Lectures et relectures au temps du Corona : II- L’argent magnifique, ’les histoires de l’histoire’ de Claude Mossé

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Louis de Funès dans L'Avare de Molière, un film comique français, réalisé par lui-même et Jean Girault, sorti en salle en 1980.

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L’argent, qui ne vaut que par l’usage qu’on en fait, selon que l’on est come Harpagon, l’Avare de Molière, ou Laurent le Magnifique, celui des Médicis qui a fait éclore l’art et la culture. Au temps du Corona, où il est question d’Economie, beaucoup, de social, tout autant, où l’appel à la générosité et à la solidarité est un appel de l’air, Abdejlil Lahjomri relit pour nous, dans cette série de Lectures et relectures au temps du Corona, Claude Mossé « parce que de toute part et de partout émerge une conscience désireuse de bannir la souffrance, les handicaps et la malchance ».

Le titre de cette brève chronique est emprunté à un des chapitres de l’Essai sur « les histoires de l’histoire » de Claude Mossé.  Il intriguerait plus d’un lecteur tant l’expression est inhabituelle, paradoxale, depuis que l’enseignement de moralistes intransigeants a en quelque sorte « altéré » notre attitude envers ce qui communément est appelé « argent ».  Attitude ambivalente, certes, faite d’un mélange de séduction et de répulsion, de plus de méfiance que de confiance en ce qui a pouvoir de corrompre et corrompt effectivement.  De quoi s’agit-il en effet ?  Cette expression si étonnante, si peu conforme aux normes d’une morale exigeante, Claude Mossé l’utilise dans un chapitre où il fait le récit de la prodigieuse activité de la famille Médicis qui, dans la Florence du XVème siècle, d’action mécène en action mécène, a fait naître l’esprit de la Renaissance et annoncé l’humanisme des temps nouveaux.

Fastueux banquiers d’une période tumultueuse, l’argent qu’ils faisaient fructifier érigeait, palais, monuments, finançait artistes de talent et penseurs non moins talentueux.  C’est ainsi qu’ils ont « fait » Michel-Ange, Léonard De Vinci et aussi Machiavel, toujours incompris. 

Argent magnifique parce qu’il produisait un art magnifique, au point que ce qualificatif fut attribué un jour à Laurent De Médicis, (Laurent le Magnifique,) qui s’est exclamé une fois ainsi : « L’art est aussi nécessaire pour nous autres Florentins que le sel et le pain ».

Cette chronique reprend ce titre quelque peu provocateur, parce qu’il est question de l’alliance de l’argent et de l’art, mais aussi de générosité.  Car pour que l’argent soit magnifique, pour que sa magnificence échappe à toute controverse éthique, il faudrait qu’il s’alliât à l’art tout en s’alliant à la générosité.

Les temps à venir seront temps de solidarité et de générosité, parce que de toute part et de partout émerge une conscience désireuse de bannir la souffrance, les handicaps et la malchance.  Il n’y a malchance que là où il y a absence de solidarité, handicap que là où est absente la générosité, souffrances des Quasimodo que là où manquent à la fois la générosité et la solidarité. En ces temps toxiques, l’argent de la solidarité et de la générosité est un argent magnifique.

Laurent le Magnifique a envoyé chercher Michelangelo Buonarroti chez le tailleur de pierre et en a fait Michel-Ange, a adopté Léonard Acchatabriga et en a fait Léonard De Vinci, l’esprit le plus représentatif et le plus accompli de l’esprit de la Renaissance.

Il n’y a pas beaucoup de tailleurs   de pierre de nos jours, comme il n’y aura peut-être plus de Michel-Ange, ni de Léonard De Vinci, mais il y a encore des artisans et artistes de talent dans le sens que ces mots avaient dans la Florence du XVème siècle : des menuisiers, des tapissiers, des plâtriers, des couturiers, des ébénistes. L’argent recueilli en ces temps de la COVID et du CORONA,  en parrainant les exclus et les malchanceux, sera cet argent magnifique  qui  fera , en les assistant et en les aidant,  de  leur métier et de  leur art, l’art de la dernière chance, du dernier recours.  Pour leur survie et la sauvegarde d’un patrimoine en danger de perdition.

L’argent donné  qui ira chercher  le menuisier ou  le maçon ou le tailleur  ou tout simplement, dans la rue,  ceux que cette  période tragiquement inédite de l’humanité,  risque de  condamner  à une inévitable  exclusion,  fera de l’enfant de la balle, abandonné, l’enfant de la solidarité, de l’adolescent, démuni,  un enseignant de valeur, un architecte ingénieux, un médecin dévoué ( comme  beaucoup le sont aujourd’hui dans le malheur qui nous  a surpris ) , un musicien inventif, un peintre novateur, un  artisan précieux .

Cet argent donné, votre argent, sera l’argent magnifique qui fera de l’enfant de la balle, l’enfant de l’espoir, et du Quasimodo désarticulé, le Quasimodo heureux, heureux de ces jours de générosité, jours   pas comme les autres, pas comme ceux où l’argent a oublié d’être …magnifique.

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