Sauver Tinmel c’est sauver l’histoire, mais attention au n’importe comment !

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Montage où l’on voit la Mosquée de Tinmel avant le tremblement de terre et ce qui reste debout après, candidat hautement potentiel à la préservation pour préserver au lieu sa patine et son authenticité

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Selon des informations parvenues au Quid.ma, appel a été fait pour le ‘’balayage’’ du site de la Mosquée de Tinmel. C’est un lieu de culte et un haut lieu de l’histoire, situé dans le village éponyme, dans le Haut Atlas, à Tizi N'Test, pratiquement l’épicentre du tremblement de terre qui a frappé cette région du Maroc le 8 septembre 2023. 

Le site de la mosquée a constitué la première capitale almohade d’Ibn Tumart et sa base dans les années vingt du douzième siècle d’où ses partisans partaient à l’assaut des Almoravides. C’est dans cette région qu’il est également enterré ainsi que plusieurs autres chefs de la dynastie almohade. 

La Mosquée de Tinmel a été construite presque concomitamment à la Koutoubia et en dépit de sa petite taille par rapport aux autres mosquées almohades, elle est devenue de par son histoire un sanctuaire religieux et un lieu de pèlerinage. Tombée en ruine, elle est restaurée par deux fois. La première au milieu du XXe siècle, mais partiellement, et la deuxième intervient dans les années 1990 et figure depuis 1995 sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO. En janvier 2023, de nouveaux travaux, en vue de la qualifier pour la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ont été lancés avant que le séisme survienne, huit mois après, pour réduire à néant cette ambition. 

C’est dire que sa restauration n’est pas seulement une histoire de remettre sur pied une mosquée, mais de sauvegarder une importante partie de la mémoire millénaire du Royaume du Maroc. Sans doute, faut-il saluer la célérité avec laquelle on s’est engagé dans le traitement des lieux, mais le terme ‘’balayage’’, utilisé par nos sources, fait peur et fait craindre le pire, l’urgence étant, avant toute chose, de figer l’ensemble du site, comme on le ferait avec une scène de crime, pour que rien ne se perde. Si la célérité est une excellente chose, il faut, en effet, éviter qu’elle ne cause des dégâts par précipitation.  

Car avant tout, la restauration d'un monument historique qui a subi de tels dommages, est, sans préjuger des compétences en charge du dossier, un processus complexe qui nécessite une approche spécialisée, méticuleuse, documentée et pluridisciplinaire impliquant archéologues, ingénieurs, architectes etc.

L’entreprise qui n’est pas aisée, nécessite en premier lieu l’évaluation détaillée de l'étendue des dégâts, la détermination des risques d'effondrements ou des chances de récupération de la partie encore debout pour qu’elle témoigne, en vestiges, de l’histoire du lieu et lui conserve une partie de son authenticité. Il s’agit de valoriser la patine du temps et les marques d'usure. L’exemple de l’esplanade de la Tour Hassan à Rabat abritant la mosquée éponyme et le Mausolée Mohammed V, qui a préservé au lieu dans une harmonie parfaite toute se charge historique, est un modèle d’usage fait d’un site qui a su épouser le 20ème siècle sans rien perdre de sa profondeur qui puise ses sources dans le même siècle que la Mosquée de Tinmel. (Quid)

 

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