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Ploutocratie : Le gouvernement des milliardaires ! - Par Samir Belahsen
Plusieurs milliardaires sont promus, Elon Musk (337,3 milliards $), Stephen Feinberg (8 milliards $), Warren Stephens (5 milliards $), et Jared Isaacman (2,2 milliards $) Leur fortune combinée dépasse 450 milliards $. Le victorieux a formé le cabinet le plus riche de l'histoire.
"J'appelle ploutocratie un état de société où la richesse est le nerf principal des choses, où l'on ne peut rien faire sans être riche, où l'objet principal de l'ambition est de devenir riche, où la capacité et la moralité s'évaluent généralement et avec plus ou moins de justesse par la fortune..."
Ernest Renan
Pensées de 1848
« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Montesquieu
De l’esprit des lois Livre XI, chap. IV
Donald Trump « Le victorieux », grâce à un discours populiste, a pu attirer les électeurs de la classe ouvrière. Malgré son premier mandat où il avait fait beaucoup de cadeaux aux riches, le vote populaire l’a intronisé.
Dans ces discours et actes, dès le début de la transition on a l’impression qu’il abandonné la rhétorique populiste. La formation de son cabinet de riches confirme.
Plusieurs milliardaires nous sont promis, Elon Musk (337,3 milliards $), Stephen Feinberg (8 milliards $), Warren Stephens (5 milliards $), et Jared Isaacman (2,2 milliards $).
Leur fortune combinée dépasse 450 milliards $.
Le victorieux a formé le cabinet le plus riche de l'histoire.
Elon Musk est la tête d’affiche de ce club, c’est l'homme le plus riche de la planète terre et le plus grand donateur du candidat Trump. Officiellement, il se chargera avec le milliardaire des biotechnologies Vivek Ramaswamy du département inédit de l'efficacité gouvernementale. Dans la pratique de la transition, il a proposé un plan de paix pour l’Ukraine sur « son » Twitter, ce qui avait suscité des débats sur son rôle d’influenceur dans les relations internationales.
Il avait exprimé des opinions sur le statut de Taiwan et il aurait eu une rencontre confidentielle avec l’ambassadeur iranien aux Nations Unies, Amir Saeid Iravani pour discuter de l’apaisement des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran.
Trump qui avait promis au peuple de se venger des élites qui ont trahi la classe moyenne et la classe ouvrière. Aujourd’hui, il a nommé l’élite de l’élite à la tête du pays avec des dépassements de prérogatives déjà signalés pendant la transition.
Un gouvernement ploutocratique
La ploutocratie est le système de gouvernement où l’essentiel du pouvoir est exercé par les plus riches, souvent au détriment de la démocratie.
Dérivé du grec « ploutos » qui signifie richesse ou fortune et « kratos » qui signifie pouvoir ou autorité, il décrit un type de société où les décisions politiques sont influencées par la richesse des individus.
La ploutocratie se définit donc comme un système politique dans lequel le pouvoir réel est concentré entre les mains des personnes les plus riches et les plus influentes de la société.
Sous les cieux de la ploutocratie, les décisions politiques et économiques sont prises en fonction des intérêts personnels des riches, ce qui conduit à l'exploitation des classes les moins aisées. La ploutocratie suppose une concentration de pouvoir et d'influence entre les mains d'une minorité riche et privilégiée.
Historiquement, la ploutocratie trouve ses origines dans la Grèce antique. Le pouvoir politique était détenu par les riches privilégiés et les puissants. On avait des oligarchies basées sur la richesse où régnait un certain népotisme.
Sous l'Empire romain, c'était le règne des familles riches qui avaient la maitrise totale des affaires politiques. La ploutocratie a persisté à travers les âges. Elle a pris différentes formes et s'est manifestée dans diverses régions du monde. Dans toutes les époques on retrouve une tendance lourde à la consolidation du pouvoir entre les mains d'une minorité privilégiée, au détriment de la majorité de la population.
