International
Israël affirmant viser des dépôts d'armes près de Beyrouth détruit 17 immeubles
Les décombres des bâtiments détruits sur le site de la frappe aérienne israélienne de la nuit dernière qui a visé le quartier de Laylaki dans la banlieue sud de Beyrouth, le 24 octobre 2024. (Photo par Anwar AMRO / AFP)
Israël prétend encore jeudi avoir visé des dépôts d'armes du Hezbollah dans les bombardements aériens massifs qui ont frappé la veille la banlieue sud de Beyrouth, dont. La majeure partie des victimes est civile, pendant que les combats font rage dans le sud du Liban.
L'aviation israélienne a mené au total 17 frappes, selon l'agence libanaise Ani, lors des bombardements les plus intenses sur la banlieue sud qui ont détruit six immeubles.
Poursuivant ses « efforts » visant à relancer les pourparlers sur un cessez-le-feu, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est arrivé jeudi au Qatar, le principal pays médiateur dans la guerre Israël contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.
Après Israël et l'Arabie saoudite, le secrétaire d'Etat poursuit sa onzième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre qui s'est propagée en septembre au Liban et s'est intensifiée ces derniers jours. Toujours avec les mêmes résultats : poursuite de la guerre génocidaire et plus d’armes américaines et, plus généralement occidentales, pour Israël
Une fois encore pour la forme, il avait mis en garde mercredi Israël contre le risque d'une escalade, au moment où l'Iran se dit prêt à riposter en cas d'attaque israélienne après le tir de 200 missiles iraniens vers Israël le 1er octobre, sachant bien que « ses mises en gardes » resteront lettres mortes.
"Eteindre le feu"
Jeudi, l'armée israélienne a prétendu avoir visé la veille près de Beyrouth "plusieurs dépôts et des ateliers de fabrication d'armes appartenant au Hezbollah", dans des sites installés "en dessous et à l'intérieur de bâtiments civils dans le cœur de zones peuplées".
Des images de l'AFP ont montré une énorme explosion, suivie d'autres plus petites.
L'Ani a fait état d'une nouvelle série d'attaques israéliennes dans le sud du Liban, notamment dans les régions de Tyr et Bint Jbeil, d'une frappe de drone sur une voiture sur l'autoroute Beyrouth-Damas à l'est de la capitale libanaise et de combats dans deux villages frontaliers, Aïta al-Chaab et Ramia.
"Des hélicoptères ennemis ont atterri sur place à cinq reprises" pour évacuer les victimes, a précisé l'agence.
Tsahal a annoncé avoir frappé depuis la veille "plus de 160 cibles" du Hezbollah, qui a de son côté affirmé affronter "à bout portant" les soldats israéliens à Aïta al-Chaab, "avec des armes automatiques et des missiles".
Le mouvement chiite a aussi revendiqué des tirs de roquettes sur une base militaire proche de Haïfa et sur Safed, dans le nord d'Israël.
L'armée libanaise a annoncé jeudi que trois de ses soldats avaient été tués par des tirs israéliens dans le sud du Liban, où Israël mène depuis le 30 septembre des opérations terrestres.
Après un an de guerre à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le cœur de ses opérations vers le Liban où elle mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes visant principalement le sud et l'est du pays ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
L'ONU a recensé quelque 800.000 déplacés.
Une conférence internationale s'est ouverte jeudi à Paris dans le but de réunir 500 millions d'euros pour les déplacés dans ce pays plongé dans le chaos, déjà paralysé avant la guerre par une double crise économique et politique.
La France a annoncé qu'elle allait débloquer 100 millions d'euros et l'Allemagne 96 millions d'euros.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a appelé la communauté internationale à "soutenir les efforts" pour mettre fin à la guerre.
Devant les dirigeants des pays des Brics réunis en Russie, le président chinois, Xi Jinping, a appelé à faire pression "pour un cessez-le-feu à Gaza" et "arrêter la propagation de la guerre au Liban".
Le Moyen-Orient est "au bord d'une guerre totale", a averti le président russe, Vladimir Poutine, tandis que son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, a déploré l'inefficacité de l'ONU à "éteindre le feu".
"Un autre hiver en guerre"
Dans le nord de la bande de Gaza, Israël mène depuis le 6 octobre une nouvelle offensive contre le Hamas, qui a poussé à fuir des dizaines de milliers d'habitants tandis que d'autres restent pris au piège.
M. Blinken a appelé cette semaine Israël à mettre fin à la guerre en "tirant parti" de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué le 16 octobre par des soldats israéliens.
Israël avait promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, après l'attaque sans précédent menée sur son sol le 7 octobre 2023.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
L'offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a tué au moins 42.847 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
La guerre a provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé par Israël, qui se préparent à vivre un deuxième hiver soumis à des pénuries de plus en plus sévères.
"Nous ne nous attendions pas à vivre un autre hiver en guerre", a confié à l'AFP Salah Abou al-Jabeen, une femme de 32 ans installée dans un camp surpeuplé de Nousseirat, dans le centre du territoire.
"Nous devons remplacer les toiles de tente parce qu'elles se sont abîmées à cause du soleil cet été", "nous avons aussi besoin de couvertures et de vêtements", a-t-elle ajouté.