Avec la chute des Assad en Syrie, c’est l’un des deux derniers régimes, encore ‘’debout’’ du fameux ''front du refus'' qui tombe 

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Un char abandonné du régime à l'entrée de la province de Homs, le 8 décembre 2024, après l'entrée des forces rebelles dans la troisième ville de Syrie au cours de la nuit. (Photo Aaref WATAD / AFP)

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Les rebelles menés par des islamistes radicaux ont annoncé à la télévision publique syrienne la chute du président Bachar al-Assad et la "libération" de la capitale Damas, après une offensive fulgurante qui a mis fin à plus de cinq décennies de règne de la famille Assad. Avec la chute du régime Assad, c’est, avec l’Algérie, l’un des deux derniers Etats du front du refus formé dans les années 1970, qui tombe. Les quatre autres régimes et organisation en déliquescence de ce front sont l’Irak, la Libye, le Yémen et l’OLP.

Plusieurs dizaines de personnes ont rallié le centre de Damas pour célébrer la chute du régime. Ils ont renversé et piétiné une statue du père du président Bachar al-Assad, Hafez, qui a dirigé la Syrie depuis 1971 jusqu'à sa mort en 2000, selon des images de l'AFPTV.

"On attendait ce jour depuis longtemps", a déclaré Amer Batha, joint au téléphone par l'AFP depuis la place des Omeyyades. "Je n'arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant", lâche ce Syrien qui fond en larmes: "C'est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie".

A la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du "tyran" Bachar al-Assad et la "libération" de Damas.

Dans leur communiqué, ils ont dit avoir libéré tous les prisonniers "injustement détenus" et appelé à sauvegarder les biens de l'Etat syrien "libre".

Ils avaient annoncé plus tôt sur l'application Telegram "la fuite" de Bachar al-Assad et proclamé "la ville de Damas libre".

"Assad a quitté la Syrie via l'aéroport international de Damas avant que les membres des forces armées et de sécurité ne quittent" le site, a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

L'AFP n'était pas en mesure dans l'immédiat de confirmer de source officielle où se trouve le président qui a dirigé d'une main de fer la Syrie pendant vingt-quatre ans.

"Les événements extraordinaires" en cours en Syrie, sont suivis "attentivement" par le président américain, Joe Biden, selon la Maison blanche.

Fin d'une "ère sombre" 

Profitant de l’affaiblissement du Hezbollah libanais et des incursions israéliens en Syrie, les rebelles ont rapidement conquis plusieurs grandes villes clés, devant l'effondrement des forces gouvernementales.

Ils ont lancé un appel "pour rentrer en Syrie libre" aux Syriens déplacés à l'étranger par le conflit qui a fait depuis 2011 un demi-million de morts, et a morcelé le pays en zones d'influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.

Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, le Premier ministre syrien, Mohamed al-Jalali, s'est dit prêt à coopérer avec tout nouveau "leadership" choisi par le peuple, précisant qu'il serait dimanche matin dans ses bureaux au siège du gouvernement pour toute procédure de "passation" de pouvoir.

"Après 50 ans d'oppression sous le (parti au) pouvoir du Baas, et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements, (depuis le début du soulèvement en 2011, ndlr) nous annonçons aujourd'hui la fin de cette ère sombre et le début d'une nouvelle ère pour la Syrie", ont indiqué les rebelles qui ont infligé un revers cinglant aux forces progouvernementales.

Le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Abou Mohammad al-Jolani, à la tête d'une coalition de rebelles soutenus par la Turquie, a appelé ses combattants à ne pas s'approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrôle du Premier ministre jusqu'à la "passation officielle"

Le Hezbollah libanais, soutien clé du pouvoir de Bachar al-Assad, a retiré parallèlement ses forces de la périphérie de Damas et de la région de Homs (ouest de la Syrie), selon la déclaration d'une source proche du mouvement à l'AFP.

Avancée spectaculaire 

La coalition de groupes rebelles menée par HTS, un groupe issu de l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, a effectué en une dizaine de jours une avancée particulièrement spectaculaire, capturant les grandes villes d'Alep et Hama avant d'annoncer dans la nuit de samedi à dimanche avoir pris le contrôle de Homs, la troisième ville du pays, et être entrée dans la capitale Damas.

Elle a notamment profité du retrait de plusieurs régions des forces gouvernementales face à l'offensive qu'elle a lancée à la surprise générale le 27 novembre à partir de la province d'Idleb, son fief dans le nord-ouest de la Syrie, malgré des raids aériens menés avec l'allié du régime, la Russie, et des opérations au sol contre les secteurs insurgés.

Au sud de la capitale, près de la frontière jordanienne, les troupes gouvernementales ont également perdu le contrôle de la ville de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, au profit de forces locales, selon l'OSDH.

Sur un autre front, dans la province de Deir Ezzor (est), les forces gouvernementales se sont retirées de territoires sous leur contrôle et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes s'y sont déployées.

Avec l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, le pouvoir dirigé par M. Assad avait repris en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d'Alep, dont la partie est avait été prise en 2012 par les rebelles.

Un cessez-le-feu instauré en 2020, parrainé par Ankara et Moscou, avait ramené un calme précaire dans le nord-ouest.