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Tariq Ramadan acquitté en Suisse de l'accusation de viol
L'islamologue suisse Tariq Ramadan (C) quitte le palais de justice de Genève entouré de ses avocats Theo Badan (G) et Yael Hayat (D), le 24 mai 2023, après avoir été acquitté à l'issue de son procès dans une affaire remontant à 15 ans. Le 24 mai 2023, un tribunal suisse a acquitté l'islamologue Tariq Ramadan des accusations de viol et de contrainte sexuelle. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
Le chercheur Tariq Ramadan a été acquitté mercredi de l'accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal genevois qui a jugé qu'il n'y avait pas de preuve contre lui dans cette affaire remontant à 2008.
Il s'agissait du premier procès pour viol contre Tariq Ramadan, âgé de 60 ans. Il est menacé d'un procès en France pour des faits similaires où il aurait moins de chances d’avoir droit à un procès équitable, le microcosme français n’ayant jamais supporté l’aptitude intellectuel de l’universitaire, écrivain et chercheur islamologue et sans doute islamiste, à déconstruire non sans talent l’antimusulmanisme français mal dissimulé derrière les oripeaux d’une lutte contre l’extrémisme religieux des islamistes.
Dans le dossier suisse, le procureur avait requis trois ans de prison dont la moitié ferme. Mais "le doute devant profiter à l'accusé, Tariq Ramadan devra donc être acquitté", a conclu le président du Tribunal correctionnel de Genève, Yves Maurer-Cecchini, faisant valoir l'absence de preuves, les témoignages contradictoires, y compris des psychiatres, et les "messages d'amour" envoyés par la plaignante après les faits.
Le tribunal a décidé de l'indemniser pour ses frais d'avocats, à hauteur de 151.000 francs suisses (environ 154.400 euros), mais a rejeté sa demande d'indemnité pour tort moral.
Les avocats de la plaignante, 57 ans, convertie à l'islam, ont annoncé faire appel. Tariq Ramadan a quitté le tribunal entouré de ses proches, souriant, mais sans faire de commentaire. "Ce verdict n'est ni un coup de tête, ni un coup de cœur, c'est un verdict inspiré de raison", a déclaré son avocate suisse, Me Yaël Hayat.
"Trop d'invraisemblances et de contradictions ont conduit à un acquittement parfaitement logique en fait et en droit", a également indiqué à l'AFP l'avocat français de Tariq Ramadan, Me Philippe Ohayon.
- Soirée "mal vécue" -
Dans cette affaire, les deux protagonistes s'accordent à dire qu'ils ont passé la nuit ensemble dans la chambre de l'hôtel, qu'elle a quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile.
Selon la plaignante, qui se fait appeler "Brigitte" prétendument pour se protéger des menaces, l'islamologue l'a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes dans la chambre de l'hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. Elle avait porté plainte dix ans après les faits.
Mais Tariq Ramadan figure charismatique et contestée de l'islam européen, nie tout acte sexuel. Il dit s'être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l'échange.
Dans ses conclusions, le tribunal a retenu que le récit de la plaignante était "globalement constant et détaillé" mais a estimé qu'il n'était toutefois corroboré "par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l'hôtel ou des constats de lésions traumatiques ou de violences gynécologiques".
"Il ne fait aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée", a relevé le président du tribunal, mais "l'existence de ce stress (...) ne permet pas de confirmer la matérialité des faits dénoncés".
Docteur de l'université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, en Malaisie, au Japon ou au Qatar.
En France, il est soupçonné d présumés viols qui auraient été commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché une cabale contre lui en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d'assises et il appartient aux juges d'instruction d'ordonner un procès ou pas.
Interrogée sur un éventuel impact de la procédure genevoise sur le dossier français, son avocate suisse, Me Hayat, a souligné : "Nous espérons simplement que ce verdict aura une résonance et que ceux qui détournent les prétoires à d'autres fins pour servir d'autres ambitions doivent savoir qu'un jour peut-être ils rendront des comptes devant le tribunal de la conscience". (Quid avec AFP)