VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL – Par Gabriel Banon

5437685854_d630fceaff_b-

Réunion en mars 2023 Irano-saoudienne sous les auspices de Pékin

1
Partager :

 

L'AMBASSADEUR AUJOURD'HUI – Par Gabriel Banon

La Chine semble inaugurer un nouvel ordre mondial. Le 10 mars dernier, le président chinois, Xi Jinping a créé la surprise en amenant l’Arabie Saoudite et l’Iran à renouer les relations diplomatiques entre les deux capitales. C’est pousser dehors de leur « pré-carré » les États-Unis, interlocuteurs privilégiés de Riad jusqu’à ce jour. La Chine par cette action veut s’imposer comme une puissance arbitrale du nouvel équilibre mondial.

 Xi devrait, est actuellement à Moscou, avec à la main son plan de paix en 12 points qui mettrait fin à la guerre Russie/Ukraine. Il veut surement essayer d’imposer son agenda comme il l’a fait au Moyen-Orient. Ce dont on peut être sûr, il parlera à son ami Poutine de Taïwan. 

 La Chine, nouvelle puissance-gendarme, faiseuse de Paix, pose à Biden et ses alliances dans la région, un problème existentialiste. Assistons-nous à un tournant historique, véritable séisme dans le monde diplomatique, en particulier dans cette hautement sensible région qu’est le Moyen-Orient ?

 Le rêve du Président chinois de supplanter, partout où se faire se peut, l’Amérique de Biden, semble avoir pris le départ dans ce nouvel ordre mondial, je dirai plutôt la mise en place d’une hégémonie chinoise succédant à celle de Washington. 

 Pour l’administration Biden, c’est un véritable camouflet qui remet en question la politique d’endiguement suivie jusqu’à ce jour par Washington face aux ambitions économiques et diplomatiques de Pékin.

 Ce camouflet, seul Biden en est responsable. Malgré les avertissements de Riad concerné par un Iran atomiste, les Américains n’ont pas jugé nécessaire de rassurer Riad sur sa sécurité. Retirer les Houthis de la liste des organismes terroristes en février 2021, n’a pas été un bon signal donné aux Saoudiens.

 Ne plus considérer le Moyen-Orient une priorité pour la stratégie géopolitique des États-Unis, a créé un vide où s’est engouffrée la Chine suivie de la Russie.

Mais il y aussi des dégâts collatéraux : Israël, qui doit revoir sa politique d’alliance de facto avec l’Arabie saoudite. Ces deux Etats avaient à faire face à un même danger : l’Iran nucléaire. Quid des accords d’Abraham dont on prévoyait une suite avec d’autres Etats du Golf, y compris l’Arabie saoudite. Ce rétablissement des relations diplomatiques met-il fin à la lutte pour le leadership des Chiites et des Sunnites ? Trop tôt pour y voir clair.

Fournir des armes, des missiles balistiques ou des drones à des groupes terroristes comme les Houtistes qui se battent contre l’Arabie saoudite au Yémen, n’a pas été acceptable pour Riad.

Les effets blessants de l’accord, ce véritable camouflet donné par Riad à ses protecteurs historiques, trouve peut-être son origine dans le départ catastrophique des forces américaines d’Afghanistan. Le fait d’avoir cédé devant un groupe terroriste comme les Talibans, pose entre autres questions, celle de la fiabilité de Washington en tant qu’allier. Ces échecs ont été dommageables au standing international de l’Amérique.

La Chine peut se vanter qu’elle est capable, aujourd’hui, de manipuler et arranger des pièces de l’échiquier Mondial.

Cet accord Arabie Saoudite/Iran semble signaler au monde que les beaux jours de la superpuissance américaine sont maintenant du passé. 

Dominer le monde, remplacer les États-Unis comme pouvoir dominant, superpuissance dans tous les domaines : militaire, économique, technologique et géopolitique, voilà les buts que la Chine s’est donnée pour 2049.  Ces objectifs, la Chine s’y prépare depuis des décennies. 

 Pékin a initié ainsi la bataille pour un éventuel nouvel ordre mondial. Il semble dire au monde qu’il vit un chaos dû à la déconfiture du leadership américain.

 Cet événement marque-t-il la fin de la domination de l’Occident ?

 Seul l’avenir nous dira si le leadership chinois va être la carte majeure de ce « Nouvel équilibre mondial ».