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Cette douce France où les policiers sont bien mieux équipés que les infirmiers
Les problèmes, en France, se posent dorénavant en couleur. Entre blancs et noirs. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que ce qui se déroule aux USA finirait par contaminer la France. Il en fut ainsi de la cuisine.
Désormais réservée à une élite, la gastronomie française n’a-elle pas comme vis-à-vis la malbouffe, personnifiée par la Macdonalisation conquérante ? La France, black, blanc, beur, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle est tout au plus multiple. Un archipel écrira un analyste politique en vue. Elle risque de devenir duale. Et il est fort à craindre qu’elle ne finisse en un duel dévastateur.
Il n’en fallait pas plus pour que le spectre de George Flyod ressuscite le fantôme d’Adama Traoré, mort le 19 juillet 2016. Voici ce dernier érigé en figure totémique des violences policières. C’était prévisible et l’occasion n’a fait que raviver le larron. L’image de la banlieue est, de plus en plus, abimée dans l’opinion. A l’inverse, la figure autoritaire de la police est, de moins en moins, acceptée dans les banlieues. D’où ce face à face funeste qui concentre toutes les méprises. Dans les deux cas, américain et français, ce sont « des » et non pas « les » policiers qui sont à l’origine de plusieurs bavures qui s’achèvent, parfois, tragiquement par un trépas. Peu importe que la victime soit patibulaire ou pas. En France, la peine de mort est abolie depuis 1981. Et si elle existe toujours dans plusieurs Etats américains, c’est la justice qui doit la prononcer, pas des policiers. Le sentiment d’injustice retrouve ici ses vertus inflammables. C’est le carburant de l’indignation.
Quant à la pandémie, elle a entre autres exacerbé les inégalités sociales aussi bien américaines que françaises. Tout le monde aura remarqué que les policiers, surtout américains, sont bien mieux équipés que les infirmiers qui ont eu à affronter le covid-19. Cela renseigne sur les priorités d’une société.