Brutalement et sûrement le Liban commence à ressembler à Gaza

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Une femme lit le Coran devant les décombres d'immeubles rasés le 27 septembre par les frappes israéliennes, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 29 septembre 2024. (Photo AFP)

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L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir mené "des dizaines" de nouveaux raids contre le Hezbollah au Liban où elle continue à viser les cadres du puissant mouvement pro-iranien, deux jours après avoir tué son chef Hassan Nasrallah.

Elle a indiqué avoir "éliminé  Nabil Qaouq, commandant de l'unité de sécurité (...) du Hezbollah et membre du conseil central" de l'organisation.

Le Hezbollah, formation libanaise armée, a confirmé samedi la mort de son chef charismatique Hassan Nasrallah dans un bombardement israélien d'une puissance inouïe vendredi sur son fief près de Beyrouth.

Le décès de celui qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban porte un coup dévastateur au mouvement, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés, mais plonge la région dans l'inconnu.

"Nous avons réglé nos comptes avec le responsable du meurtre d'innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d'autres pays", s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"La ligne" de Nasrallah "se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Jérusalem", selon Téhéran.

Riposte de Téhéran 

Plusieurs cadres du Hezbollah ont été tués au côté de Hassan Nasrallah vendredi dans l'opération baptisée "Ordre nouveau", a indiqué Israël.

Un adjoint du chef des Gardiens de la révolution, armée idéologique d'Iran a également été tué dans la même frappe. Sa mort "ne restera pas sans réponse", a promis Téhéran. Une énième promesse sans doute sans suite, du moins sérieuses, comme toutes les autres promesses de représailles.

Selon Israël, la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah ont été tués ces derniers mois.

A la tête du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, 64 ans, était un homme de religion qui faisait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses partisans, notamment au sein de la communauté musulmane chiite dont il est issu. Depuis des années, il vivait dans la clandestinité et apparaissait rarement en public.

Son cousin Hachem Safieddine, figure éminente du Hezbollah, apparaît comme un successeur potentiel.

Téhéran a demandé samedi soir une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU "pour stopper l'agression israélienne et empêcher d'entraîner la région dans une guerre totale".

Le pape François a appelé à un cessez-le-feu immédiat au Liban "martyrisé".

Un million de déplacés 

L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir encore "attaqué des dizaines de cibles" du Hezbollah, qui seraient des sites de lancement de roquettes, des installations militaires et des dépôts d'armes.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état dimanche d'au moins six morts dans le bombardement d'une maison dans la région de Hermel (nord-est), ainsi que de "violents raids" sur la ville de Baalbek (est) et ses environs.

Selon le Premier ministre libanais, Najib Mikati, près d'un million de personnes pourraient avoir été déplacées par les bombardements israéliens, le plus grand déplacement de population de l'histoire du pays.

"Je n'ai même pas pris de vêtements, je n'aurais jamais pensé que nous partirions ainsi, pour nous retrouver soudain dans la rue", a confié à l'AFP Rihab Naseef, 56 ans, habitante du sud de Beyrouth.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé une opération d'urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes affectées par les violences au Liban.

Financé et armé par l'Iran, le Hezbollah a été créé en 1982 à l'initiative des Gardiens de la Révolution.

Malgré les coups incessants portés par Israël, le mouvement a annoncé samedi avoir tiré des roquettes contre le nord d'Israël, la plupart interceptées.

Dimanche, l'armée israélienne a rapporté qu'environ huit projectiles tirés depuis le Liban, étaient tombés dans des zones dégagées aux abords de Tibériade, dans le nord d'Israël.

Elle a ajouté par ailleurs avoir intercepté, une "cible aérienne" en provenance de la mer Rouge, où les rebelles houthis pro-iraniens ont revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques contre Israël.

"Défaite totale"? 

L'attaque contre Nasrallah "était très sophistiquée". Elle "démontre (...) aussi à quel point Israël a infiltré le Hezbollah", décrypte James Dorsey, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour. Mais il est certain que Tel Aviv est activement soutenu dans son renseignement et ses opérations de représailles par les services occidentaux et particulièrement tout l’arsenal des Etats Unis qui ont auparavant de cette opération déplacé encore une nouvelle leur porte-avions dans la région. 

"Soit nous assistons à une réaction sans précédent du Hezbollah (...) Soit à sa défaite totale", estime de son côté Heiko Wimmen, spécialiste de la région à International Crisis Group (ICG).

Après un an d'échanges de tirs sporadiques par-dessus la frontière, Israël a lancé il y a près d'une semaine une campagne majeure de bombardements contre le mouvement chiite au Liban.

Israël prétend agir pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire et permettre ainsi le retour de dizaines de milliers d'habitants contraints à la fuite.

Dans le même temps, elle poursuit sans répit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza où au moins six personnes ont été tuées dans des frappes à Gaza-ville, Jabalia (nord) et Nousseirat (centre), selon la Défense civile dans le territoire palestinien assiégé.

Au moins 41.595 Palestiniens ont été tués dans la guerre d’extermination des Palestiniens par l’armée militaire israélienne, en majorité des civils, dont plus de 32.000 enfants et femmes. (Quid avec AFP)

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