15 ans de prison pour le frère de Bouteflika, Louisa, Mediene et Tartag

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Dans un procès expéditif, loin des médias, le frère du président déchu, Saïd Bouteflika, deux ex-chefs du renseignement et une cheffe de parti politique ont été condamnés par un tribunal militaire algérien à 15 ans de prison pour "complot contre l'autorité de l'Etat".

Le verdict est tombé dans la nuit de mardi à mercredi, après le second jour consécutif d'audience, alors que nombre d'Algériens pensaient que ce procès tant attendu et qualifié d'historique par les médias serait long.

La tradition algérienne du huis clos a été bien observée.Hormis quelques indiscrétions des avocats, rien n'a filtré, aucun média n'ayant été autorisé à couvrir ce procès emblématique.

Jugés par le tribunal militaire de Blida, au sud d'Alger, Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, le général Mohamed mediene "Toufik" et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, ont écopé de 15 ans de prison pour "atteinte à l'autorité de l'armée" et "complot" contre l'Etat.

Selon un communiqué du tribunal militaire, les accusés ont été jugés "pour des faits commis dans une enceinte militaire, la résidence Dar El Afia", à Alger.

Le parquet avait requis une peine maximale de 20 ans de prison contre chacun d'eux.

Appels  

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"Je n'ai absolument rien à dire sur ce procès, si ce n'est que nous faisons appel", a déclaré à Me Miloud Brahimi, l'un des avocats de M. Mediene, qui a longtemps été le puissant chef des renseignements. Me Farouk Ksentini, également avocat de M. Mediene, a dit avoir été "surpris par la sévérité du verdict". 

Me Boudjemaa Ghechir, avocat de Mme Hanoune, a déclaré à l'AFP qu'il allait interjeter appel, jugeant le verdict "sévère".

Le juge a indiqué aux accusés qu'ils pouvaient faire appel devant la Cour militaire d'appel "dans un délai de dix jours", selon un communiqué.

Saïd Bouteflika, 61 ans, était considéré comme le véritable homme fort du palais présidentiel depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime son frère en avril 2013. Il était l'une des figures honnies des manifestants réclamant depuis le 22 février le départ des responsables du système.

Le tribunal a également condamné à 20 ans de prison par contumace l'ancien ministre de la Défense et ex-chef d'état-major de l'armée Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, jugés dans la même affaire.

Les trois hommes sont depuis le 6 août sous le coup d'un mandat d'arrêt international.

D'abord entendu comme témoin le 14 mai dans le cadre de l'enquête visant Saïd Bouteflika, le général Nezzar avait affirmé que ce dernier lui avait dit envisager d'instaurer l'état de siège et de démettre le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée.

"Procès politique" 

Pour Ramdane Tazibt, un des dirigeants du PT, il s'agit "d'un procès politique".

C'est "une criminalisation dangereuse de l'action politique et une attaque contre la démocratie", a-t-il affirmé à l'AFP, estimant que Mme Hanoune et ses avocats "ont démontré qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle soit emprisonnée".

Ce procès a lieu après une vague d'arrestations massives dans l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika, contraint à démissionner début avril sous la pression conjuguée de l'armée et d'un mouvement de contestation inédit.

Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d'ex-hauts responsables politiques et des hommes d'affaires, accusés d'avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime de M. Bouteflika.

Le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Louisa Hanoune a été placée en détention provisoire quatre jours plus tard.

La défense avait admis que Mme Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général "Toufik" le 27 mars, au lendemain d'une déclaration du général Gaïd Salah, demandant le départ d'Abdelaziz Bouteflika.

Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de comploter contre l'armée.

Le 2 avril, le général Gaïd Salah a réclamé la mise en oeuvre de la procédure constitutionnelle prévoyant "l'empêchement" pour raison de santé d'Abdelaziz Bouteflika, qui a remis sa démission quelques heures plus tard, après 20 ans au pouvoir. 

La contestation réclame désormais le départ du "système" au pouvoir depuis deux décennies, dont celui du général Gaïd Salah, un ex-fidèle de Bouteflika, devenu l'homme fort du pays. Les manifestants rejettent la présidentielle fixée par le pouvoir intérimaire au 12 décembre.