International
L'Ukraine et les Etats-Unis discutent d'un cessez-le-feu partiel avec la Russie

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (d) saluant le président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais royal de Jeddah, le 10 mars 2025. L'Ukraine devait présentera aux États-Unis le 11 mars un plan de cessez-le-feu partiel avec la Russie, dans l'espoir de rétablir le soutien de son principal bienfaiteur. (Photo par SAUDI PRESS AGENCY / AFP)
L'Ukraine et les Etats-Unis ont entamé des discussions mardi en Arabie saoudite, avec une proposition ukrainienne de cessez-le-feu partiel avec la Russie sur la table, quelques heures après une attaque massive de drones visant notamment la région de Moscou.
Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, participent à cette réunion à Jeddah, ville au bord de la mer Rouge. Elle intervient à un moment où le président américain, Donald Trump, a accentué la pression sur l'Ukraine pour mettre fin à la guerre qui a débuté avec l'invasion russe du pays en février 2022.
"Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix", a déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, à des journalistes en entrant dans la salle des négociations, ajoutant que la réunion avait débuté "de façon très constructive".
Mais au moment où l'Ukraine espère retrouver le soutien de Washington après le récent cataclysme dans leurs relations, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir détruit 337 drones aériens ukrainiens, dont 91 dans les environs de la capitale russe, qui n'a que très exceptionnellement été frappée directement depuis le début il y a un peu plus de trois ans de l'offensive russe à grande échelle en Ukraine.
L'attaque a fait trois morts selon les autorités municipales, le Kremlin accusant Kiev de frapper "des infrastructures sociales, des immeubles d'habitation".
Interrogé pour savoir si cette attaque visait à perturber d'éventuels pourparlers de paix, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu: "Les Américains (...) essaient encore de comprendre dans quelle mesure l'Ukraine est prête pour des pourparlers de paix. Il n'y a pas encore de négociations, il n'y a donc rien à perturber", a-t-il affirmé.
Les négociateurs ukrainiens sont arrivés à Jeddah avec une proposition, avait indiqué lundi un haut responsable ukrainien sous couvert d'anonymat: une "trêve dans les airs" et "en mer" avec Moscou. "Ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller et il est possible de commencer par elles", avait-il ajouté.
Il s'agit des premiers à ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale avec Donald Trump et son vice-président dans le Bureau ovale, devant la presse et le monde entier.
Washington a, depuis, suspendu son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements, conséquence fracassante de la transformation des relations entre les Etats-Unis et l'Ukraine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
"Concession"
Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d'être un "dictateur" ou de n'être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s'être apaisé.
Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.
- Zelensky est arrivé lundi à Jeddah pour rencontrer les dirigeants saoudiens mais a laissé à trois de ses hauts responsables le soin de participer aux pourparlers.
Arrivé lui aussi lundi dans la ville saoudienne, M. Rubio a dit avoir bon espoir que la suspension de l'aide militaire américaine à Kiev soit résolue.
Il a aussi jugé prometteuse l'idée d'un cessez-le-feu partiel, "le genre de concession nécessaire pour mettre fin au conflit", avait-t-il dit à des journalistes peu avant son arrivée à Jeddah.
- Rubio a dit ne pas s'attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens "en train de dessiner des lignes sur une carte" en vue d'un accord final, et ajouté qu'il rapporterait les idées discutées à la Russie.
Kiev à la peine sur le front
Une éventuelle rencontre entre MM. Zelensky et Rubio n'a pas été annoncée.
Allié historique des Etats-Unis, Ryad consolide son influence internationale avec cette rencontre.
Après avoir été reçu par le prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, Volodymyr Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière "absolument constructive", estimant que le royaume apportait "une plateforme très importante pour la diplomatie".
Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur "une possible médiation de l'Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d'enfants déportés", ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.
Les pourparlers ont lieu à l'heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le weekend, la Russie a revendiqué d'importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.
Un haut responsable ukrainien a prévenu lundi à l'AFP qu'un gel prolongé du partage des renseignements américains donnerait "un avantage significatif" à la Russie sur le champ de bataille. (AFP)