économie
Shadow Banking : Le mécanisme du prêt/emprunt détourné de sa fonction initiale
L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) a publié récemment des statistiques sur le prêt/emprunt de titres sur le marché marocain après être restée presque un an sans publier ces chiffres
L’AMMC révèle que durant l’année 2016, le volume des opérateurs de prêt a atteint près de 325 milliards de dirhams en augmentation de près de 55% par rapport à l’année 2015. L’AMMC ajoute qu’à l’exception du 1er trimestre 2016, les banques sont les premiers emprunteurs alors que les Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) sont les principaux prêteurs.
L’autorité affirme également que les opérations de prêt de titres portent principalement sur les bons de trésor qui représentent à eux seuls près des 2/3 des titres prêtés en 2016. Les obligations et les certificats de dépôt ont aussi fait l’objet d’opérations de prêt avec des parts respectives de près de 20% et 12%. Quant au prêt sur actions, il a atteint près de 1,3% du volume total.
Le site boursenews.ma a fait une analyse sur ces statistiques publiées par l’AMMC. Il explique qu’entre le dernier trimestre de 2014 et le troisième trimestre de 2015, les volumes sont passés de 41 milliards de dirhams à 144 milliards de dirhams en quelques mois. Il révèle qu’un opérateur, qui a voulu gardé l’anonymat, leur a confié que l’objet initial du prêt/emprunt (qui devait porter plus sur les actions que sur les bons du trésor) a été détourné.
Le site poursuit en affirmant que lorsque les volumes étaient de 144 milliards de dirhams, 74% des opérations se faisaient sans garantie entre le prêteur et l’emprunteur. L’OPCVM va prêter des titres à sa banque maison-mère dans le secret le plus total (sauf aux yeux de l'AMMC) et sans garanties alors que lors de la mise en place du prêt/emprunt, l'une des réticences des opérateurs était de se retrouver dans une telle situation où les prêts, dits à blanc, deviennent prédominants, indique boursenews.ma.
Ce dernier ajoute que l’autre problématique que génère le prêt-emprunt de titres est qu’il permet de faire jouer un effet de levier extrême dans la mesure où les banques dépositaires peuvent en abuser surtout lorsqu’il s’agit d’emprunts sans garantie.
L’analyse annonce que la loi sur le prêt/emprunt de titres sera bientôt sera bientôt amendée pour supprimer les prêts à blanc. Elle poursuit en affirmant que l’erreur provient non pas des opérateurs mais du législateur.