Culture
Atomique ou en plastique, les bombes prêtes à faire exploser le box-office américain
Cette combinaison d'images montre un profil graphique de Barbie à l'exposition interactive "The World of Barbie" à Santa Monica Place à Santa Monica, Californie, le 28 juin 2023 ; et le réalisateur britannique Christopher Nolan alors qu'il parle sur scène de son film "Oppenheimer". Elle est une poupée emblématique prête à peindre le monde en rose, et il est un scientifique qui a contribué à l'invention des armes nucléaires pendant la Seconde Guerre mondiale. ( AFP)
Le box-office américain s'apprête à vivre un contraste saisissant à son sommet ce week-end, les films les plus attendus mettant en scène d'un côté une emblématique poupée et de l'autre l'inventeur de la bombe atomique.
A partir de vendredi, des centaines de milliers de cinéphiles nord-américains se prépareront à plonger dans les deux univers, pour la sortie sur grand écran de "Barbie" et d'"Oppenheimer".
Plus de 200.000 spectateurs ont en effet prévu d'aller voir l'un puis l'autre dans la même journée, d'ici à la fin du week-end, selon Michael O'Leary, président de l'Association nationale des propriétaires de salles, auxquels s'ajouteront des millions d'autres, partout dans le monde, qui iront voir les deux films à un moment ou un autre.
D'ores et déjà, la projection simultanée des deux superproductions a nourri une vague de blagues et détournements sur les réseaux sociaux, les spectateurs s'amusant à envisager au passage leur transformation vestimentaire d'un film à l'autre, mais aussi l'apparition d'une gamme de produits dérivés spécifiques, une tendance déjà surnommée "Barbenheimer".
Condensé de culture populaire
La stratégie de communication en ligne pour Barbie a "pris comme une traînée de poudre, attirant toute une génération ainsi qu'une audience féminine insuffisamment prise en compte", alors que le réalisateur Christopher Nolan attire lui ses propres inconditionnels, remarque Shawn Robbins, analyste en chef pour Boxoffice Pro.
"Ils se sont retrouvés mélangés dans ce qui semble être un condensé inattendu de la culture populaire, qui s'est exprimé au travers du phénomène +Barbenheimer+", ajoute-t-il dans une interview à l'AFP.
Un effet qui pourrait "avoir renforcé l'intérêt pour les deux films comme aucun des deux n'y serait parvenu autrement, s'ils étaient sortis à des dates différentes", insiste M. Robbins.
Un avis que rejoint David Gross, du cabinet Franchise Entertainment Research, pour qui les films vont s'aider mutuellement plutôt qu'être en compétition, en créant de l'envie auprès des cinéphiles.
"Les cinéphiles s'en emparent et en font un objet propre", selon lui, "je n'ai pas souvenir d'un tel phénomène", soulignant que les chiffres du box-office devraient être exceptionnels.
Pour Shawn Robbins, Barbie pourrait rapporter 140 millions de dollars pour son premier week-end en salle tandis qu'Oppenheimer, prévu pour rester plus longtemps à l'écran, devrait dépasser les 50 millions.
- Nostalgie -
Melanie Kelley, une consultante de 39 ans, est parmi ceux qui prévoient d'aller voir les deux films le même jour, accompagnée de trois amis, débutant avec Oppenheimer en matinée avant de terminer dans la féerie rose de Barbie lors d'un dîner au cinéma. De quoi se laisser suffisamment de temps pour échanger sur le drame historique.
"Il y a beaucoup d'attention autour de ces films parce qu'ils sont à la fois intéressants et totalement différents l'un de l'autre. Entre ça et la possibilité de passer la journée au cinéma, je signe tout de suite", explique-t-elle à l'AFP.
Elle ne se souvient pas d'avoir assisté à une telle excitation autour d'une sortie sur grand écran depuis celle de Jurassic Park, quand elle était enfant, en 1993.
Afin de mieux connaître l'histoire du protagoniste, Melanie Kelley a écouté des podcasts consacrés à Robert Oppenheimer, se demandant jusqu'où le réalisateur se plongerait dans la vie privée du scientifique.
Et pour ce qui est de l'emblématique poupée, "Barbie a été clairement une figure très importante de mon enfance" dit-elle.
"Et je pense que l'ironie que Greta Gerwig va apporter dans ce film le rendra d'autant plus nostalgique à mes yeux", anticipe Melanie Kelley.