Premier festival de l’Aïta Marsaouia, dans trois villes de la région Casablanca-Settat : Plus qu’un divertissement

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L'Aïta Marsaouia est un moyen de transmission des histoires et des traditions locales, ainsi que d'expression des sentiments collectifs. Elle joue un rôle important dans la préservation de l'identité culturelle des régions où elle est pratiquée

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Casablanca - La première édition du festival de l’Aïta Marsaouia commence ce 12 juiller lieu dans les villes de Oualidia, Settat et Casablanca, et se poursuivra jusqu’au 27 juillet.

Le festival propose des soirées musicales, avec en tête d’affiche des artistes renommés. Abdelaziz Stati, Zina Daoudia, Ould El Houate, Said Senhaji, Abdellah Daoudi et Oulad El Bouazzaoui, entre autres, mettront en scène toutes les dimensions de cet art populaire.

Kharboucha, Hadda de son prénom, figure emblématique et légendaire de lAïta Marsaouia

L'Aïta Marsaouia, musique traditionnelle marocaine, enracinée dans les régions de Casablanca, El Jadida, et Safi, est une expression culturelle riche qui mêle chant, poésie et danse, et est souvent associée aux fêtes et aux célébrations locales. Elle est principalement une performance poétique chantée. Les paroles sont souvent improvisées et traitent de thèmes sociaux, amoureux et parfois satiriques. Les chanteurs, appelés cheikhs et cheikhates, jouent un rôle central en interprétant ces poèmes avec une grande expressivité. La Marsaouia utilise des instruments traditionnels tels que le luth (oud), le violon (kamanja), le tambour (taarija), et le bendir. Ces instruments créent une ambiance rythmique et mélodique qui accompagne le chant. Ele est notamment caractérisée par des rythmes syncopés et des mélodies répétitives qui créent une transe collective pendant les performances. Les musiciens et chanteurs interagissent souvent avec le public, encourageant la participation et la danse.

Mais l'Aïta Marsaouia est plus qu'une simple forme de divertissement ; elle est un moyen de transmettre des histoires et des traditions locales, ainsi que d'exprimer des sentiments collectifs. Elle joue un rôle important dans la préservation de l'identité culturelle des régions où elle est pratiquée. Avant et pendant le protectorat français, elle a notamment incarné une forme de résistance dans cheikha Kharboucha, Hadda de son prénom, est une figure emblématique.

Malgré les changements sociaux et l'urbanisation, l'Aïta Marsaouia reste une forme de musique populaire et respectée. Elle est souvent jouée lors de mariages, de festivals et d'autres célébrations communautaires. Des artistes contemporains continuent de perpétuer cette tradition, en l'adaptant parfois à des styles plus modernes pour atteindre un public plus large.

C’est dans cette perspective de préservation et de perpétuation que s’inscrit ce premier festival avec au programme également, des débats, des projections de films et une exposition dédiée à l’art de l’Aïta. L’objectif étant de mettre en lumière ce patrimoine musical profondément ancré dans la culture marocaine, a-t-on indiqué lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation de ce festival.

En hommage aux pionniers de l’Aïta, cette première édition est dédiée à Bouchaib El Bidaoui, figure emblématique de l’Aïta Marsaouia. Un hommage sera rendu également lors de l’événement à l’artiste Donna.

Le festival comportera un volet académique avec une journée d’étude sur le thème "L’Aïta entre racines rurales et extensions urbaines", ainsi qu’une table ronde intitulée "L’art de l’Aïta entre tradition et tentatives de renouvellement". En outre, une rencontre professionnelle réunira trois artistes pour discuter des différents aspects de cet art musical.

En marge du festival, une exposition présentera divers éléments liés à l’Aïta, incluant instruments, costumes, photos et documents historiques, soulignant notamment le rôle de ce genre musical à l’époque de la résistance contre le colonisateur.

"L’intérêt porté à l’Aïta Marsaouia, en tant que patrimoine artistique immatériel vise à la célébrer et à contribuer à sa préservation, sa conservation et à assurer sa continuité à travers les générations", a souligné Abdellatif Maazouz,président de la Région de Casablanca-Settat. "Il s’agit également de promouvoir son rayonnement à travers les activités d’un festival dont le programme comprend de nombreux concerts animés par des artistes et des groupes dédiés à cet art marocain authentique", a-t-il poursuivi.

Pour Hafida Khouyi, directrice du festival,  l’événement artistique est une occasion de célébrer l’art de l’Aïta Marsaouia et de contribuer à sa préservation, notamment en le faisant connaître aux jeunes générations.

Le festival a programmé des soirées artistiques sur différentes périodes et dans trois villes - Oualidia, Settat et Casablanca - en tenant compte de la dimension régionale, et aussi pour permettre aux amateurs de cet art de se déplacer entre ces villes pour profiter des spectacles

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