chroniques
Casablanca Sur-Seine chef-lieu de la Chaouia maritime – Par Naïm Kamal
Casablanca Sur-Seine chef-lieu de la Chaouia maritime – Par Naïm Kamal
Santé ! Je pose mon verre (de thé) et c’est dans sa fragilité translucide - il suffit d’un rien pour qu’il casse - que j’entrevois ce que le cours de la vie peut avoir de précaire et d’incertain, de réversible et d’irréversible, de dérisoire et d’éphémère.
Mes contemplations pseudo-philosophiques terminées, je me pose cette question faussement existentielle : Nabila Rmili, l’actuelle maire de Casablanca - certains peu habitués à ce qu’une femme occupe semblables dignités l’appellent barbarement « mairesse » – devrait-elle porter sur son CV le titre d’ancienne ministre à coté de sa qualité de médecin et de maire de la capitale économique du Royaume ? Wikipédia, lui, ne s’est pas torturé les méninges. Dans sa rubrique Fonctions, il indique : « Ministre de la Santé et de la protection sociale ; 4 octobre 2021 – 14 octobre 2021 (10 jours) ; Monarque : Mohammed VI ; Premier ministre : Aziz Akhannouch ; Gouvernement : Akhannouch ; Prédécesseur : Khalid Aït Taleb ; successeur : Khalid Aït Taleb ». Et Wikipédia n’a pas tort. Conformément à l’article 47 de la constitution, elle a été installée ministre par le Roi et a prêté serment devant le Souverain. Reste à savoir si une fois toutes ses fonctions électives et professionnelles achevées, elle aura droit à la pension retraite des ministres ? Il n’y a pas débat, légalement oui, si par inadvertance le régime des retraites pour les ministres venait à être maintenu.
Pétitionite : inflammation subite et aigue du clavier
D’une Nabila à l’autre, ainsi qu’à sa version masculine, Nabil. Mounib pour la première et Benabdellah pour le second. Ils viennent de signer une pétition, initiée par le chroniqueur de Luxe (radio) Rachid Achachi, (sentant le bon coup ?), contre le pass vaccinal. A la présumée gauchiste et à l’alias communiste, il faut ajouter la présomptive islamiste Amina Maelaianain. Faisant la preuve qu’il faut d’un rien pour exister et de tout pour faire un monde. Comme dans la blague de Mamadou et le baobab, il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs.
Ensemble, ils jugent l’obligation instantanée du pass vaccinal discriminatoire malaxant pêle-mêle les anti-vaccin et les ceux qui ne peuvent pas pour raison de santé se faire vacciner. Ils reprochent surtout au gouvernement d’avoir agi sans délai. Ont-ils tort ?
Sur certaines versions de cette pétitionite aussi subite que le pass, s’inflamment de grands mots : antidémocratique, débat parlementaire, association de la société civile et autres préciosités qui font connectés. Jusqu’à justifier le refus du vaccin par ce Covid-19 qui ne fait que 1,5% de morts réduisant des vies et les souffrances de leurs familles à une sèche statistique sans importance. Hors-sol, ils oublient que dans état d’urgence sanitaire, il y a urgence. Que les prémisses d’une nouvelle vague balbutient. Qu’après l’original et ses variants, des sous variants pointent leurs spicules. Que depuis presque une année les autorités, sans mauvais jeu de mots, matraquent quotidiennement sur la nécessité de la vaccination. Dernièrement encore le ministère de la santé a déploré un ralentissement de la campagne de vaccination, exhortant les citoyens à se faire vacciner au plus vite sachant qu’il y a va de la vie des gens et de la survie de l’économie nationale. Et si près de 24 millions de Marocains sont primovaccinés dont plus de 22 millions complétement, on ne comprend pas pourquoi les autres traineraient-ils les pieds ?
Histoire de liberté de choix ? Soit et qu’importe ainsi les arguments, tous à la fois recevables et irrecevables. C’est plutôt le ton et le style de la pétition qui fleurent une rare succulence. Par ces temps de disette de visas et de suspension de vols, ils procurent l’agréable sensation de vivre à Rabat-les Deux-Mosquées pas très loin de Casablanca-sur-Scène, chef-lieu de la Chaouia maritime.