''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - LES PEPLUMS GENRE DES PLUS POPULAIRES DANS L’HISTOIRE DU CINEMA

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Paris avec Hélène de Sparte devenue Hélène de Troie et prétexte à la guerre éponyme qui sert de trame au film dont le Brad Pitt tient le rôle principal

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Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika : DE L'HISTOIRE DU CINEMA MAROCAIN

« Si Dante revenait sur terre, il pourrait assimiler les salles obscures à l’un des neuf cercles de l’Enfer. En certains cas, les producteurs nous soumettent à des tortures raffinées sans que nous ayons même la ressource de hurler. C’est ce que je pensais en subissant – avec quels spasmes malaisément surmontés – l’effroyable Ulysse perpétré par Mario Camerini ». Henri Agel.

Le péplum est l’un des genres cinématographiques qui a commencé à voir le jour à  la fin des années 40, avec des films comme “César et Cléopâtre“ de Gabriel Pascal (1945) et “Samson et Dalilah“ de Cecile B. De Mille (1949), pour se développer dans les années 50 comme un phénomène cinématographique d’une grande popularité. Ignoré par les critiques comme genre particulier, il fut répertorié pour la première fois au début des années 60, par un groupe de critiques de cinéma français, sur instigation de Bertrand Tavernier, sous l’appellation “Péplums“. Il s’agissait alors essentiellement des films basés sur des faits, réels ou légendaires, se rapportant aux antiquités grecque, romaine ou mésopotamienne.

Laurent Aknin les définissaient remarquablement ainsi : "Singulière expression que le "péplum"! Terme latin désignant à l'origine une tunique romaine, puis passant dans le langage cinéphile des années 1960 en France, pour former "film en péplum", vite abrégé en "péplum" tout court, il désigne dorénavant un ensemble de films absolument protéiforme. Synonyme bien souvent de kitsh ou de carton-pâte, il évoque aussi bien les superproductions hollywoodiennes que le cinéma bis le plus invraisemblable. A travers lui, ce sont des dizaines d'images archétypales qui viennent immédiatement à l'esprit: empereurs fous, chrétiens jetés aux lions, femmes fatales et jeunes vierges évanescentes, culturistes et gladiateurs, crucifixions, Atlantide et Rome de la décadence, passage de la mer Rouge et construction des pyramides. Le tout se bouscule dans un désordre d'autant plus inextricable que la vérité historique n'est et n'a jamais été le but ni l'ambition de ces films. La seule difficulté, une fois que l'on admet que le péplum est un film concernant une période quelconque de l'Antiquité, est de déterminer le début et surtout la fin de celle-ci... Mais dans le fond, qu'importe, puisque l'esthétique des films compte finalement plus que leur traitement de l'Histoire!" (« Péplum», Laurent Aknin, Albin Michel).

L’apogée de ce genre a été atteinte dans les années 50 avec des films cultes comme “Ben Hur“ de William Wyler (1959) ou “Spartacus“ de Stanley Kubrick (1960).

A l’époque, le mépris relatif des critiques et des historiens du cinéma de ce genre cinématographique n’était pas dû au rejet de la dimension populaire de ce type de films, mais plutôt à une certaine opposition à la prétention artistique qui les anime. Ce genre, devenu rapidement très populaire, est devenu aussi et surtout une sorte de fonds culturel de l'Occident. L'Antiquité et le monde biblique est ainsi magnifié, même avec l’apparent risque de le travestir. Malgré cela, il est devenu de fait le mode cinématographique privilégié pour exprimer les tensions sociales qui secouent les sociétés occidentales.

C’est un cinéma féerique, principalement basé sur l’image du spectaculaire. N'arrête surtout pas ton char, Ben-Hur ! En tout cas les opinions des critiques et des cinéphiles sur les adaptations cinématographiques d’oeuvres ou de faits antiques, réels ou légendaires, ont toujours été divergentes. Mais, le spectacle demeure bien suivi et apprécié jusqu’à nos jours. Et apparemment “Les peuples tiennent à leurs ancètres martyrs. C’est la seule aristocratie qui ne leur soit jamais contestée“, comme avait si bien dit Amélie Nothomb.

D’une manière pratique, on peut répertorier et classer les péplums selon leurs thématiques historiques ou légendaires et les lieux de leurs actions. On peut distinguer ainsi :

  • Les films qui ont rapport avec l’ancien testament, comme “Les dix commandements“ de Cécile B. De Mille 81956), “David et Goliath“ de Ferdinando Baldi (1960) ou encore “Sodome et Gomorrhe“ de Robert Aldrich (1962)...

  • Les films sur la Mésopotamie, tels que “Semiramis, esclave et reine“ de Carlo Ludivico Bragaglia (1954), “Le fils prodigue“ de Richard Thorpe (19559, “Le sacrifice des filles esclaves“ de Gordon Scott (1962)...

  • Les films sur l’Egypte, comme “Sinuhé l’egyptien“ de Michael Curtis (1954), “Cléopâtre“ de Joseph L. Mankiewwicz (1963), “Antoine et Cléopâtre“ de Charlton Heston (1972)...

  • Les films sur la mythologie grecque, comme “Ulysse“ de Mario Comencini (1954), “Médée“ de Pier Paolo Pasolini (1969), “Alexandre le Grand“ de Robert Rossen (1956), “Le choc des Titans“ de Desmond Davis (1981)...

  • Les films sur Troie, tels que “Helen of Troy“ de Robert Wise (1956), “La guerre de Troie“ de Giorgio Ferrori (1961), “Romulus et Remus“ de Sergio Corbucci (1961), “La colère d’Achille“ de Marino Girolami (1962)...

  • Les films sur l’Histoire de Rome, comme “Attila King of the Huns“ de Douglas Sirk (1954), “Jules Cesar le conquérant des Gaules“ de Tanio Boccia (1962), “La révolte des gladiateurs“ de Vittorio Cottafavi (1964), “L’invasion des barbares“ de Robert Siodmak (1969), “La mort de Cesar“ de Stuart Burge (1970), “Scipion l’Africain“ de Luigi Magni“ (1971)...

  • Sans oublier que plus récemment, à partir des années 2000, il y a eu un renouvellement du genre avec de nouvelles adaptations, comme “Gladiator“ de Ridley Scott (2000), “Troie“ de Wolfgang Petersen (2004), “La passion du Christ“ de Mel Gibson (2004), “Agora“ de Alejandro Amenabar (2009), Pompei“ de Paul WS Anderson“ (2014), “Exodus : Gods & Kings“ de Ridley Scott (2014), “Ben Hur“ de Timur Bekmambetov (2016)...

Et le plaisir du spectacle cinématographique du genre continue.

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