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Le Roi et l’intangibilité des valeurs religieuses que le Maroc partage avec les pays africains frères
Le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine accomplisant la prière du vendredi à la Mosquée Achoura à Zanzibar en République unie de Tanzanie en octobre 2016.
Marrakech - Les oulémas sont tenus d’avoir une présence bénéfique dans la vie des gens en les initiant aux vertus de la modération et du juste milieu et en s’opposant aux obscurantistes et aux extrémistes de tout poil qui s’évertuent à abuser les âmes candides, a souligné, samedi, le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine.
Dans un message adressé aux participants au colloque organisé par la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, du 08 au 10 juillet à Marrakech, sur le thème "Les règles de la Fatwa dans le contexte africain", le Souverain a indiqué que les oulémas sont depuis toujours investis d’une noble mission qui gagne aujourd’hui en sensibilité et en complexité, notant que "le devoir des érudits est d’autant plus impérieux que ces déviants prêtent à la plupart de leurs réflexions sur la religion le tour fallacieux de fatwas, alertés que celles-ci relèvent de la chose sacrée dans l’entendement commun".
Institutionnalisation de la pratique de la Fatwa
Le Maroc, compte tenu de cet état de choses et soucieux de protéger la Religion, a procédé à l’institutionnalisation de la pratique de la Fatwa, devenue ainsi une compétence collégiale exercée par le Conseil supérieur des Oulémas, a précisé Amir Al-Mouminine, rappelant que c’est à cette Institution que les demandes de fatwa sont adressées pour statuer sur les questions de la vie courante nécessitant un avis religieux.
C’est aux oulémas, en revanche, qu’il incombe individuellement d’initier la communauté au reste des dispositions de la religion qui ne relèvent pas de la Fatwa, a poursuivi le Roi dans ce message, dont lecture a été donnée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq.
"Voilà pourquoi chaque pays africain se doit d’attribuer l’exercice de la Fatwa à une institution collégiale composée d’oulémas dignes de foi, modérés et attachés aux principes intangibles et à la doctrine religieuse de leur pays", a assuré le Souverain.
Les Oulémas d’Afrique la jurisprudence de la réalité
Mettant en exergue l’importance pour les Oulémas d’Afrique de s’engager dans des collaborations et des concertations périodiques afin de s’informer des nouvelles variantes de demande et de formulation de fatwas, le Roi a précisé qu’il appartient aux oulémas africains chargés d’émettre des fatwas de développer plus de compétences et d’engager des échanges notamment autour de la jurisprudence de la réalité (fiqh al waqi’).
"Ils sont aussi tenus de consigner les résultats de leurs recherches sur les différents supports électroniques disponibles, dans l’intérêt bien compris de tous et pour une meilleure mise à niveau des auteurs de fatwas", a poursuivi Amir Al-Mouminine.
La mission de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains
Saluant la tenue de ce Colloque à l’initiative de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, le Souverain a fait observer que cette Institution, créée sous son impulsion, a consacré ses huit ans d’existence à la réalisation des objectifs qui lui ont été initialement assignés et qui consistent essentiellement à mutualiser et à coordonner les efforts conjoints des oulémas du Maroc et de leurs homologues des pays africains musulmans pour faire rayonner et asseoir solidement les valeurs de l’Islam tolérant.
"Sa mission est de veiller également par des initiatives propres à ce que le sens de la modération, l’esprit de conciliation et la propension à l’Ijtihad soient les catalyseurs de toute réforme visant à consolider les bases du développement, à l’échelle de tout le continent africain ou à l’intérieur de l’un quelconque de ses pays", a rappelé le Roi.
Amir Al-Mouminine a, en outre, assuré que Son premier souci, en créant la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, était "qu’elle serve de réceptacle au patrimoine qui s’est richement forgé au fil des siècles et que des générations successives d’ancêtres vertueux nous ont légué par l’établissement de liens solides et multidimensionnels entre le Royaume du Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne".
Ces liens puisent leur essence dans l’intangibilité des valeurs religieuses que le Maroc partage avec les pays africains frères sur le plan de la foi et des rites sunnites qui ont la caractéristique majeure de prôner la modération, a insisté le Souverain, notant que "ces principes immuables prennent source dans les codes de conduite institués par les ordres soufis et dans les fondements des sciences de la Charia, rapportés jusqu’à nous à travers des lignées successives de cheikhs dignes de foi".
Les liens avec les Machyakhas des confréries soufies d’Afrique
Le Maroc, a ajouté le Roi, est lié aux Machyakhas des confréries soufies d’Afrique par des siècles d’échanges et d’interactions.
Le Roi a également appelé les participants à ce Colloque à s’inscrire dans une bonne dynamique d’interaction vertueuse, à déployer des trésors d’inventivité et à échanger leurs expériences respectives, "de manière à ce que in fine, chaque communauté d’oulémas, dans un pays donné, puisse tirer pleinement profit du savoir dont dispose l’ensemble des oulémas d’Afrique engagés dans cette initiative, les oulémas de chaque pays se réservant le droit de respecter leurs propres spécificités".
Amir Al-Mouminine a tenu à préciser que les travaux de ce Colloque qui visent à cerner le champ conceptuel de la Fatwa ne sauraient aboutir pleinement que si les Alimates sont impliquées dans tous les volets de cette entreprise. "Car dans notre religion, la femme et l’homme sont égaux pour ce qui a trait aux prescriptions", écrit le Souverain, soulignant que le Royaume du Maroc, se prévalant de ce postulat d’égalité, confie l’encadrement religieux des citoyens, hommes et femmes, à des Alimates et à des morchidates.
Dans le même esprit, les femmes jouent un rôle de premier plan dans le travail d’orientation religieuse qui est fait à travers les mass-médias, a conclu le Souverain.