Algérie: l'ex-président Bouteflika est mort – 20 ans de règne pour ça !

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Des manifestants décrochent une affiche à l'effigie du président algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 22 février 2019

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L'ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après des manifestations massives contre sa volonté de briguer un nouveau mandat, est décédé vendredi à l'âge de 84 ans.

"Décès de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika", a indiqué un bandeau déroulant à la télévision nationale, citant un communiqué de la présidence de la République.

La date de son enterrement n'a pas été annoncée.

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Manifestation de soignants demandant le départ du président Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 19 mars 2019

Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l'armée et de la rue, celui que les Algériens appelaient familièrement "Boutef" était resté retranché dans la solitude dans sa résidence médicalisée de Zeralda, à l'ouest d'Alger, alors que ses proches étaient poursuivis en justice pour des accusations de corruption. 

Sa chute était devenue inéluctable après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat, après 20 ans au pouvoir, malgré sa maladie.

Bouteflika, né le 2 mars 1937 à Oujda au Maroc où il a grandi et fait ses études, est décédé à "22H00 (21H00 GMT) à son lieu de résidence", selon la chaîne privée El Hayet TV.

Longévité exceptionnelle 

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Sur cette capture d'écran de la télévision Ennahar TV, le président Abdelaziz Bouteflika (c) remet sa lettre de démission au président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz (d), sous le regard du président du Sénat Abdelkader Bensalah, à Alger, le 2 avril 2019

Omniprésent dans la vie politique algérienne durant des décennies, mais devenu quasi-invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, Bouteflika n'avait donné aucun signe de vie depuis que le mouvement de contestation populaire du "Hirak" et l'armée lui avait montré la porte de sortie. 

Ce jour-là, il était apparu pour la dernière fois à la télévision pour annoncer qu'il jetait l'éponge. Le Hirak s'est toutefois poursuivi malgré l'éviction de Bouteflika et de son clan, puis l'élection en 2019 de son successeur Abdelmadjid Tebboune.

Le mouvement réclame le démantèlement du système de gouvernance en place depuis l'indépendance en 1962, et la mise en place d’un pouvoir civil, mais les militaires qui ont la main sur le pays affirment par la voix de celui qu’ils ont mis en place pour succéder à Bouteflika, que les principales revendications des protestataires ont été satisfaites.

Le quatrième mandat de Bouteflika s'était déroulé sur fond de dégringolade des prix du pétrole pour une économie très dépendante des hydrocarbures. 

Les caisses étaient vides et il n'était plus possible d'acheter la paix sociale, comme en 2011 quand le « Printemps arabe » avait soufflé sur la région.

Les télévisions officielles se sont contentées d'annoncer le décès de l'ex-chef de l'Etat, sans toutefois interrompre leurs programmes pour lui consacrer des émissions spéciales.

A part l'annonce officielle, le décès de Bouteflika n'a donné lieu a aucun commentaire des autorités dans l'immédiat, mais des internautes ont abondamment commenté la disparition de celui qui est resté au pouvoir de 1999 à 2019, un record de longévité en Algérie.

"Le pouvoir à tout prix " 

"Abdelaziz Bouteflika est décédé laissant derrière lui un pays détruit. Enfin, il sera entre de bonnes mains qui le jugeront comme il le mérite", écrit sur sa page Facebook Sabrina Debabcha. 

"La dernière mort d'un président. Bouteflika a survécu à toutes les rumeurs. Cette fois la rumeur est morte. Et lui avec", fait remarquer un autre sur le même réseau le journaliste Karim Alem.

Depuis son AVC, qui l'a rendu aphasique et l'a cloué sur un fauteuil roulant, Bouteflika faisait constamment l'objet de rumeurs sur sa santé et sur sa mort. Mais, à chaque fois, il réapparaissant en public pour les démentir. 

Sa candidature à un cinquième mandat successif avait été perçue comme l'humiliation de trop par des millions d'Algériens, qui sont descendus dans la rue dans les grandes villes du pays à partir du 22 février 2019.

Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour à des scores soviétiques en 2004, 2009 et 2014, ce cinquième mandat semblait acquis aux yeux du régime.

Mais six semaines de mobilisation massive du Hirak -- du jamais vu en Algérie -- avaient poussé le patron de l'armée à l'époque, le général Ahmed Gaid Salah, un de ses fidèles, à obtenir sa démission. 

"Toute sa vie, Abdelaziz Bouteflika a été animé par deux obsessions : conquérir le pouvoir et le garder à tout prix. Il voulait faire un cinquième mandat en dépit du fait qu'il était malade et impotent", a affirmé à l'AFP Farid Alilat, auteur de "Bouteflika, L'histoire secrète", une enquête intime sur le parcours de l'ancien "raïs". Son règne aura permis la dilapidation de 1000 milliards de dollars sans que les Algériens en perçoivent leur impact, sinon négatif, sur leur quotidien

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