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OCP : LES RESPONSABILITES ASSUMEES D’UN LEADERSHIP
Le conseil d’administration de l’OCP. SA du 19 mars a donné l’occasion à une présentation magistrale du bilan de la première vague d’investissements des projections de la seconde, mais aussi, et peut être surtout nouvelle vision du rôle de l’OCP dans l’impulsion de son écosystème.
Le bilan de la décennie d’investissement 2007-2017 est plus que positif. Il a permis de renforcer toutes les capacités, sur la roche on est passé de 30 millions de tonnes 0 44, sur les engrais de 4 millions d’équivalent à 12 et la capacité portuaire est passée de 30 MT à 50.
Sur chiffre d’affaires, depuis 2010, l’OCP, malgré la fluctuation des prix, se maintient au-delà d’une moyenne de 48 milliards de dollars. Sans les investissements engagés, cette performance aurait été impossible.
Mais l’OCP n’est pas simplement en concurrence avec les pays producteurs de phosphates, ou les entreprises productrices d’engrais chimiques. Le champ de la compétition s’étend aussi aux secteurs des pesticides et phytosanitaires et des semences. Et dans cette concurrence, le nerf de la guerre est la Recherche et Développement. Dans des documents officiels, les fabricants de pesticides travaillent sur « des intrants biologiques qui peuvent complémenter ou se substituer aux intrants chimiques » et le secteur des semences « au développement des semences dont les besoins en nitrogène sont réduits ». Conscient de cette réalité, le management de l’OCP a fait de la R&D une priorité.
Une vision globale
L’OCP a choisi d’investir simultanément sur les deux leviers. En amont sur comment améliorer l’accès à la matière première, la R&D et l’excellence opérationnelle. En aval il investit dans les data plateformes, le marketing, la formation et surtout les services aux fermiers, clients finaux alors que l’OCP ne traite qu’avec des intermédiaires. Cet aspect fait avancer la recherche pour une meilleure connaissance des besoins et de la nature des sols. Dans ce contexte, l’université Mohammed VI polytechnique est le vecteur principal de l’innovation au sein du groupe avec des partenariats stratégiques et académiques.
La deuxième vague des investissements vise à renforcer les capacités industrielles, de manière très sensible. Les trois axes sont concernés : l’axe nord ( Khouribga, el Jorf) vise à renforcer sa capacité de production d’engrais qui devrait connaitre une croissance augmenter de 3 millions de tonnes à l’horizon de 2022. Les investissements prévus sont de 20 milliards de dirhams créant 1200 emplois permanents, alors que la construction crée près de 5 millions de journée de travail.
L’axe centre ( Benguerir, Yousoufia, Safi) bénéficiera d’un volume d’investissement de 40 milliards de dirhams avec une création de 2500 emplois permanents, une nouvelle ligne sulfurique, une plateforme phosphorique, une nouvelle laverie etc. sont au programme. Cela permettra de doubler la capacité en acide phosphorique et de faire passer la capacité en roche de cet axe de 7 à 12 MT à l’horizon de 2026.
Quant au troisième axe Laayoune (phosboucraâ), le programme d’investissement 2016-2023 est déjà engagé à 46%. Prévu à 17 milliards de dirhams, il permettra la mise sur pied d’un complexe d’engrais d’une capacité de 1 MT et d’une nouvelle unité de dessalement d’eau de mer.
Le dessalement fait partie intégrante d’une stratégie globale visant à réduire la consommation d’eau disponible et à satisfaire à 100% les besoins à partir des eaux non conventionnelles.
Un leadership socio-économique
L’OCP a de tous temps accordé une importance capitale à sa responsabilité économique et sociale, surtout sur les sites et les villes environnantes. La nouvelle vision est beaucoup plus ambitieuse que l’action des années précédentes. Le groupe met en place un fonds d’appui à l’écosystème national, afin d’investir dans les PME et les TPE, doté d’un capital de 500 MDH. En sus, une convention avec les banques permettra un financement sur la base du référencement OCP, qui agira comme un renforcement de garanties.
Le développement de l’écosystème des sites bénéficie de plusieurs dispositions. D’abord, la part d’achat OCP en local doit augmenter de 12% à 30% dès 2020. Les ressources de l’OCP seront impliquées pour la formation et l’accompagnement de 200 jeunes entrepreneurs par an et par site. Les écoles de codage permettant le développement d’un écosystème digital et les incubations ont pour objectif la création de 20 startups par site annuellement.
Les entreprises auront l’opportunité d’être accompagnés en Afrique par l’OCP et ses filiales, tout en bénéficiant de 70% des commandes dans le cadre de la deuxième vague des investissements. Les ambitions de l’OCP, leader mondial, sont simples. Il veut capter 50% de la croissance du marché, ce qui est légitime puisque le Maroc détient 70% des réserves mondiales. Cette ambition est aussi liée à une vision et un rôle national d’impulsion, en particulier sur les sites, qui dépasse l’ancienne vision de la responsabilité sociale. L’OCP se donne ainsi les moyens de ses ambitions.
Jamal Berraoui.
N B : données officielles OCP