Lettre ouverte à la Ministre de la Santé : Pour une Agence du sang et de la greffe d’organes et de tissus

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Nabila Rmili, la nouvelle ministre de la Santé

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Chère collègue, Madame la Ministre 

Les chantiers prioritaires de la santé auxquels vous devez vous attaquer sont explicitement décrits dans le nouveau modèle de développement (NMD). 

Il vous faudra chère collègue des bras et des cerveaux pour le mettre en place. 

Ne vous trompez surtout pas de casting et ne vous précipitez pas. 

Mais, permettez-moi chère collègue d’attirer votre attention sur deux problématiques de santé qui pourraient vous sembler en prime abord non prioritaires. Le sang et la greffe d’organes  

Tout d’abord, Madame la ministre, permettez-moi un petit préambule.

Vous avez cette lourde responsabilité d’avoir les commandes d’un Ministère qui a pour devoir de veiller sur la santé de toutes et tous les citoyens marocains.

Pour l’histoire, vous devez marquer votre passage à la tête de ce Ministère complexe et compliqué.  

De par ma fonction de médecin et d’homme des médias, j’ai connu vos prédécesseurs dans différentes stations de la santé publique de notre pays. 

J’ai participé à la 1ère campagne de vaccination en 1978 et j’ai pu constater de visu un gestionnaire qui apporte sa touche au secteur de la santé, Feu Taib Bencheikh. J’ai eu l’occasion d’analyser les réflexions, les méthodes de travail, et les actes des différents ministres qui se sont succédé à la tête de ce Ministère et qui sont venus d’horizons différents. 

Il y’avait le ministre Professeur de chirurgie infantile, il y avait le ministre cardiologue, il y avait le ministre urgentiste, il y avait la ministre avocate non médecin, il y avait le ministre ingénieur agronome et il y avait également le ministre chirurgien.

Mais le grand événement avec le gouvernement Akhannouch : La nomination d’une médecin généraliste. Et c’est une grande première à laquelle j’adhère. J’en suis un. Car, la santé publique doit avoir comme pierre angulaire, le médecin généraliste.

Ce statut vous épargne d’avoir cette vision orientée du médecin spécialiste. 

Gérer la santé dans une grande métropole comme Casablanca, est une grande expérience pour gérer la santé du pays. Est-ce que vous allez réussir à le faire ?

 C’est ce que je vous souhaite Madame la ministre.

Dans cette missive, permettez-moi chère collègue d’attirer votre attention sur deux problématiques de la santé publique.

Pour cette fois-ci, je ne veux pas être généraliste. Pour plus d’efficacité de mes propos, je cible.

Ainsi, j’ai fait exprès de braquer mes projecteurs sur uniquement deux problématiques.

Vous réussissez ces deux projets, votre nom sera à jamais gravé dans l’histoire de la santé de la nation marocaine 

La problématique du sang et celle du don et de la greffe d’organes et de tissus.

Je vous rassure Madame la ministre, il n’y a aucun conflit d’intérêt. Je ne suis ni hématologue, ni transfusionniste, ni immunologiste, ni chirurgien. 

Aujourd’hui, je suis médecin généraliste, qui exerce son art, uniquement par le biais d’un autre art, l’écriture journalistique. J’ai déposé mon stéthoscope et j’ai saisi comme un bistouri, ma souris et mon clavier 

Pourquoi le sang ? Vous en connaissez un bout en tant que directrice régionale de la santé à Casablanca. Dans notre pays, l’administration du secteur de la transfusion sanguine et la gestion de la collecte du sang n’obéit à aucune logique administrative efficace.

Un centre national de transfusion sanguine qui est un service de l’administration centrale du Ministère de la santé.

Des centres régionaux de la transfusion sanguine mal agencés, tantôt Segma, tantôt affiliés à un hôpital. 

Des villes, comme Salé à titre d’exemple, d’un million et demi d’habitants ne dispose pas d’un centre régional de transfusion sanguine, sous prétexte que la ville est proche de Rabat. Alors que la capitale avec ses hôpitaux universitaires, ses cliniques internationales, n’arrive pas à répondre à ses propres besoins en sang 

Tout cela, et vous le savez bien Madame la ministre, le Maroc est dans la zone rouge depuis quelque temps en termes de stock de poches de sang.

Le Royaume ne dispose que d’une réserve de sang qui ne peut couvrir plus de deux jours. 

Si une catastrophe survient demain, à Dieu ne plaise, comment y répondre pour les besoins en sang. Heureusement, et il faut leur rendre hommage, il y a ces agents d’autorités, militaires et autres, qui répondent à l’appel du sang pour sauver leurs concitoyens. 

Madame la ministre, vous aurez de quoi être fière auprès de vos petits-enfants, si à la fin de votre mandat, vous auriez mis en place l’Agence Marocaine du Sang (AMS).

Deuxième challenge à relever, Madame la ministre.

Relancer le don et la greffe des organes et des tissus dans notre pays. 

Dans ce domaine, nous sommes les derniers de la classe, ne serait-ce que dans les pays arabes et maghrébins. 

Je ne sais si vous le savez Madame la Ministre de la santé, le Maroc a été le pionnier dans la greffe d’organes dans le monde Arabe.

Aujourd’hui notre cher Pays est dans la queue du peloton.  

L’Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Algérie ou la Tunisie font mieux que nous. 

L'Algérie et la Tunisie ont leurs propres Agences de transplantation d’organes et de tissus et celui depuis belle lurette. 

Vous voulez marquer votre passage au Ministère de santé et honorez votre serment d’hypocrate, faites que la fin de votre premier mandat soit couronné par la mise en place de l’Agence Marocaine de la greffe d’organes et de tissus (AMGOT).

Et dans un esprit du bon management, étant donné que le sang est un tissu et dans un souci de concentration des moyens matériels et humains, peut-être, avec les équipes que vous aurez mises en place, développer une réflexion commune qui concerne la transfusion sanguine et le greffe. 

Et cela pour un objectif : l’Agence Marocaine du sang et de la greffe d’organes et de tissus (AMSGOT).

Bonne chance chère collègue 

Dr Anwar CHERKAOUI