Entretien avec Abdeladim El Hafi, Commissaire Général de la COP22

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A J-1 de l’ouverture de la COP22, Marrakech est fin prête pour recevoir l’événement tant attendu. Le Comité de Pilotage, qui a organisé cet événement a été désigné par le roi Mohammed VI en février 2016, parmi cette équipe figure le nom de Abdeladim El Hafi au poste de Commissaire Général de la COP22. Son rôle est celui du chef d’orchestre, la coordination du travail d’organisation de la COP22, tant sur le plan du contenu que sur le plan de la logistique. Ce dernier s’est confié au Quid pour faire le point sur cet événement international. Entretien.

Le changement climatique, allons-nous réussir à stopper ce phénomène ?

Vous savez, toutes les démarches qu’on est en train de faire n’auront aucun effet immédiat sur le changement du climat lui-même. Ce travail n’apportera ses fruits que d’ici 4 à 5 décennies (limiter le réchauffement inéluctable du climat à 2° seulement).

Notre principal objectif pour l’instant, c’est de mettre en place des dispositifs pour lutter contre les effets du changement climatique, tels que les inondations, les déplacements de terrain, les sécheresses, la migration…

Quid des pays africains ?

Malheureusement, les pays africains ne sont en aucun cas responsables des changements climatiques, mais ils sont les plus affectés pas ses effets !

Ce n’est que justice que de mobiliser un effort global et universel, et surtout différencié pour ces pays qui subissent les effets néfastes de quelques choses qu’ils n’ont pas engendré. En ce sens, la présidence marocaine a défini une stratégie pour apporter une justice climatique et solidaire à ces pays en particulier, et pour toute la planète en général.

Vous parlez de justice et de solidarité climatiques. Qu’est ce que cela veut dire et comment peuvent-elles être appliquées ?

Effectivement, on parle de solidarité intergénérationnelle, cela inclut un modèle de développement économique inclusif, qui permet la reconstitution du lien social de toutes les composantes de la société, pour aller dans le même sens et dans la même direction. Le changement climatique ne s’arrêtera qu’à horizon 2050-2060, d’ici là il faut mettre en place des plans nationaux adaptés pour permettre le traitement de ce genre de dérèglement climatique, et la gestion de ses conséquences. Cela passe par la formation des ressources humaines. Il faut éviter de recourir aux expertises étrangères, et localiser en travaillant avec des ressources humaines nationales, ce qui permettra aux pays du sud de se prendre en charge, et de dupliquer cela sous forme de politiques nationales avec un suivi en propre. La formation des capacités est un axe central pour réussir ces défis, Le Maroc est en train de montrer l’exemple par la création du Centre Marocain des Compétences du Changement Climatique qui doit être pris comme exemple par les autres pays du sud. Il faut aussi que les pays du nord qui détiennent la technologie, la partagent avec les pays du sud. Aussi, il faut instaurer une culture de partage universelle afin d’arriver à un objectif commun, qui est une justice et une solidarité climatiques.

Outre votre fonction de Commissaire de la COP22, vous êtes aussi Haut-Commissaire aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification. Quid de ce phénomène effrayant qu’est la désertification, dans le monde en général, et au Maroc en particulier ?

L’objectif 15 du plan de développement durable des Nations Unies montre que chaque année 12 millions d’hectares dans le monde sont livrés au désert. Vous savez, cette dégradation est telle qu’elle a poussé les Nations Unies à fixer la restauration annuelle à 12 millions d’hectares pour neutraliser la désertification. Pour ce qui est du Maroc, le défi majeur de la désertification est l’érosion, et je pense que le travail qui a été fait ces dix dernières années est respectable. On a peut citer l’exemple des terrains à bassin versant avec le traitement de 800 000 hectares. C’est un chiffre important, car il nous a permis de protéger les barrages, et éviter l’érosion du sol. On peut citer aussi les progrès qu’on a réalisés en matière d’ensablement et de fixation des dunes côtières et continentales, ainsi que la protection des terres et des Oasis. Car ces phénomènes jouent un rôle important dans la remontée du terrain.

A quelques heures du début de la COP22, comment avez-vous vécu les préparatifs au sein du Comité de Pilotage ?

Quand le Comité de Pilotage a été désigné au mois de Février dernier, la priorité a été de mettre le train sur les rails, pour gérer ce projet colossal. On avait la contrainte du timing et surtout celle de construire un village de la taille de celui qui abritera la COP à Marrakech. A J-1, le village est fin prêt, et peut être enregistré dans le Guiness Book des records avec ses 25 Hectares. La mise en place du processus de la création du village et surtout le réussir a été un défi qu’on a pu relever. Pour ce qui est des accréditations, on s’attendait à 20 ou 25 000 demandes, au jour d’aujourd’hui on est à 20 000 accréditations dans la zone bleue et au delà de 30 000 accréditations pour la zone verte.

Y-a-t’ il une vraie volonté de changement ?

Si les gens n’avaient pas la volonté de relever le défi de sauver la planète, ils ne se seraient pas déplacé jusqu’à Marrakech. Mais il ne faut pas considérer la COP22 comme une finalité, ce n’est qu’une étape où les participants peuvent se rencontrer et débattre des changements climatiques. Il y a eu une période avant et après Marrakech. La cop 22 sera l’occasion de livrer des projets qui sont arrivés à maturité. Et la présidence marocaine durera jusqu’en 2017.

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