Habiba, ''J'ai écrit ''Cœur berbère'’ pour demander pardon à Yemma''...

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La peur la figeait au sol. Aouïcha refusait d’accepter cette réalité qui la déstabilisait. Elle trouvait refuge dans le déni pour fuir peine et peurs

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L’auteur Habiba Benhayoune a présenté, mardi à la Villa des Arts de Rabat, son nouveau roman "Cœur berbère" dans une ambiance de grande émotion.

Le roman retrace la vie de Aouïcha qui décide de se frayer un chemin vers la liberté après les années de tourmente qu’elle a dû endurer. Fascinée par la mer et les bateaux, Aouïcha puisait sa joie dans le temps passé avec son père à contempler la somptuosité de la nature.

Sa vie semble paisible. Sauf que les coups assénés à sa maman par son propre mari en font un calvaire quotidien.

Le récit dépressurise le lecteur dans un monde où la fiction exprime la réalité, indique Mme Benhayoune en présentant son roman. "Aucun auteur, dit-elle, ne peut nier que dans chacune de ses œuvres, il y a une part autobiographique" et que "la création prend racine dans la douleur et le bonheur vécus".

La romancière explique avoir écrit "Cœur berbère" pour rendre hommage à "Yemma" qu’elle qualifie d’"universelle" et d’"irremplaçable", une mère qui donne la vie et accompagne ses enfants jusqu’à l’âge adulte et parfois même au-delà.

"J’ai écrit pour demander pardon à ma mère que je contemplais enfant, pendant qu’elle croulait sous les coups des godasses. J’ai écrit pour me libérer de la culpabilité, c’était trop lourd à porter de voir cette femme, ma mère, qui pleurait en silence les douleurs de sa vie", s’est confiée l’auteure en public, ne pouvant retenir ses larmes.

Hantée encore par les stigmates du passé et la charge de la douleur, l’auteure et son roman, dénoncent l’acte condamnable de la violence conjugale et tentent de répondre au "pourquoi ?" des choses, une question qui restait en suspens et dans laquelle elle s’enlisait en se dissimulant de la vérité pendant longtemps.

"Aouïcha a vécu terrifiée par la violence incontrôlable d’un père en mal-être. La peur la figeait au sol. Aouïcha refusait d’accepter cette réalité qui la déstabilisait. Elle trouvait refuge dans le déni pour fuir la peine et la peur liée à la violence", explique encore l’auteure d’un ton sombre.

"L’écriture est un espace pour me ressourcer, me retrouver avec moi-même et décompresser (…). Ecrire me permet de retrouver mon âme d’enfant. Mon enfance dérobée !", dit-elle, affirmant avoir trouvé refuge dans "l’amour des mots qui soignent sans guérir bien des maux".

Evoquant sa grande résilience face aux aléas de la vie en remontant dans le temps, l’auteure relève  que le "Cœur berbère" qui est le sien a résisté à la violence conjugale subie par la mère d’Aouïcha et les traumatismes vécus, au déracinement, la séparation et la vie en exil pour enfin "s’affranchir des ombres de la nuit".

Auteure, ergonome et psychologue du travail, Habiba Benhayoune est une Marocaine née en Algérie de parents rifains. Elle a grandi dans le sud de la France et a quitté sa famille à l’âge de 18 ans pour poursuivre ses études à Paris. Elle a sorti son premier livre intitulé "L’Exil dans la vapeur" en 2010.

 

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