Les dernières frappes au Yémen samedi, attribuées à l'Arabie saoudite, et qui ont fait plus de 140 morts ont mis dans l’embarras pour plusieurs raisons. Explications.

Si le raid qui a frappé samedi dernier une cérémonie funéraire risquent de gêner les Américains quant à leur attitude envers les Russes pour leur intervention en Syrie, il y a surtout la menace de se voir impliqué légalement dans des crimes de guerre au Yémen.

L’agence de presse Reuters a eu connaissance de documents de témoignages d’une douzaine d’anciens proches du gouvernement et du département d’Etat. Selon ses documents, le risque que les Etats Unis soient impliqué de manière légale dans des crimes de guerre au Yémen est assez probable.

Les documents consultés par Reuters révèlent que de mi-mai 2015 à février 2016, le département d’Etat américain a relu et approuvé des contrats d’armement en faveur de l’Arabie saoudite d’une valeur totale de 22,2 milliards de dollars (20,2 milliards d’euros). Ces ventes d’armes étaient, pour la plupart, destinées spécifiquement au soutien de l’engagement militaire au Yémen, à l’exemple d’une vente de munitions d’une valeur de 1,3 milliard de dollars en novembre 2015.

L’intervention militaire saoudienne lancée en 2015 avait visé de contrer la rébellion houthie et de replacer au pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé par les rebelles. Le conflit a fait au moins 10 000 morts et trois millions de déplacés, selon les Nations unies (ONU).

Les mêmes documents et témoignages de responsables américains confirment la complicité de Washington, en relevant que le département d’Etat savait et a fait également état en privé, de l’incapacité des militaires saoudiens à viser les militants houthis sans faire de victimes civiles ni détruire des « infrastructures essentielles ».

Cela étant, le fait que Washington ait dénoncé le bain de sang de samedi dernier à Sanaa, ne changerait rien à son implication.