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Mali: Suspension des partis et interdiction aux médias de couvrir leurs activités
Les militaires ont décrété mercredi la suspension "jusqu'à nouvel ordre" des activités des partis et des associations à caractère politique
Le pouvoir au Mali a interdit jeudi aux médias de couvrir les partis politiques après avoir suspendu les activités de ces derniers la veille.
Les militaires ont décrété mercredi la suspension "jusqu'à nouvel ordre" des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon eux de "subversion".
La Haute autorité de la communication (HAC) leur a emboîté le pas en invitant ‘’tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations", dit-elle dans un communiqué.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "profondément préoccupé" par la suspension des activités des partis. Le décret "doit être immédiatement abrogé", a-t-il dit sur le réseau social X.
La Maison de la presse, organisation non-gouvernementale de tutelle parlant au nom d'une partie de la profession, a appelé la presse "à ne pas se soumettre aux injonctions de la HAC".
Actes de "subversion"
L'ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015) a demandé aux autorités de revenir sur leur décision de suspension, un "recul majeur" qui "n'augure pas de lendemains apaisés".
Le président du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, a appelé à la "désobéissance civile jusqu'à la chute du régime illégal et illégitime". Mohamed Chérif Koné, magistrat entré en rébellion contre la junte et radié, a lui aussi prôné la désobéissance civile. Le gouvernement est "disqualifié" pour parler au nom du Mali depuis le 26 mars, a-t-il dit.
L’armée a accusé les partis de multiplier "les actions de subversion. La poursuite de la lutte contre les groupes armés jihadistes et indépendantistes touareg ne s'accommode pas de "débats politiques stériles", a dit le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.
Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus dans une rare déclaration commune le 31 mars du "vide juridique et institutionnel" laissé après le 26 mars et ont réclamé des militaires la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais".
Ils ont dénoncé jeudi "les allégations infondées" sur la suspension de leurs activités, annoncé qu'ils ne participeront plus à celles organisées par le gouvernement "y compris" le dialogue national, dans un communiqué.
A la suite du Mali, des militaires se sont emparés du pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont forgé une alliance et décidé de quitter la Cedeao. (AFP)