International
Attaque de la mosquée de Bayonne : tentative et d’assassinat et pas acte terroriste (sic)
La mosquée de Bayonne, ville présentée par ses élus comme "paisible" à la communauté musulmane "intégrée", a été lundi la cible de tirs faisant deux blessés graves de la part d'un octogénaire, ex-candidat du Front national, interpellé après les faits. Tard dans la soirée de lundi, les autorités françaises si promptes d’habitude, hésitaient à qualifier l’acte de terroriste. Il serait le fait d’un vieil homme qui radote et dit des choses incohérentes. Un fusil à la main…
Le président Emmanuel Macron qui recevait à l'Elysée les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), a condamné "avec fermeté l’attaque odieuse" affirmant que "la République ne tolérera jamais la haine" et que "tout sera mis en œuvre" pour protéger "nos compatriotes de confession musulmane".
Le tireur a été placé en garde à vue en milieu d'après-midi du chef de "tentative d’assassinats", a indiqué le procureur de Bayonne Marc Mariée dans un communiqué.
Selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, "à 15h20, un homme a tenté d’incendier la porte de la mosquée de Bayonne. Surpris dans sa tentative par deux personnes, l’homme leur a tiré dessus" et en repartant, a incendié une automobile. Selon le procureur, l'homme était en possession d'un bidon d'essence.
Les deux victimes, gravement blessées par balles, âgées de 74 et 78 ans, ont été opérées et étaient en réanimation lundi soir. Le pronostic "est réservé pour l'un d'entre eux", a précisé la préfecture.
Selon le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, qui s'était rendu immédiatement sur place, deux coups de fusil ont été tirés et "l'un est touché au cou, l'autre au thorax et au bras".
La police judiciaire a été saisie de l'enquête.
De source proche de l'enquête, le tireur présumé, Claude Sinké, 84 ans, a reconnu en garde à vue être l'auteur des tirs. Selon la préfecture à l'AFP, l'homme est détenteur de trois armes de catégorie B, qu'il avait déclarées.
Claude Sinké avait été candidat du Front national (FN) en 2015 aux élections départementales des Landes, canton de Seignanx, mais selon Jacques Leclercq, délégué adjoint landais du Rassemblement national (RN) à l'AFP, il avait été "écarté du parti" après ces élections, sans donner plus de précisions.
Selon le maire de Bayonne, "il n'y a jamais eu le moindre problème avec la communauté musulmane à Bayonne", assurant que la mosquée "très bien gérée" ne "sera pas fermée plus de 48 heures". Une salle municipale a été mise à la disposition des fidèles.
Interrogé par France 3 Nouvelle-Aquitaine, Christian Millet-Barbé, adjoint à la sécurité de la ville, a ajouté que Bayonne était "une ville apaisée, avec une communauté musulmane très bien intégrée (...) "le contexte national ou international a pu contribuer à déranger un peu plus un esprit malade mais nous n'imaginions pas un instant qu'une pareille chose puisse se produire".
"Totalement atypique"
Une équipe de déminage s'est rendue au domicile du suspect, à Saint-Martin-de-Seignanx, une commune de 5.000 habitants à une dizaine de km de Bayonne, dans le département voisin des Landes.
En fin d'après-midi, l'accès au quartier de la maison du suspect était bouclé. Une quinzaine de maisons alentour ont été évacuées.
Interrogé par l'AFP, Mike Bresson, adjoint à la mairie du village landais, a indiqué que l'homme, "connu sur la commune et fui pour ses excès verbaux", était "quelqu'un de totalement atypique dans le paysage, d'un verbe parfois assez violent". "Il donnait l'apparence de quelqu'un de psychologiquement perturbé (...) Il n'aimait pas les gens de gauche, du centre et peu ceux de droite".
Selon Sud-Ouest, il avait adressé la semaine dernière une lettre "rageuse" au bâtonnier de Bayonne et au procureur de Dax, avec copie au quotidien qui ne la publie pas en raison de son caractère "discriminatoire et xénophobe".
L'attaque de la mosquée, qui a suscité nombre de réactions, intervient en plein retour du débat sur le voile islamique, qui crispe le pays depuis des jours et fait craindre une stigmatisation de la communauté musulmane. Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a annoncé se rendre lundi soir à Bayonne. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a assuré sur Twitter "solidarité et soutien" aux musulmans.
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a qualifié sur Twitter ces tirs contre une mosquée d'"attentat" et d'"acte inqualifiable".
Abdallah Zekri, président du CFCM, a "condamné" auprès de l'AFP cet "acte criminel". "L'inquiétude est grande au sein de la communauté musulmane de la ville, m'a dit le représentant du CRCM régional (...) Avec le climat actuel de stigmatisation de l'islam et des musulmans, il ne faut pas s'étonner que de tels actes puissent arriver".