Les talibans gagnent du terrain dans le Panchir, Washington évoque les prémices d'une guerre civile (Vidéo)

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Des militants de la résistance anti-talibans dans la vallé du Panchir le 1er septembre 2021

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Les talibans ont affirmé dimanche avoir gagné du terrain dans la vallée du Panchir, dernier gros foyer de résistance armée aux nouveaux maîtres de l'Afghanistan, où les conditions d'une guerre civile pourraient bientôt être réunies, selon Washington.

Depuis le 30 août et le départ des dernières troupes américaines du pays, les forces du mouvement islamiste ont lancé une série d'offensives contre cette vallée enclavée et difficile d'accès, située à 80 km au nord de Kaboul.

Vidéo 

À Kaboul, les talibans repeignent des murs, remplaçant des fresques colorées par des inscriptions islamistes et des citations de dirigeants talibans, pour célébrer le retrait des troupes américaines.

Bastion antitaliban de longue date, la zone, que le légendaire commandant Ahmed Shah Massoud a contribué à rendre célèbre à la fin des années 1990 avant d'être assassiné par Al-Qaïda en 2001, abrite aujourd'hui le Front national de résistance (FNR).

Emmené par Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, le FNR comprend des membres de milices locales ainsi que d'anciens membres des forces de sécurité afghanes qui sont arrivés dans la vallée lorsque le reste de l'Afghanistan est tombé.

Selon l'ONG italienne Emergency, présente dans le Panchir, les forces talibanes ont atteint vendredi soir Anabah, un village situé à environ 25 km à l'intérieur de la vallée, longue de 115 kilomètres.

"De nombreuses personnes se sont enfuies des villages de la zone ces derniers jours", a ajouté dans un communiqué l'ONG, précisant avoir reçu "un petit nombre de blessés au centre chirurgical d'Anabah".

Un responsable taliban a affirmé sur Twitter que plusieurs parties du Panchir étaient désormais sous contrôle des forces du régime. Côté résistance, Ali Maisam Nazary, porte-parole du FNR, a assuré sur Facebook que la résistance "n'échouerait jamais".

"Reconstitution d'Al-Qaïda"

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La vallée du Panchir

Des propos qui tranchent avec ceux, plus sombres, tenus par l'ancien vice-président Amrullah Saleh, qui depuis le Panchir a fait état d'une "crise humanitaire à grande échelle", avec des milliers de déplacés suite "à l'assaut taliban".

Les communications sont très difficiles avec la vallée du Panchir et l'AFP n'était pas en mesure de confirmer de source indépendante ces informations ni l'avancée réelle des talibans.

Face à cette situation chaotique, le chef d'état-major de l'armée américaine, le général Mark Milley, a estimé que "les conditions d'une guerre civile" étaient "susceptibles d'être réunies" en Afghanistan. 

"Je pense qu'il y a au moins une très forte probabilité d'une guerre civile" qui pourrait conduire "à une reconstitution d'Al-Qaïda ou à un renforcement d'ISIS (le groupe Etat islamique, ndlr) ou d'autres groupes terroristes", a-t-il souligné dans une interview à la chaîne américaine Fox News diffusée samedi.

Dans un rapport remis ce week-end au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui appelé à la "fin immédiate de la violence" et exhorté toutes les parties "à la retenue". 

Sur le plan politique, le visage du nouvel exécutif taliban, initialement pressenti pour être dévoilé dès vendredi, se faisait toujours attendre dimanche.

De retour au pouvoir vingt ans après en avoir été chassé par une coalition emmenée par les Etats-Unis, les talibans sont attendus au tournant par la communauté internationale qui a prévenu qu'elle jugerait le mouvement islamiste sur ses actes.

Le mouvement fondé par le mollah Omar a promis depuis sa prise de contrôle de Kaboul le 15 août la mise en place d'un gouvernement "inclusif" et s'est engagé à respecter les droits des femmes, bafoués lors de son premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. 

Ses promesses peinent à convaincre. Samedi, pour la deuxième journée consécutive, des dizaines de femmes ont battu le pavé à Kaboul pour demander le respect de leurs droits et leur participation au futur gouvernement. 

A la veille de la réouverture des universités privées du pays, les talibans ont en outre précisé dans un décret que les étudiantes de ces établissements seraient tenues de porter une abaya noire, assortie d'un niqab leur couvrant le le visage, et confirmé que l'enseignement leur serait délivré, dans la mesure du possible, dans des classes non mixtes. 

A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a de son côté appelé dimanche au dialogue avec les talibans afin de poursuivre les évacuations des "gens qui ont travaillé pour l'Allemagne" et pouvoir "les mettre en sécurité".