Culture
Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - MANOEL DE OLIVEIRA, PRES D’UN SIECLE DE CRÉATION CINÉMATOGRAPHIQUE
"Le principe de l’incertitude" (2002) - La haute idée qu’il avait du cinéma a eu pour conséquence une grande exigence esthétique, soutenue par un regard pointu sur le monde et la société modernes
« Cesser de travailler, c'est mourir. Si on m'enlève le cinéma, je meurs ». Manoel De Oliveira.
Manoel De Oliveira aura été le père et le plus éminent représentant du cinéma portugais en particulier et européen en général
Le cinéaste portugais le plus prolifique, et surtout l’unique réalisateur centenaire resté en activité jusqu’à son décès le 02 avril 2015 à l'âge de 106 ans, Manoel de Oliveira aura été aussi le seul à avoir été récompensé deux fois par le Lion Spécial de la Mostra de Venise pour l’ensemble de son œuvre, la première fois par le jury de la 42ème édition de 1985, présidé par Krzysztof Zanussi, et une deuxième fois par le jury de la 61ème édition de 2004, présidé par John Boorman. Il a également été récompensé par une Palme d’Or Honoraire pour l’ensemble de ses réalisations par le jury du 61ème Festival de Cannes de 2008, présidé par Sean Penn. Il a aussi eu droit deux fois au prestigieux Prix de l'Âge d’Or décerné par la Cinémathèque Royale de Belgique et le Musée de Cinéma de Bruxelles et qui récompensait, de 1955 à 2015, l’auteur d’un film qui « par l’originalité, la singularité de son propos et de son écriture, s’écarte délibérément des conformismes cinématographiques ». Il a également été récompensé par le Prix du Jury de Cannes pour son film “La lettre“ (1999) et nombre de ses films ont reçu plusieurs prix dans de grands festivals à travers le monde. Il a aussi reçu les insignes de Grand Officier de la Légion d'Honneur de Porto ainsi que La Légion d’Honneur Française.
Ainsi, on ne risque pas de s’éloigner de la réalité en affirmant, comme l’ont fait plusieurs critiques de cinéma, que Manoel De Oliveira aura été le père et le plus éminent représentant du cinéma portugais en particulier et européen en général. Avec ses 32 longs métrages et la quantité impressionnante de courts et moyens métrages, il a pu accumuler une œuvre riche et diversifiée, donnant un large aperçu sur la culture et l’histoire culturelle du Portugal.
Lorsqu’il avait reçu la Palme d’Or du Festival de Cannes de 2008, l'année de son centième anniversaire, remise par son comédien et ami Michel Piccoli, il avait déclaré, ému par cette distinction : « J'apprécie énormément de la recevoir de cette façon-là parce que je n'aime pas trop la compétition, c'est-à-dire gagner contre mes collègues ; c'est une belle façon de recevoir un prix ». Cela prouve qu'il a vraiment, comme l’ont affirmé des critiques de cinéma, l'âme d’un “poète réaliste“, chose que reflètent effectivement ses films qui, même quand ils sont traités sur un ton surréaliste, sont toujours romantiques et lyriques, basés sur des histoires d’amours frustrés, voire impossibles et des thèmes sociaux universels.
Enfin, j’aimerais signaler que ce « doyen des cinéastes du monde » avait aussi reçu, lors de la Mostra de Venise de 2004, Le prix Robert-Bresson, remis par les Conseils Pontificaux de la Culture et les Communications Sociales, qui récompense les cinéastes ayant une œuvre « significative par sa sincérité et son intensité en faveur de la recherche du sens spirituel de notre vie ».
ENTRE SURRÉALISME, POÉSIE ET RÉALISME
Son premier long métrage en 1942, “Aniki Bobo