Culture
''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika - MERYL STREEP TALENT ET CHARISME INEPUISABLES
Meryl Streep, aguerrie par le théâtre puis perfectionnée par le cinéma, est une comédienne d’un talent original inégalable
« Que personne ne me retire les rides de mon front, obtenues à travers l’étonnement face à la beauté de la vie; ou celles de ma bouche, qui montrent combien j’ai ri et combien j’ai embrassé; ni les cernes de mes yeux: en elles se trouve le souvenir de combien j’ai pleuré. Elles sont à moi et elles sont belles ». Meryl Streep.
Après des premiers pas au théâtre, des débuts prometteurs au cinéma, notamment dans “Voyage au bout de l’enfer“ de Michel Cimino (1978), Meryl Streep a rapidement et naturellement construit une carrière exemplaire forçant une admiration et un respect universels. Avec une présence de premier plan sur les écrans depuis le milieu des années 70, et après avoir été sacrée “Reine des comédies musicales“, la chanteuse et actrice a joué des rôles de choix dans des films des plus grands réalisateurs, notamment : Woody Allen (« Manhattan », 1979), Sidney Pollack (« Out of Africa », 1985), Robert Zemeckis (« La Mort vous va si bien », 1992), Clint Eastwood (« Sur la route de Madison », 1995), Steven Spielberg (« Pentagon Papers », 2017), Wes Anderson (« Fantastic Mr. Fox», 2009)…
Récompensée une première fois par l’Oscar de la meilleure actrice pour sa sublime interprétation dans le film “Le choix de Sophie“ de Alan J. Pakula (1983), elle a pu décrocher un deuxième Oscar pour sa magnifique interprétation du rôle de Margaret Thatcher dans le film “La dame de fer“ de Phyllida Lloyd (1911). Sa reconnaissance par le public, la critique et les professionnels n’a pas d’égal et ses diverses consécrations par les festivals les plus prestigieux (Cannes, Berlin, Palm Springs...), les Césars et les Golden Globe ont été couronnés par La Médaille Présidentielle de la Liberté par laquelle l’avait décoré le Président américain Barack Obama en 2014.
UNE CARRIERE EXEMPLAIRE
Meryl Streep, aguerrie par le théâtre puis perfectionnée par le cinéma, est une comédienne d’un talent original inégalable, lui ayant permis la construction d’une carrière exemplaire unique. Les grands réalisateurs avec lesquels elle a collaboré à plusieurs reprises ont tous confirmé son talent, à l’instar de Sidney Pollack pour qui « Elle est si directe, si honnête, et donc sans foutaises. Il n'y avait pas de blindage entre elle et moi ».
En effet, les rôles qu’elle a pu camper ont été si attachants car sincèrement interprétés, avec une grande justesse et sur un ton d’une spontanéité qui rendent le personnage plus vrai que nature, jusqu’aux plus infimes détails de sa gestuelle. On s’en rend compte chaque fois qu’on regarde de près la manière différente dont elle fait mouvoir son corps selon la carrure du personnage qu’elle joue. Le corps de la comédienne est certainement le même, mais elle arrive à le modeler différemment selon qu’elle l’emprunte à celui de Sophie Zawistowski, Karen Silkwood, Karen Christence Dinesen Blixen, Francesca Johnson ou Margaret Thatcher. Là réside l’essentiel de toute la force de son jeu et tout le secret qui rend ses personnages si attachants. Et cela ne change en rien le fait que le personnage soit réel ou purement fictif. Je propose à la fin de cette chronique à celles et ceux parmi les cinéphiles intéressés, à titre indicatif, un choix parmi les films les plus connus de cette comédienne hors pair.
A titre de confirmation, pour le critique Samuel Blumenfeld, dont je partage le point de vue (et là il parle spécialement de sa géniale interprétation du role de Margaret Thatcher dans “La dame de fer“) son interprétation « relève, selon les standards de l'actrice, de l'ordinaire. Admirable donc. Elle intègre de manière stupéfiante la gestuelle de son personnage, ses tics de langage, le léger mouvement de sa lèvre inférieure quand Thatcher venait de s'exprimer, le sourire qui semble se figer, son impeccable savoir-vivre avec son entourage, la froideur cassante dont elle faisait preuve avec ses ministres » (« Meryl Streep, l’actrice de fer », Le Monde du 14.02 .2012).
TALENT ET CHARISME INEPUISABLES
L’immense talent de Meryl Streep, base de toute l’aura qui a auréolé sa carrière exemplaire, a été doublé et bien consolidé par un charisme incroyable qui a toujours charmé et envoûté tout le monde autour d’elle. Son affabilité, sa disponibilité et son grand humanisme sont par ailleurs fort connus. Elle a confirmé cela dans un discours prononcé lors de la réception de l’une des nièmes récompenses reçues : « Je veux vraiment remercier tous mes collègues, tous mes amis. Je regarde ici et, vous savez, je vois ma vie défiler devant mes yeux : mes vieux amis, mes nouveaux amis. C'est vraiment un grand honneur, mais ce qui compte le plus pour moi, ce sont les amitiés, l'amour et la joie que nous avons partagés en faisant des films ensemble. Mes amis, merci à vous tous, défunts et présents, pour cette carrière inexplicablement merveilleuse ».
Elle est aussi fort connue pour ses actions humanitaires et en faveur des droits humains. Le 8 janvier 2017, en recevant le Cecil B. DeMille Award pour l'ensemble de sa carrière lors de la 74e cérémonie des Golden Globes, Meryl Streep avait dit, défendant l'immigration et la liberté de la presse en dénonçant le comportement de Donald Trump et son attitude vis-à-vis d’un journaliste du New York Times handicapé : « Cela m'a brisé le cœur. Je n'arrive toujours pas à y croire parce que ce n'est pas du cinéma, c'est la vraie vie. Cet instinct d'humilier qui est mis en avant en public, par quelqu'un de puissant, a une incidence sur la vie de tous parce que cela devient comme une autorisation à faire de même. Le manque de respect appelle au manque de respect. La violence appelle à la violence. Quand les puissants utilisent leur position pour malmener les autres, nous sommes tous perdants » (The Hollywood Reporter du 08.01.2017).
UNE SÉLECTION DE FILMS A VOIR
« Julia » de Fred Zinnemann (1977) ; « Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino (1978) ; « Manhattan » de Woody Allen (1979) ; « Kramer contre Kramer » de Robert Benton (1979) ; « La maitresse du lieutenant français » de Karel Reisz (1981) ; « Le choix de Sophie » d'Alan J. Pakula (1982) ; « Le mystère Silkwood » de Mike Nichols (1983) ; « Out of Africa » de Sydney Pollack (1985) ; « Bons baisers d’Hollywood » de Mike Nichols (1990) ; « La mort vous va si bien » de Robert Zemeckis (1992) ; « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood (1995) ; « A.I. Intelligence artificielle » de Steven Spielberg (2001) ; « Adaptation » de Spike Jonze (2002) ; « La Dame de fer » de Phyllida Lloyd (2011) ; « Pentagon Papers » de Steven Spielberg (2017).
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