Culture
Elle nous vient de Berlin
De G à D : Mounia Rizkallah, Mohamed Briouel et Abdallah Issami - un voyage intemporel, une boite musique à remonter le temps, offrant à la postérité cette image d'une fusion de musiciens d'ici et d'ailleurs où seul le talent compte et où l'âge ne fait pas la différence
ne jeune femme et deux hommes d'âge mûr, deux styles, deux époques qui se perpétuent généralement loin les uns des autre, dans une indifférence mutuelle, se retrouvent presque par magie côte à côte avant de fusionner dans un même enchantement musical, captivant un public ravi. C'était jeudi soir au Théâtre Mohammed V à Rabat.
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Elle, c'est Mounia Rizkallah, née à Bordeaux, qui couronne un voyage à travers monts et partitions en tant que première violoniste de l'Opéra de Berlin. D'origine marocaine, même si elle n'a connu du Maroc que les visites qu'elle y a effectuées, Mounia Rizkallah (Mounia Don de Dieu), n'a pas oublié. Elle revient, convaincue, selon sa biographie, "de la force de la transmission et de la préservation du patrimoine que constitue la musique". En 2017, elle fonde l'Akadémia masterclass afin de professionnaliser de jeunes musiciens sélectionnés uniquement pour leur talent et leur motivation. Elle trouve dans l'Institut académique des arts, relevant de l'Académie du Royaume du Maroc et son Secrétaire perpétuel Abdeljlil Lahjomri, le parrainage et le soutien nécessaire. Et dans les jeunes musiciens de la Gendarmerie Royale, de la Garde Royale et des Forces Royales Air, ainsi que des conservatoires marocains, une pépinière mûre. Ce sont eux qui, mardi soir dans l’enceinte de l’Académie du Royaume et jeudi soir au théâtre, ont bercé un auditoire diversifié aux sons de la musique classique occidentale et de la musique arabo-andalouse (Al ala dira Feu Mohamed El fassi relayé par Abdejlil Lahjomri). Des membres de l'Opéra de Berlin et des musiciens d'Italie, d'Espagne, de France, des États-Unis, d'Argentine et du Venezuela, ont ajouté leur participation à ce concert, partageant leurs expériences pendant quinze jours avec de jeunes venus de 12 villes marocaines.
Eux, ce sont Mohamed Briouel et Abdallah Issami. Briouel, grand maître de la musique andalouse, contribue avec l'Orchestre Arabo-Andalou de Fès à la diffusion de sa musique au Maroc et à l'international. Il aime, selon sa biographie, "expérimenter au service de la diversité et de l'union des musiques de tous horizons : arabo-musulmanes, juives, espagnoles médiévales, ou encore Amazigh…". Abdallah Issami n'est plus à présenter. Il est entré dans l'histoire en composant en une nuit les paroles de Sawt Al Hassan, écrites par Fathallah El Mghari.
Elle et eux ont fait un voyage dans le temps, offrant à la postérité cette image d'une fusion de musiciens d'ici et d'ailleurs où seul le talent compte et où l'âge ne fait pas la différence. Pour le tombé de rideau, à l'Académie du Royaume comme au théâtre Mohammed V, ils ont offert en final, ensemble, Sawt Al Hassan y'nadi, exécuté de façon magistrale comme un rappel du serment, le Serment de la Marche Verte.