''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika : CES FESTIVALS DE CINEMA QUI POUSSENT COMME DES CHAMPIGNONS !

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L’inflation des festivals de cinéma nuisible au développement du secteur et rend nécessaire une refonte en profondeur de leur réglementation, incluant une classification plus précise par genres et catégories.

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« Tous les ans, au festival..., les vedettes impalpables quittent la pellicule et s’offrent au regard des mortels ». Edgar Morin.

HISTORIQUE

A la fin des années 70, il y avait bien eu des rencontres de cinéma à Mohammedia, Mekènes et Tanger. Mais historiquement, le 1er Festival International du Cinéma Africain de Khouribga de mars 1977 est le 1er festival de cinéma créé au Maroc, et organisé par la Fédération Nationale des Ciné-Clubs du Maroc (FNCCM), suivi en 1982 par la création et l’organisation par le CCM de la 1ère édition du Festival National du Film. Ainsi Khouribga est resté l’unique festival de cinéma indépendant jusqu’à sa 2ème édition en mars 1983. Puis un 2ème festival, le Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan, a été créé en mars 1985 par l’association des amis du cinéma de Tétouan. Et il a fallu attendre les années 90 pour voir l’émulation aboutire à la naissance de quelques festivals de cinéma nationaux et internationaux. Cette tendance a été soutenue dans les années 2000 par la création de nouveaux festivals de cinéma, nationaux et internationaux, de renom, dont notamment), le Festival International du Film de Marrakech (2001), le Festival du Court Métrage Médiderranéen de Tanger (2002), le Festival International du Film de Femmes de Salé (2004)...

Puis, les festivals ont commencé à pousser comme des champignons ! Nous sommes, selon les statistiques du Centre Cinématographique Marocain, tous genres confondus, à pas moins de 120 festivals, implantés jusqu’aux bleds les plus reculés du pays ne disposant d’aucune infrastructure cinématographique, ni salle de cinéma, ni centre culturel, ni rien ! Et, comble du malheur, la dernière cession de la Commission de Soutien aux Festivals et Manifestations Cinématographiques a choisi de soutenir non moins de 60 festivals au titre de la 2ème cession de 2021, leur distribuant, dans un esprit de partage (louziaa), plus de 17.000.000 dhs !

INFLATION DE FESTIVALS

Contacté à ce propos, le directeur du CCM a affirmé que “la recrudescence des festivals de cinéma est anormale et n’a presque plus d’impact positif sur le développement du cinéma national“. Effectivement, au regard de la fermeture continue des salles de cinéma, de la réduction du public à une peau de chagrin et du recul notoire de la production nationale, les festivals de cinéma se transforment de plus en plus en festivités de circonstance, sans aucune valeur ajoutée sur le dévoppement du secteur. “Il faut certainement repenser et mieux structurer et réglementer l’organisation des festivals soutenus par l’Etat“. Un des professionnels habitués des festivals remarque sans ambiguïté : “On voit plus les invités dans les lieux de bouffe et autres activités festives, où ils s’agglutinent en masse, que lors des séances de projections, débats et rencontres au cours desquels les salles demeurent généralement vides“.

“Il y a aussi cette absence d’originalité dans la majorité des festivals de cinéma qui finissent par proposer souvent les mêmes produits selon les mêmes concepts“, note un autre professionnel, ajoutant “sans oublier qu’on retrouve souvent les mêmes invités, hommagés et intervenants, rendant les festivals répétitifs et routiniers“.

Cela redonne aussi tout son sens à la fameuse citation de Christina Aquilera : “Alors, où se déroule le Festival de Cannes cette année ?“ 

AUGMENTATION DES PRIX ET SERVICES

Un autre aspect, apparu suite aux néfastes conséquences de la pandémie du Covid 19 sur la vie des festivals, pose un problème économique et financier aux organisateurs. Un président d’un des festivals pionniers, et qui a sauvegardé sa vocation et ses traditions cinéphiles, soulève “l’augmentation vertigineuse des prix et coûts des services qui dépasse les 40%, surtout dans les domaines du séjour, de la restauration et du transport ! Cela perturbe l’équilibre financier du festival, risque d’imposer des restrictions drastiques et pousse aussi à la recherche de nouvelles sources et formes de financement“. Ainsi, cela risque de se répercuter sur la qualité des prestations et des conditions d’accueil et de séjour des participants.

Il est bien entendu qu’il ne faut pas faire d’amalgame ni généraliser et mettre tous les festivals dans le même panier. Les festivals qui se respectent et respectent les règles de genre sont toujours là et assurent une contribution certaine au développement du cinéma national. Comme le droit d’existence de petits festivals dans de petites localités est vivement souhaitable, car ce sont de petites fenêtres culturelles ouvertes sur le monde. Le problème essentiel demeure dans le choix d’une régulation rationnelle de l’attribution du soutien public à ces festivals.

Enfin, ce bref état des lieux rend l’inflation des festivals de cinéma nuisible au développement du secteur et rend nécessaire une refonte en profondeur de leur réglementation, incluant une classification plus précise par genres et catégories.

Cela nous rappelle aussi la fameuse citation de Jean-Luc Godard à propos des festivals de cinéma : «Aujourd’hui, les festivals de cinéma sont comme les congrès de dentistes. C’est tellement folklorique que s’en est déprimant ». 

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