Visa pour l'image, les photos des soubresauts du monde

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Les caravanes de migrants en Amérique centrale au chaos libyen en passant par la crise des "gilets jaunes", le festival de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l'image, présente à partir de samedi un panorama saisissant des soubresauts de la planète. 

Au menu de cette 31e édition du plus important festival de photojournalisme au monde, plus de 1.250 photographies, 24 expositions en accès libre, des projections, des rencontres, un "coup de chapeau" à l'inusable reporter de guerre Patrick Chauvel qui fête ses 50 ans d'activités. Parmi de nombreux prix, le plus convoité, le Visa d'or Paris Match News, sera remis le 7 septembre.

Quatre candidats sont en lice pour cette prestigieuse récompense délivrée par un jury international. En 2018, elle avait été remise à la Française Véronique de Viguerie, première lauréate femme en 20 ans et cinquième depuis la création de la manifestation en 1989.

Le Mexicain Guillermo Arias (AFP) a suivi en Amérique centrale des caravanes de plusieurs centaines de migrants tentant de rejoindre le "rêve américain". "Son travail est impressionnant de justesse", indique à l'AFP le directeur de Visa, Jean-François Leroy. Comme ce cliché de migrants regardant, à travers clôture de bois et fils barbelés, la bannière étoilée flottant dans un ciel azur.

L'Irlandais Ivor Prickett (The New York Times) a lui passé près d'un an à documenter la fin du califat du groupe Etat islamique en Irak/Syrie avec un "regard très personnel, très touchant", selon le responsable de Visa. Le reporter s'est notamment attaché à mettre en images le retour des civils qui tentent de reprendre possession de leur vie, au milieu des cadavres et des ruines. 

- "Jamais être voyeur" 

Dans "une autre guerre civile en Libye", le photographe serbe Goran Tomasevic (Reuters), qui arpente depuis plus de 20 ans les Balkans et le Proche-Orient, entraîne le visiteur au plus près des combats. Pour Jean-François Leroy, "Goran, c'est un warrior, un guerrier, il est toujours formidable". Il avait déjà été nominé en 2017 pour sa couverture de la bataille de Mossoul.'Italien Lorenzo Tugnoli (The Washington Post/Contrasto-Rea), avec son travail sur le conflit au Yémen, est "très sensible, intimiste, sans jamais être voyeur", selon M. Leroy. 

Au fil des années, l'incontournable rendez-vous professionnel, également plébiscité par le grand public (200.000 visiteurs en moyenne), s'est aussi mis au vert, intégrant de plus en plus la thématique de l'environnement.

Dans "La face cachée du tourisme de la faune", l'Américaine Kirsten Luce (National Geographic) met l'accent sur la souffrance des animaux sauvages transformés en bêtes de foire, en Amazonie, en Thaïlande ou encore en Russie. 

Brent Stirton (Getty images) rend pour sa part hommage, avec "Rangers", à ces hommes et femmes qui luttent contre le braconnage en Afrique, souvent au péril de leur vie. Le photographe sud-africain, qui documente le sujet depuis 12 ans, a déjà remporté le prix Environnement du réputé World Press Photo 2019. 

Quant à Frédéric Noy, il dénonce la lente agonie du lac Victoria, plus vaste zone de pêche en eau douce de la plantète. 

"Il est temps de réagir d'urgence. On ne va pas tarder à être à un point de non retour", insiste M. Leroy.

- Choix "évident" des "gilets jaunes" –

L’'actualité française est aussi bien présente avec deux expositions consacrées aux "gilets jaunes": Eric Hadj (Paris Match) et Olivier Coret (Divergence pour Le Figaro Magazine), qui a notamment photographié un curé arborant un gilet jaune au dessus d'une soutane, drapeau tricolore à la main.

Les "gilets jaunes" à Visa, c'est un choix "complètement évident. Depuis mai 68, c'est la première fois qu'on a un évènement en France qui fasse la Une de tous les journaux du monde. C'est devenu un symbole de résistance, on ne peut pas faire l'impasse dessus", explique M. Leroy.

"J'ai reçu entre 150 et 200 sujets sur les +gilets jaunes+, une masse impressionnante. Les deux photographes que j'ai choisis ont tous les deux couvert le mouvement depuis le 1er jour, le 17 novembre, à Paris comme en province. Je ne voulais pas faire juste les (violences sur les) Champs-Elysées". 

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