Rasul du Daguestan – Par Samir Belahsen

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Couverture du livre "Mera Dagestan" écrit par Rasul Gamzatov et publié par les éditions Autumn Art en pendjabi.

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« Elle est la seule qui pourrait être feuilletée sans ridicule une heure avant la fin du monde. »

Gilbert Lely

A propos de l’œuvre de Lautréamont

Le Daguestan fête cette année le centenaire du grand poète Rasul Gamzatov.

C’est l'un des plus grands poètes originaires du Daguestan. Il est né le 8 septembre 1923 dans le village de Tsada, dans le district avar de l'ancienne Union soviétique. Les œuvres de Gamzatov touchaient principalement son amour infini pour sa patrie, la beauté naturelle de la région du Caucase et des luttes de son peuple.

La poésie de Gamzatov captait l'essence même de la culture daghestanaise et de ses riches traditions. Ses mots témoignaient d'une profonde compréhension de la condition humaine et exprimaient son amour profond pour sa terre natale. Il mêlait avec grande habilité les formes poétiques avar et russes traditionnelles pour créer son propre style unique qui résonnait auprès des lecteurs de différentes cultures.

L'un des poèmes les plus célèbres de Gamzatov est "Mon Daguestan", qui illustre sa profonde connexion avec sa patrie et le paysage impressionnant qui l'entourait. Dans un autre ouvrage «Sérénade de Shamil", il rend hommage au légendaire imam Shamil, symbole de la résistance contre la colonisation russe dans le nord du Caucase.

Parmi les poèmes clés de Rasul Gamzatov :

"Suite avar" :Ce poème représente la richesse culturelle et la diversité du peuple avar, en capturant leurs traditions, leurs danses et leurs chansons.

"Les montagnes drapées de bleu" : Gamzatov y dépeint magnifiquement le paysage grandiose du Caucase, ses montagnes, ses vallées et ses rivières, souvent avec une fine touche de mélancolie.

"Patrie" : Ce poème est un vibrant hommage à sa patrie, exprimant l'amour inébranlable du poète, son esprit patriotique et son désir de paix et d'unité.

"Ma chanson" : Dans ce poème, Gamzatov réfléchit sur le pouvoir de la poésie, mettant en évidence sa capacité à transcender le temps, à inspirer et à unir les gens.

La poésie de Rasul Gamzatov a été largement traduite dans de nombreuses langues et a acquis une reconnaissance internationale. Il a reçu de nombreux prix tout au long de sa carrière, dont le prix Lénine. Un joli monument lui est dédié au centre de Moscou.

C’est le poète Naoum Grebnev  (1921-1988) qui a traduit ses poèmes en russe et notamment  le poème  (Les Grues) qui donna naissance en 1969 à une chanson célèbre dans toute l'Union soviétique, un beau texte à la mémoire des soldats tombés pendant la  seconde guerre qu’on appelle dans la région Grande Guerre patriotique. Gramatzov avait lui-même traduit de grands auteurs russes en langue avare comme Pouchkine, Lermontov, Essénine ou Maïakovski.  

Ses poèmes continuent d'évoquer la beauté, la résilience et l'esprit du peuple daghestanais, faisant de Rasul Gamzatov un poète apprécié non seulement dans la région du Daguestan, mais aussi dans le cœur des amateurs de poésie du monde entier. Il meurt en 2003 à Moscou où il est enterré au petit cimetière musulman de Tarki au pied du mont Tarki-Taou, à côté de la tombe de sa femme.

En 2023, en fêtant son centenaire alors qu’un génocide est en cours sous les caméras, on ne peut que rendre hommage à son patriotisme universaliste et chanter avec lui :

« Ma chanson, chanson d'amour et de guerre,
Je la chante pour toi, mon aimée,
Dans les vallées où résonnent les murmures du vent,
Sur les sommets où se perdent les nuages.

Ma chanson, chant des rameaux éblouissants,
Échos de la forêt enchantée,
Je cherche en toi l'espoir du printemps,
Et dans tes yeux, la lumière des étoiles.

Ma chanson, chant des vents orageux,
Résonne dans mon cœur tel un tambour fou,
Elle danse et tourbillonne en moi,
Comme le feu qui ne cesse de brûler.

Ma chanson, chants des champs de bataille,
Évoquant la gloire passée et le courage,
Je la chante pour tous ceux qui ont lutté,
Pour la liberté et la dignité.

Ma chanson, chant de la tristesse et de la joie,
Elle exprime toutes les émotions qui m'envahissent,
Elle est un cri qui s'élève vers le ciel,
Un hymne à la vie dans toutes ses nuances.

Ma chanson, chanson du Daghestan,
Là où les montagnes touchent le ciel,
Elle porte en elle l'âme de mon peuple,
Et fait résonner l'amour et la fierté. »

Sans en demander la permission, je ferais de ce couplet mon refrain :

« Ma chanson, chant des vents orageux,

Résonne dans mon cœur tel un tambour fou,

Elle danse et tourbillonne en moi,

Comme le feu qui ne cesse de brûler. »

Je la chanterais avec la colère de Feyrouz sur une musique euphorique de Rahbani en Arabe, en avare, en Russe, en Wolof, en mandarin …pour résonner l’amour et la fierté dans toutes les langues.

 Poète Français.

 Poète Uruguayen.

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