chroniques
Oups !!!
Nasser Bourita devrait avoir appris à tourner sept fois sa langue avant de commettre un propos
Vous voyez les nues, c’est là-haut dans les nuages, et bien j’en tombe à la lecture de la déclaration à l’agence publique espagnole EFE de notre ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
Nasser Bourita, diplomate de carrière que j’ai toujours défendu comme le meilleur ministre des AE que nous ayons eu, au grand dam de certains de mes amis, réduit le flux migratoire sur Sebta du début de cette semaine à une fatigue post-ramadanesque de la police. C’est de l’humour, me dit un observateur qui s’en régale, aussi grotesque que les justif espagnoles. « Tanz elfassi » ajoute un autre. Peut-être, mais alors leur subtilité m’échappe. La police nationale, « efficace et proactive », subitement « défaillante » face à un flot de jeunes qui fait mal au cœur ? Les pauvres forces de l’ordre, mobilisées depuis les débuts de la pandémie, et on sait que ça leur en coute, sans baisser les bras, qui, sans préavis, en prennent pour leur grade. L'un dans l'autre les ingrédients de cette affaire ont dû me faire perde mon sens de l'humour. Je tombe des nues, j’aurais pu tomber sur autre chose, mais mon éducation m’en empêche. C’est dans pareils moments, quand la parole se rouille, que le bon vieil adage prend tout son sens : Le silence est (parfois) d’or ! Passons.
Le Maroc en question
Depuis que l’on a su que l’Espagne a accueilli à la sauvette le séparatiste Brahim Ghali, les évènements se bousculent et se ressemblent : la tension qui se nourrit de la tension. Leur lecture diverge d’un point de vue à l’autre. Dans ce numéro de fin de semaine du Quid, Abdelahad Idrissi Kaïtouni estime que« nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous sommes loin, très loin de peser sur les affaires du monde, à commencer par celles qui nous concernent nous-mêmes en premier ». Dans l’autre sens, le professeur Rachid El Houdaigui, Senior Fellow au Policy Center for the New South, considère que « si le Maroc se bat pour ses intérêts fondamentaux contre des pays plus puissants que lui, c’est son droit le plus strict d’utiliser les cartes qu’il juge pertinentes sans que cela ne ternisse son image. »
Au Quid, on considère que les choses se jugent à l’aune de leur finalité et de leurs résultats et l’on verra ce qu’il en est dans un futur proche. Mais il y a ainsi dans l’histoire d’un pays des moments où il faut trancher, et advienne que pourra. Pour l’instant et sans rien perdre de l’esprit critique, l’heure est à l’Union sacrée face à la Sainte alliance, malsaine serait plus juste, renaissant de ses cendres dans cette vieille Europe qui, pour reprendre la formulation de Rachid El Houdaigui, « peine à prendre forme face à des puissances comme la Chine et la Russie» mais se manifeste rapidement « contre un « petit » pays, en termes de hard power ». Passons encore ! Le Maroc en a vu d’autres, et ce n’est certainement pas pour rien qu’il a été l’un des tout derniers pays à se soumettre au protectorat et des tout premiers à en sortir.
Grégaire et atavique
L’Union européenne, grégaire et atavique, fait front derrière l’Espagne, une coagulation de forces, si bien exprimée par le journal français Le Monde qui, pour ne rien changer, est plus néocolonial que jamais. Il explique sans vergogne, que cet épisode « va marquer durablement les relations entre Rabat et Madrid, et au-delà, Bruxelles ». Dans un édito, rien que ça, il invite à mettre le Maroc au pas.
Mais c’est en Espagne que l’atavisme se manifeste de la plus primitive des manières, laissant remonter à la surface toute la bile que recèlent certains milieux quand il s’agit du Maroc. On a cru cette dernière décennie qu’à défaut d’un pont à travers le détroit de Gibraltar, voulu par le Roi Hassan II pour réparer « les méfaits d’Hercule », les deux rives de l’extrême Méditerranée occidentale, ont pu trouver un moyen terme pour prospérer ensemble même si ce n’est pas de la plus égalitaire des façons. Mais il a suffi que l’administration américaine change la donne dans la région et secoue le statu quo qui arrange si bien les PMP( petites et moyennes puissances )européennes, pour revoir ressurgir des tréfonds coloniaux préjugés et clichés pensés pour amoindrir celui que la veille on désignait comme partenaire stratégique.
C’est en Espagne que la lie des mots transcrits à l’encre de l’ignominie atteint des sommets everestiques, n’épargnant rien ni personne, ni l’avenir qu’il ne faut jamais insulter ni le Souverain Roi du Maroc. On pourrait y répondre par les frasques, pour ne pas dire turpitudes, de la monarchie espagnole encore là par la seule grâce des forces sombres du fascisme franquiste. Evoquer ce quelque chose de pourri qu’il y a au Royaume d’Espagne. Mais au Royaume du Maroc, on préfère garder du Roi Juan Carlos 1er l’image du jeune souverain rejetant le putsch mené en février 1981 par le lieutenant-colonel Antonio Tejero , soutenu par le capitaine général de la 3ème région militaire, épargnant ainsi à l’Espagne de retomber dans les affres de la guerre civile et les ténèbres des chemises moires encore présentes dans ce beau pays dont nos gènes gardent quelques souvenirs impérissables. Mais qu’attendre d’un pays qui n’a même pas eu l’élégance de la patrie reconnaissante à un homme qui lui a assurément évité de sombrer dans son passé tumultueux.