La grève de la faim, l’ultime recours des détenus arrêtés après les affrontements de Ghardaïa

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Plusieurs détenus arrêtés après les affrontements meurtriers ayant endeuillé en juillet 2015 la ville algérienne de Ghardaïa (600 km au sud d’Alger), observent une grève de la faim illimitée pour réclamer leur libération, a déclaré leur avocat.

Cinq détenus  qui se trouvent à la prison d’El Menia arrêtés dans le cadre de ces violences ont commencé, lundi 30 janvier, une grève de la faim illimitée pour dénoncer leur emprisonnement et pour apporter « leur soutien au militant des droits de l’Homme Kamel Eddine Fekhar », lui aussi en grève de la faim depuis le 3 janvier dernier.

En détention sans jugement depuis son arrestation dans la foulée de ces événements, l’ex-responsable du bureau de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), Kamel Eddine Fekhar est, entre autres, accusé de « constitution d’association de malfaiteurs pour atteinte à la souveraineté de l’État, à l’unité nationale, à la sûreté de l’État, d’attroupement armé et non armé et d’incitation au meurtre ». « Il risque au moins vingt ans de prison, voire la perpétuité », avait expliqué son avocat.

Observant une grève de la faim depuis presque un mois, qui a nécessité son transfert à l'hôpital suite à la détérioration de son état de santé, il risque de connaître le même sort que le journaliste Mohamed Tamalt, décédé en décembre dernier dans les mêmes conditions, après plusieurs jours de grève de la faim pour dénoncer sa détention arbitraire.

Echaudée par le scandale de la mort tragique du journaliste blogueur qui avait ému et consterné l’opinion nationale et internationale face à ce qui avait été qualifié de "meurtre avec préméditation" pour n’avoir pas prêté l’assistance médicale nécessaire à un malade chronique, l’administration pénitentiaire a appelé récemment les avocats et la famille Fekhar à le convaincre de cesser sa grève de la faim pour éviter l’irréparable.

Dans un geste de solidarité collective qui s’est enclenché dans la région, des femmes mozabites se sont mises à leur tour à la diète la semaine dernière. Ce mouvement contestataire risque de faire tache d’huile et dépasser les pouvoirs publics qui peineront à gérer un phénomène de grève de la faim de masse avec toutes les conséquences à l’international sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, déjà sévèrement pointée du doigt dans les rapports des ONG.

Pour rappel, la famille Fekhar a fait appel au  SG de l’ONU, en mars dernier, dans l’espoir de le voir intercéder auprès du gouvernement algérien pour obtenir la libération de leur fils arrêté « arbitrairement », au lendemain des affrontements intercommunautaires d’une rare violence entre Arabes et Amazighs, faisant au moins 22 morts et des dizaines de blessés.

 

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