La République de Venise, par exemple, était une aristocratie essentiellement marchande où le pouvoir était concentré entre les mains des riches marchands.
Au XIXe siècle, aux Etats Unis, on parlait de "L'ère des barons voleurs" de grands industriels comme les Rockefeller et Carnegie qui exerçaient une forte influence sur l’économie et la politique américaines.
Pour les exemples plus récents, on peut se limiter à rappeler les cas du Venezuela et du Kazakhstan.
Au Venezuela, de Nicolas Maduro, la concentration de la richesse et du pouvoir a permis à une l'élite du cercle de Maduro de contrôler l'État, souvent au détriment de l'intérêt général.
Au Kazakhstan, de Nursultan Nazarbaïev, la richesse et le pouvoir étaient concentrés entre les mains de son clan formé de sa famille et de ses proches, illustrant un système ploutocratique.
Indicateurs d'une ploutocratie
Le premier indicateur d’une ploutocratie est la concentration du pouvoir économique. Les décisions politiques sont dominées par un petit groupe (cercle, clan, bande, famille) de riches, souvent issus du secteur privé ou s'y invitant.
Le second indicateur est l’Influence des lobbies et des groupes de pression. Dans une ploutocratie, les représentants des intérêts financiers exercent une influence disproportionnée sur la réglementation et sur les affaires.
On y trouve en général, en premières loges, les Lobbies représentant des secteurs comme la finance, l'énergie et la technologie. Ils exercent une forte influence sur les législations par Lobbying direct en établissant des relations avec les décideurs politiques pour promouvoir des intérêts spécifiques ou en passant par le financement des candidats ou des partis qui partagent leurs "valeurs".
L’accroissement des Inégalités entre les classes sociales est aussi un indicateur important de la dérive ploutocratique. Techniquement, on peut s’intéresser à l’évolution de trois indices principaux : le rapport interdécile, le coefficient de Gini et la courbe de Lorenz.
Enfin, on constate une tendance à la baisse de la participation au processus politique. Les citoyens ordinaires ont peu d'influence sur les décisions gouvernementales.
Que faire face à la dérive ploutocratique ?
Parmi les solutions possibles, on peut envisager une réforme préventive du système : loi sévère contre les conflits d'intérêt, contre l'enrichissement sans cause, transparence des comptes des candidats, des partis, transparence dans les processus de passation des marchés publiques ...
Il sera toujours primordial d'encourager l'engagement citoyen et la participation démocratique pour contrer la montée de la ploutocratie. Une plus grande éducation à la citoyenneté financière et politique peut sensibiliser la population aux dangers de la ploutocratie et permet de veiller à renforcer la résistance contre ce phénomène préoccupant et galopant.
La ploutocratie dans la littérature
Dans toutes les époques, la ploutocratie a été traitée dans la littérature. Plusieurs œuvres mettent en lumière et critiquent l'influence des riches sur le pouvoir politique.
Dans sa comédie utopique « Ploutos », Aristophane (388 av. J.-C.), dépeint le dieu de la richesse, rendu aveugle par Zeus, et plaide pour une distribution plus équitable des richesses, critiquant les élites de son époque.
Pierre Leroux, dans « De la ploutocratie » (1848), analyse le pouvoir des riches et appelle à une réforme sociale pour réduire les inégalités.
Émile Zola, dans « L'Argent », explore le capitalisme, la spéculation et les conséquences de la domination financière sur la société en expliquant comment la richesse corrompait les valeurs morales et politiques durant le second empire en France.
Toutes ces œuvres soulignent les dangers permanents d'un système ploutocratique où la richesse prime sur l'égalité et la justice sociale.
La ploutocratie c’est quand la corruption politique s’établit, la corruption et le népotisme règnent, le populisme gagne et la démocratie se perd.
La ploutocratie Américaine du XXI -ème siècle présente, à mon sens, deux dangers additionnels.
Elle risque, par l’hégémonie Américaine, de devenir une ploutocratie planétaire.
Le deuxième danger serait la banalisation du modèle.