Washington veut donner un coup d’arrêt à la pénétration chinoise dans le continent africain.

Au Moyen-Orient, elle a fait d’Israël une puissance régionale indiscutable, première force armée, véritable gendarme, allié de référence des États-Unis dans cette région. 

C’est ainsi que le Maroc, de l’autre côté de la carte, véritable porte de l’Afrique, est en passe de devenir : « la première puissance régionale ». Dans ce but, après avoir libéré le Maroc du problème artificiel de la marocanité du Sahara, Washington a autorisé des livraisons d’armements sophistiqués au Maroc, équipements jusque-là réservés uniquement aux Israéliens.

Les accords d’Abraham vont au-delà de ce qui est annoncé officiellement. Il comporte un volet concernant entre autres, la prospection et l’exploitation du Sahara marocain et de son offshore, particulièrement le mont Tropic des eaux territoriales marocaines.

Toute cette évolution ne plait pas aux anciens maîtres de l’Afrique qui livrent, ce que l’on pourrait appeler, un « baroud d’Honneur » avant de s’effacer devant la volonté américaine.

C’est maintenant au Maroc de saisir cette opportunité historique.

 

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