AZA : Deux décennies de diffusion de la musique amazighe en Amérique

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AZA, un groupe de six membres marocains et américains, propose des œuvres inspirées du répertoire amazigh du Souss et de l’Atlas, tout en les fusionnant avec d’autres traditions musicales du monde.

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Par Al Mustapha Sguenfle (MAP)

Rabat - Fruit de l'initiative de deux artistes marocains résidant aux Etats-Unis, le groupe AZA incarne, depuis deux décennies environ, l’excellence à laquelle peut accéder l’émigration musicale marocaine.

AZA a vu le jour au pays de l'Oncle Sam en 2003 grâce au duo Fattah Abbou et Mohamed Aoualou. Natif des environs de Ouarzazate, Aoualou est influencé par la musique occidentale tout en demeurant attaché à la musique locale propre à sa région d’origine. Il avait d’ailleurs joué avec des artistes connus à Ouarzazate, comme Mohamed Mallal, avant de partir s’installer aux Etats-Unis à partir de 1998.

Fattah Abbou a, quant à lui, grandi à Imintanoute (province de Chichaoua). Dans un entretien avec MAP-Amazigh, il dit avoir appris à jouer la musique amazighe dès l'âge de sept ans, influencé en cela par les traditions d’Ahwach et de Taskiwin, ainsi que le répertoire des Rwaïs. En 2000, il s’est fixé aux Etats-Unis où il a fondé, avec Mohamed Aoulaou, le groupe AZA à Santa Cruz, Californie.

Le choix de l’appellation du groupe n’est pas anodin. En effet, le mot AZA fait référence à la lettre "Z" (ⵣ), à forte charge symbolique du fait qu’elle renvoie "au renouveau et à l'affirmation de l'identité et de la culture amazighes propres à l'Afrique du Nord", note Fattah Abbou.

Aujourd’hui, AZA est formé autour de six membres. Outre Fattah Abbou et Mohamed Aoualou, il s’agit des musiciens américains Elizabeth Torres, Genoa Brown, Peter Novembre et Kevin Dinoto. Sa composition éclectique a permis à ce groupe de proposer des œuvres inspirées du répertoire amazigh du Souss et de l’Atlas, tout en les agrémentant d’autres traditions musicales du monde.

"Nous avons décidé de former le groupe AZA et d'y inclure des artistes d'horizons musicaux différents (Jazz, Funk, Latino…). AZA ambitionnait de moderniser la musique amazighe tout en gardant intact l’esprit qui distingue cette musique en termes de mélodies et de rythmes", explique l'artiste.

Il s’agit de présenter la musique amazighe à travers des sonorités et des compositions "qui peuvent plaire à un public plus large à travers le monde", ajoute-t-il.

Ce savant mélange artistique prend corps au niveau instrumental, où l’excellent jeu de Fattah Abbou aux instruments caractéristiques de la musique amazighe marocaine (Ribab, Banjo, Lotar et Guembri) côtoie harmonieusement les sonorités des basses électriques et acoustiques, de la batterie, du cajón, du saxophone et de la flûte.

Portées par des mélodies envoûtantes, les chansons d’AZA traitent de thématiques tantôt sentimentales, tantôt identitaires, tout en traversant des questions d’ordre spirituel, social ou encore à caractère personnel comme l'immigration. Ces chansons sont répertoriées dans les quatre albums que le groupe a produits jusqu’à présent, à savoir "Marikan", "Tamghra Wushen", "Tayuga" et "Tafsut N-Usays".

Fattah Abbou juge positive la réception réservée à l’œuvre d’AZA aux Etats-Unis d’Amérique. Il en veut pour preuve les différentes apparitions du groupe dans les festivals américains, dont le South by South West festival (SXSW) à Austin, le festival de musique du monde de Chicago, le festival de musique du monde de Madison, le High Sierra Music Festival de Californie, le festival de musique de la Sierra Nevada, et le festival de musique de Cabrillo.

"Notre musique offre des sonorités uniques qui intriguent le public et l’incitent à vouloir en savoir plus sur le Maroc", fait-il valoir, assurant que les billets de la quasi-totalité des spectacles performés par AZA s’épuisent assez rapidement.

Par ailleurs, AZA a enregistré une vingtaine de chansons pour le compte de la société "Facebook" dans le cadre du projet "Facebook Sound Collection", où le groupe a représenté les sonorités nord-africaines.

Au Maroc, AZA a marqué de son empreinte les festivals Timitar d’Agadir, Tifawin de Tafraout, Tourtite d’Ifrane, et le festival de l’Immigré d’Imintanoute.

Le groupe AZA représente, donc, un exemple patent de cette nouvelle génération d’artistes qui insuffle, depuis l’étranger, une nouvelle dynamique à la musique amazighe et s’engage énergiquement en faveur de sa transmission à l’échelle internationale. En quelque sorte, AZA se veut porteur d’une certaine conservation culturelle. "Chaque fois que nous sommes en concert", dit Fattah Abbou, "nous jouons de la musique, certes, mais nous parlons également de la culture nord-africaine, et sensibilisons le public quant à cette culture".

 

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