80ème anniversaire au Sénégal du massacre de Thiaroye par l’armée coloniale française

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Sidy Diop, gardien du cimetière militaire de Thairoye, passe devant les tombes à Dakar, le 26 novembre 2024, où sont enterrés les tirailleurs sénégalais tués le 1er décembre 1944 à la suite d'un litige concernant leurs revenus avec l'armée française (Photo AFP)

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« Des héros africains sans défense, armés de courage, de dignité et de fraternité africaine ont été froidement abattus ; il s’agissait là d’un massacre. 80 ans après ces crimes de masse, le silence de Thiaroye est toujours aussi assourdissant » (Bassirou) Diomaye Faye

Dakar - Le Sénégal a commémoré dimanche le 80e anniversaire du massacre des tirailleurs par l’armée coloniale française, commis le 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, dans le département de Pikine à l’ouest du pays.

Les forces coloniales ont ce jour-là ouvert le feu sur des tirailleurs africains rapatriés après avoir combattu avec l’armée française en Europe et stationnés au camp militaire de Thiaroye en vue de leur démobilisation. Appartenant au corps des tirailleurs sénégalais mais provenant également de toute l’Afrique occidentale française, ils réclamaient avant leur départ le paiement de l’intégralité de leurs arriérés de soldes.

Lors d’une cérémonie officielle organisée pour cette occasion en présence de plusieurs chefs d’État africains, d’invités étrangers et des ambassadeurs en poste à Dakar, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, a affirmé que «sur la terre blessée de Thiaroye résonnent encore les balles sifflantes», rappelant que les tirailleurs africains méritent le respect et l’honneur.

"Des héros africains sans défense, armés de courage, de dignité et de fraternité africaine ont été froidement abattus ; il s’agissait là d’un massacre. 80 ans après ces crimes de masse, le silence de Thiaroye est toujours aussi assourdissant (…) Aujourd’hui par devoir de mémoire, de vérité et de justice, nous ne pouvons oublier les exécutions sommaires ici au camp de Thiaroye", a-t-il déclaré, jugeant impératif de rappeler "l’histoire, toute l’histoire sans trou de mémoire. C’est ce qui fonde l’essence universelle des valeurs de paix, de liberté et d’égale dignité attachées à la nature humaine. Toutes ces raisons ont renforcé notre conviction de commémorer l’anniversaire du massacre de Thiaroye».

Evoquant des mesures destinées à "restaurer la mémoire et la dignité" des tirailleurs sénégalais, le chef de l’État sénégalais a particulièrement souligné qu’un Mémorial à l’honneur de ces martyrs sera érigé à Thiaroye ‘’pour servir de lieu de recueillement ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires’’, ainsi qu’un centre de documentation et de recherche dédié ‘’pour conserver la mémoire’’ de ces soldats africains ayant participé à la libération de la France du joug nazi.

Des rues et places porteront le nom de cet événement tragique, de ces soldats pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien, a-t-il poursuivi notant que ‘’l’histoire de Thiaroye sera enseignée dans les curricula éducatifs’’.

Le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazouani, président en exercice de l’Union Africaine, a loué le sacrifice des tirailleurs, indiquant que ‘’leurs sacrifices resteront gravés dans notre mémoire et présents dans la conscience collective de nos peuples’’, indiquant que ‘’leurs sacrifices resteront gravés dans notre mémoire et présents dans la conscience collective de nos peuples’’..

M. Ould El-Ghazouani a notamment loué la détermination et l’ardeur au combat des tirailleurs, malgré les mauvaises conditions climatiques en Europe et la puissance militaire de l’ennemi.

Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a quant à lui, indiqué que ‘’si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même car elle n’accepte pas qu’une telle injustice puisse entacher son histoire. (…) Cultivons l’amitié entre le Sénégal et la France sur les fondations d’une mémoire qui rassemble plutôt qu’une mémoire qui divise’’.

Il a aussi rappelé le parcours de ces tirailleurs, depuis leurs villages jusqu’aux champs de bataille où ils se sont illustrés ‘’par des exploits sanctionnés par de si nombreuses citations et décorations militaires’’, notant que ‘’rien ne peut justifier que des soldats de la France aient ainsi retourné leurs canons contre leurs frères d’armes’’.

Le 1er décembre 1944, des soldats d’Afrique appelés tirailleurs sénégalais ont été tués à l’arme automatique dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres de Dakar, par l’armée coloniale pour avoir réclamé le paiement de leurs arriérés de solde et diverses primes et indemnités.

Le bilan de 35 morts donné par les autorités françaises, estimé à dix fois plus par des historiens, est l’une des grandes pommes de discorde entre Paris et les Etats africains, dont étaient originaires les 1600 soldats démobilisés après avoir participé à la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale.

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