Algérie : Charité bien ordonnée, commence par soi-même

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Dans une conjoncture des plus difficiles, où les caisses de l'Etat souffrent le martyre, le gouvernement algérien décide de rayer 7 000 milliards de dinar algérien (pas moins de 59 milliard d’euros) de dettes et impôts non recouvrés par le Trésor public, à la stupeur du peuple algérien

C’est une grande inquiétude qui règne en Algérie, avec une crise économique qui bat son plein. Le gouvernement de Bouteflika, par le biais de son ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, vient de  plaider “pour la mise en place d'un mécanisme à même d'effacer ces dettes, impossibles de recouvrer, au lieu de les reporter à chaque fois dans les documents comptables”, ceci en présentant, ce dimanche 4 décembre, le projet de loi de finances 2017 au Conseil de la nation.

Selon le rapport préliminaire de la commission des finances de la Chambre haute du Parlement, Hadji Baba Ammi a ignoré les interrogations des sénateurs. En effet, plutôt que de faire figurer les dettes dans les documents comptables, le gouvernement propose la mise en place d’un mécanisme permettant de les éponger. Les dettes en question sont estimées à 59 milliards d’euros dont 41 milliards d’euros causés par la faillite des deux plus grandes banques algériennes, 9 milliards d’euros de chèques sans provisions de personnes incapables de rembourser et 9 milliards d’euros d'impôt non recouvrés.

Selon ce même rapport, les rapports de la cour des comptes ou encore la loi portant règlement budgétaire de l'année, “ne doivent contenir que les dettes susceptibles d'être recouvrées”. Et d’ajouter qu’il s'agit bien d'importantes sommes d'argent jetées par la fenêtre par le gouvernement, dans une période d'austérité imposée au peuple algérien qui est confronté à l’augmentation des taxes et des prix de plusieurs produits qui toucheront davantage le pouvoir d'achat des ménages algériens dès le 1er janvier 2017.

Face à la démarche du gouvernement, les médias algériens n’ont pas hésité à réagir en la taxant d’« incompréhensible » et d’ « irréfléchie ». Selon eux, elle va à l’encontre des efforts qui devraient être fournis pour renflouer les caisses de l’état et récupérer toute somme d’argent à même d’alléger le poids de la crise ».

Baba Ammi dans le cyclone

Hadji Baba Ammi est devenu la risée du web algérien depuis qu’il a annoncé, samedi 3 décembre, au forum africain d’investissements et d’affaires, qu’il songeait à ouvrir des filiales de banques publiques en Afrique. Il semble oublier que son rôle de ministre des finances est de mettre en place des textes réglementaires pour la modernisation du secteur bancaire algérien, qui est un système archaïque où les moyens de paiement modernes sont inexistants.

Pour rappel, Baba Ammi a annoncé que les 41 milliards d’euros de dette d'impôts non recouvrés par le trésor public, sont causés par la faillite des deux plus grandes banques algériennes. Il s’agit notamment de « Khalifa Bank » (KAB) et de la  « Banque commerciale et industrielle d'Algérie » (BCIA).

Au milieu de tout ce chaos, il est également fait mention de scandales de détournements, de conflits d’intérêts et d’infractions à la réglementation qui restent encore flous. De ce fait, avant de parler d’une ouverture sur les marchés africains, il serait plus judicieux de travailler sur la modernisation des institutions censées porter cette ouverture. Pour ce faire, c’est tout le système politique algérien qui doit être transformé. Charité bien ordonnée, commence par soi-même.

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